Quels sont les podcasts les plus inspirants (Joe Rogan, Tim Ferriss…)
On commence cette belle conversation avec quelques podcasts qui nous inspirent Martin et moi. Pour Martin, ce sont les deux podcast The Joe Rogan Experience et The Tim Ferriss Show, qui sont justement ceux qui m’ont servi d’inspiration pour créer ce podcast. Je souhaite également présenter et décortiquer les habitudes des mouvers tout en offrant un espace de liberté d’expression pour présenter les idées qu’on entend peu, certaines, extrêmes, certaines, contradictoires. Cela permet de développer sa flexibilité intellectuelle !
Alimentation : Pourquoi est-ce important d’expérimenter par soi-même ?
Écouter ces podcasts, c’est aussi avoir la possibilité d’apprécier l’aspect multidimensionnel de leurs hôtes. Martin nous raconte comment Joe Rogan, d’abord récalcitrant au régime carnivore lors d’une première interview, a décidé de s’y essayer plus tard suite à une interview avec le Dr Paul Saladino. Une belle manière de montrer qu’on a le droit de penser quelque chose, puis de changer d’avis !
Pour Martin, les gens n’expérimentent rien mais ont un avis sur tout. Mais pourquoi parler beaucoup si c’est pour ne pas faire grand-chose ? C’est ainsi que l’on apprend ce qui est réellement bon pour nous.
Comme moi, David Siegl a expérimenté plusieurs régimes alimentaires, passant du végétarisme au carnivorisme. Il nous explique avoir changé sa diète simplement en observant ses effets sur son corps et son esprit et non pas en suivant aveuglément les conseils d’autrui. Notre corps est le meilleur indicateur pour trouver le bon régime alimentaire.
Pourquoi il ne faut pas avoir peur du changement (carrière, sport, alimentation…) ?
“Parfois, on a tendance à rester dans une voie du milieu molle”. C’est en tout cas l’avis de Martin qui souligne le manque de prise de risques de certaines personnes pour expérimenter un chemin différent.
Alors faudrait-il aller vers les extrêmes, comme le voudrait la loi de l’hormèse ? Pierre Dufraisse nous disait que chercher constamment l’équilibre n’était pas adéquat pour un corps constamment en mouvement : il fallait chercher l’adaptabilité. Mais l’adaptabilité se développe en alternant stress et phase d’intégration comme nous l’explique en détail David Tan.
Martin le voit de cette façon: “Si tu veux vraiment te faire un avis sur quelque chose, si tu n’y vas pas à fond, tu ne peux pas vraiment savoir”
Cela s’applique à tous les domaines, même professionnels. Pour lui, on n’a ni à vivre une vie basée sur des choix qu’on a fait à 20 ans, ni à trop papillonner sans buts. Il faut se trouver des objectifs et aller en profondeur explorer ce chemin pour voir ce qu’on en retire.
Je ne peux m’empêcher de mettre de la nuance : chacun crée sa réalité, peut-être que changer de chemin de vie très souvent peut générer le sentiment que la personne n’est pas fiable, mais peut-être qu’elle cherche simplement à expérimenter et s’ouvrir l’esprit ?
Quel a été le parcours de vie de Martin (Arts Martiaux, Mexique…)
Martin s’est construit pendant son adolescence au travers de la pratique des arts martiaux, notamment du karaté kenpo.
Une autre expérience formatrice a été son voyage au Mexique de plusieurs mois à la fin de ses études, où il a accumulé les petits boulots, de serveur à figurant dans une télénovela, en passant par vendeur de magazines pour les salons de coiffure… Il nous parle de la barrière de la langue et des moyens de la dépasser. “Mon meilleur professeur a été la tequila !”
Voyages : Vivre sur place comme un expatrié ou comme un local
Son travail de vendeur de magazine lui a permis d’écumer la ville de Mexico City et d’avoir une vision de la ville comme un local pourrait l’avoir. Il sent qu’il a eu une vraie expérience de la ville.
J’ai eu une expérience similaire à Tokyo, où j’ai vécu trois ans et ai pu développer de vraies habitudes locales. Mon séjour à Bali, en revanche, a été vécu comme un expatrié. Il y a une différence entre ce que l’on expérimente, voit et sait quand on vit sur place depuis longtemps ou non.
Il arrive que, parfois, on n’ait pas forcément l’envie d’aller plus loin dans la connaissance de la culture. Même : sommes-nous obligés de nous adapter à toutes les cultures du monde ?
J’ai invité certains mouvers qui vivent à l’étranger pour des épisodes spéciaux afin qu’ils nous livrent leur vision de leur pays d’accueil d’une manière qu’un touriste ne pourrait pas avoir. Je partage donc avec Pierre nos expériences respectives du Japon, Nicolas Ravenelle nous raconte la vie en Thaïlande, et Thibault Marino nous emmène en Amérique latine, au Brésil ! De belles opportunités pour révéler des aspects méconnus de ces grands pays.
Comment Martin a rejoint l’école spéciale militaire de Saint-Cyr?
Après le Mexique, Martin s’est engagé dans l’armée et est allé à St Cyr, l’école d’officiers de l’armée de terre.
Il n’y a passé qu’un peu plus d’un an mais y a tiré de belles choses.
Durant ses 4 mois à St Cyr, il a appris ce qui relevait du tir, de la tactique, de la lecture d’une carte, du commandement… avant d’intégrer un régime choisi, dans son cas l’ infanterie (le combat à pied).
Comment s’engager dans la Légion Étrangère et devenir plus discipliné?
Son objectif final, c’était la Légion étrangère. C’est un des corps d’armée un peu à part des autres, et la seule qui accepte des soldats étrangers.
Sa caractéristique multinationale a provoqué la nécessité de rendre la discipline plus dure pour faire agglomérer des gens qui viennent de cultures différentes. Mais pour Martin, y être s’est révélé riche en culture et en expérience !
Cette “ultra discipline” sert à créer des professionnels, des militaires de haut niveau, et les aide à devenir la meilleure version d’eux-mêmes.
Martin fait le lien avec le podcast du Précepteur que nous avait présenté Nicolas De Paoli (EP.23) qui nous dit que l’autodiscipline vient de la contrainte physique.
Il existe un cadre dans l’armée, où on est contraint de faire des choses qu’on ne ferait peut-être pas si on n’était pas obligé de les faire. Mais on peut trouver de l’amusement et faire le choix de se réjouir de certains exercices.
Par extension, l’exemplarité du chef est importante. Malgré la discipline structurelle, il faut gagner le respect en tant que chef. C’est même une responsabilité !
Ces notions de discipline et d’exemplarité, nous les explorons avec Julien Lepage de Purple Belt Kitchen, avec son expérience de Jiu-Jitsu Brésilien, son expérience dans l’armée également, et son expérience de père de famille.
Nous abordons la problématique du nivellement par le bas actuel et de la tendance à trop s’adapter au plus faible (selon la morale de l’esclave de Nietzsche) alors qu’on pourrait s’élever en prenant conscience qu’il y a toujours meilleur que soi. En ce sens, l’armée, comme les arts martiaux, sont une belle école de vie pour prendre conscience de ces choses !
Quelles sont les limites de la discipline ?
La discipline doit se faire graduellement. Il ne faut pas être extrême dès le début, mais plutôt renforcer la croyance qu’on est capable de faire les choses autrement.
Quand on veut apprendre à faire des pompes, on ne les commence pas à une main. On commence sur les genoux !
L’important est qu’il n’y ait pas de négociations. Myke Tyson disait “la discipline c’est faire quelque chose qu’on n’aime pas comme si on aimait le faire”. Pour tout le monde , même les athlètes, c’est difficile ! Il s’agit de bloquer le cerveau et ses négociations, et d’y aller.
Comment Martin nous le dit justement “Penser aux choses qu’on ne veut pas faire prend plus de temps que de les faire.” Il faut faire les choses pour se sentir avancer!
Mais la discipline doit aller de pair avec la conscience corporelle : ceux qui ne connaissent pas les signaux de leurs corps peuvent se blesser s’ils ne savent pas reconnaître qu’ils ont besoin de repos. Pour Martin, l’idée est d’apprendre à s’entraîner à différente intensité : s’entraîner toujours, mais s’autoriser à quelque chose de léger et s’adapter à son niveau de fatigue !
Mehdi Jaouadi, athlète de MMA, a ce rapport tout particulier avec la blessure et la manière dont elle impacte sa pratique et nous parle justement de l’importance d’être conscient de son corps : il est facile de l’ignorer quand il sait pourtant exactement ce dont nous avons besoin!
Pourquoi les blessures font partie de la pratique sportive ?
Ce sont ses blessures à répétition qui lui ont fait réaliser qu’il y avait un problème dans sa manière de s’entraîner. Qu’il y allait trop intensément. Mais quel est l’intérêt de forcer tout le temps ?
Selon les objectifs de chacun, les blessures peuvent même empêcher notre progression. La question à se poser est “Où est-ce que je veux arriver ?” Ensuite, il faut tester des rythmes, bien se préparer avant l’entraînement, prendre le risque de changer son attitude et éventuellement réduire la charge d’entraînement, bref, se reconcentrer sur le plus important.
Et quand on enseigne, comment aider les gens ? Est-ce que la sagesse de l’entraînement vient avec la blessure ?
La vérité est que tant qu’ils ne l’ont pas expérimenté dans leur chair, les gens ne peuvent pas totalement comprendre le processus. Il faut peut-être vivre cette épreuve pour l’intégrer et savoir prendre soin de soi parce qu’on sait désormais où se trouve la limite !
“La blessure fait partie de la pratique”.
Le “zéro blessure” est impossible. On peut réduire le risque, mais pas l’enlever. S’il n’y a pas un risque, y a-t-il vraiment un intérêt ?
Il faut arrêter de toujours faire attention : parfois, il est nécessaire de s’endommager pour se renforcer.
Pour aller plus loin dans le thème de la blessure et de la réhabilitation, Agathe Philbe nous parle en détail de son parcours post-accident, de son rapport à la souffrance et de la nouvelle relation avec son corps.
Qui est Ido Portal et comment a-t-il créé une culture du mouvement ?
Martin a découvert Ido Portal quand il a quitté la Légion étrangère et qu’il a commencé à travailler dans le civil.
Pour l’histoire, capoeiriste à la base, Ido Portal s’est distingué pour avoir essayé de trouver une vision plus globale du mouvement. Il a écumé le monde pour rencontrer différents maîtres dans leurs domaines (acrobaties, arts martiaux, gymnastique…), mais s’ils étaient tous spécialistes dans leur domaine, aucun n’avait fait de liens entre toutes les disciplines. C’est donc la tâche qu’il s’est donné.
Pour en savoir plus, tu peux visionner des interviews d’Ido pour comprendre son approche d’une pratique physique libre qui utilise des outils de chaque discipline.
Dans son approche de la méthode, Martin nous parle du travail de contraction / relâchement, du travail de vitesse, facile à transférer dans les sports de combat. Il parle des concepts de persévérance et de répétition pour être réellement efficace dans un mouvement.
Il donne aussi l’exemple de la locomotion qui nécessite un développement de force préalable très important. C’est la raison pour laquelle dans mon enseignement de la locomotion au travers des retraites, des stages et des formations en ligne, je structure toujours mon enseignement avec un module de mobilité articulaire, un module de conditionnement physique et ensuite un module pour apprendre les différents mouvements et marches animales.
Tu peux découvrir le contenu des formations à la locomotion:
FLOORWORK DÉBUTANTS, pour apprendre tes premiers flow de mouvement au sol à la façon Ido Portal
LOCOMOTION ANIMALE, pour apprendre tes marches du lézard, marches du chat, marche du canard… et combiner ces formes de corps pour développer un corps plus fort, plus résilient, plus coordonné
Est-ce que les cours de mouvement sont adaptés à tout le monde ?
Cela dépend de ce qu’on recherche dans la pratique et de la manière dont elle est enseignée.
Dans son enseignement à lui, Martin découpe ses cours entre force, mobilité et acrobatie sur les mains car il y a des bases à travailler indispensables.
Certains élèves vont aller dans un cours de mouvement pour faire un peu de tout : c’est ok, tant que leur objectif n’est pas d’accomplir des mouvements impressionnants.
“Il faut avoir des objectifs en accord avec les efforts qu’on peut fournir !”
Pourquoi est-il important de développer la force et de devenir plus fort physiquement ?
Une transcription a été faite ici de ce passage où nous émettons des critiques sur l’application de la méthode d’Ido Portal par certains de ses élèves et nos raisons qui nous ont fait cesser de nous revendiquer d’Ido Portal.
Martin y parle de l’importance de la force pour pouvoir faire des choses qui nous sont utiles, tant dans les mouvements que dans la vie quotidienne. Pour Nicolas De Paoli, la force, associée à la masse musculaire sur de grandes amplitudes, est la clé pour se créer un corps solide et capable de tout faire !
Nous évoquons aussi la manière de cultiver la simplicité dans sa pratique physique : il faut aller vers ce qu’on a envie d’aller chercher. On n’est pas obligé d’atteindre la sagesse dès le début de notre pratique : vouloir du fun et de la bagarre, c’est bien aussi. Vouloir sculpter son corps à la manière d’un bodybuilder n’a rien de mal non plus si c’est assumé honnêtement !
“Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais ?”
Nous abordons aussi l’importance du jeu : le temps de la pratique sportive, c’est du temps pour soi dont il faut en profiter. “It doesn’t have to be fun to be fun”, ça n’a pas à être amusant pour être amusant ! Ne quittons jamais le terrain de jeu, n’arrêtons jamais de jouer, c’est là la vraie approche !
Quels sont les futurs projets de Martin ?
En partenariat avec l’association Viacti, qui a pour mission de rendre le sport accessible à tout le monde (précaires, handis, etc), Martin travaille pour développer son espace physique à Paris où il enseigne le mouvement.
Pourquoi est-ce important de développer la force pour toutes les femmes?
L’un des objectifs de Martin est d’avoir plus de femmes dans ses cours et de leur donner goût au travail de la force – c’est d’ailleurs un sujet cher au cœur d’Elosaurus qui ne saurait plus insister sur son importance !
La force est comme une boîte à outil, voire même “La force c’est de l’argent sur ton compte en banque”. Elle permet de varier ses possibilités physiques, d’augmenter son estime de soi, de se protéger… mais il existe une réelle peur de “gonfler”, de sembler moins féminine, qui peut freiner beaucoup de femme. David Manise aborde ce même sujet et rassure: “La force ne dépend pas du volume des muscles”. Quant à Martin, il a son avis sur la question : “La féminité c’est une plus attitude qu’un tour de bras.”
Pour ma part, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter en voyant l’état des poignets des femmes et sur ce que ça en dit sur leur force de traction. Le poignet est une partie à renforcer par des exercices de grip, de travail au sol…
Les mains sont censées être un outil : le manque de corne sur les mains est parlant, on ne fait rien avec. “La corne, c’est un plus. Ça protège !”
Il est nécessaire d’évoluer avec son environnement sans trop s’en protéger : on n’est pas né avec des chaussures !
Jérémie Fiset nous livre trois clés de longévité parmi lesquelles se trouvent le développement de la poigne, le soin de nos mains mais aussi de nos pieds ! Il nous invite à réapprendre à utiliser notre corps de la façon la plus naturelle, sans intermédiaire !
C’est en lien avec le concept du karaté kemposhinkai dont Martin nous parle et qui se fait sans gants. Cela fait qu’on doit frapper d’une façon différente pour ne pas se blesser la main. Il est possible d’enlever les intermédiaires et les objets pour bien faire évoluer son corps !