“Beginner’s Mind” : Comment accepter de rester l’éternel débutant, sans cesse dans un processus d’apprentissage ?

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J’ai pu échanger avec mon ami Sylvain Noury (Amplitude Mouvement Bordeaux), dans le 46 ème épisode du Mouver Podcast autour de cette question :

“ Comment accepter de rester l’éternel débutant, sans cesse dans un processus d’apprentissage ? ”

Très bonne lecture à toi mon Mouver !

Comment penser en “Beginner’s mindset” ou en “Shoshin” ?

SLIM : Ce que j’aime bien, c’est que tu fais le parallèle avec cette idée, que la connaissance est aussi un moyen, peut-être, de gagner en confiance en soi, de soustraire cette peur que les choses sont difficiles et inaccessibles…

Pour ma part, c’est quelque chose qui me parle beaucoup parce que c’est toujours de cette façon que j’ai observé mon évolution,

Pas dans le sens de faire une course à la connaissance, mais davantage dans le sens, où, plus je comprenais quelque chose en profondeur et plus je me sentais bien, en accord avec moi-même !

Et c’est quelque chose que j’ai toujours essayé de promouvoir, même quand je faisais des compétitions de sports de combat !

Je regardais par exemple, beaucoup de vidéos de boxe et ça m’aidait réellement dans ma pratique car je n’étais pas seulement dans la démarche de consommer du contenu,

Il y avait une vraie analyse derrière, je gagnais en perles de sagesse et en compréhension de ma pratique !

C’est précisément cela :

Comprendre ce que l’on fait et avoir son “ Pourquoi ? ” qui soit bien tracé !

Indéniablement, ça contribue à te faire gagner en confiance en toi, en estime de toi !

Ensuite, de manière plus partielle, ça te permet d’éviter davantage de tomber dans le piège de l’égo, de cette recherche vaine de validations extérieures…

C’est un point qui me semble essentiel !

Tu mentionnais cet effet, de gagner petit à petit en compétence, d’avancer tout doucement, d’accepter de ne pas être spécialiste dans tous les sports et pratiques physiques,

Ce qui me fait penser à une des approches découverte durant mes années de boxe, où j’étais combattant professionnel au Japon, avec cette idée du “Beginner’s mindset”,

Traduite par le terme “Shoshin” en japonais.

Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

Est-ce que c’est une philosophie qui te parle, cette idée d’être la “ceinture blanche permanente” ?

SYLVAIN : Oui, tout à fait, c’est très important d’avoir un état d’esprit de pratique et c’est ce qu’ils savent d’ailleurs très bien faire en Asie !

Ce qui est en revanche complètement déconnecté de nos pratiques en Europe, enfin, je vais plutôt parler de la France car je ne connais pas très bien les autres pays.

Accepter d’être débutant, accepter de commencer parfois au plus bas niveau, c’est déjà accepter de ne pas être un killer !

Je pense notamment aux personnes qui ont plus de 50, 60, 70 ans et qui veulent se remettre au sport, il va falloir qu’ils acquierrissent cette mentalité là.

Et accepter de ne pas être un killer, ça signifie que tu ne seras pas en train de te voir réussir quelque chose, là, tout de suite car tu es dans le processus, tu n’es pas dans le résultat,

C’est-à-dire que tu acceptes de ne pas être bon, tu seras donc disponible à écouter et à essayer les méthodes et les exercices que l’on va te proposer, pour mettre en place une démarche….

C’est le point de départ de ta démarche, si tu souhaites que celle-ci soit efficiente !

Si tu es déjà en train de te dire “Ouai, c’est bon…”, ça veut dire que là, tu n’es pas du tout dans ce que tu fais, tu n’es pas dans l’analyse de te dire :

“ Ok, là je n’y arrive pas, alors je vais trouver de l’aide auprès du coach, qui va pouvoir me guider ! ”

Car si tu te dis ça, tu acceptes simplement et humblement, de rentrer dans un processus…

Et normalement, si tu es réceptif et que tu as déjà vécu des processus d’apprentissage un peu similaires, tu sais comment ça va se passer et donc tu as confiance !

Tu sais que tu démarres d’un point A, mais que ça va évoluer, s’élever, alors certes, il y aura peut-être des paliers ou des plateaux mais tu as confiance !

Et c’est là que la notion d’essai ou d’erreur a une véritable importance…

Si tu n’essaies pas, tu vas vivre ta vie de façon imaginaire dans ton coin, en te disant :

“ Non, ça je ne sais pas faire, c’est un truc pour les fous…

Vous êtes tous talentueux et moi, non ! “

Non !

Il faut vivre l’expérience !

Il faut vivre l’échec pour pouvoir progresser et passer suffisamment de temps sur le processus, pour parvenir à la réussite, parce qu’il y aura forcément une réussite.

Tant que tu n’as pas vécu ça, tu ne peux pas l’intérioriser et faire le constat suivant :

“ Ok, avec la rétrospective, c’est vrai qu’il y a deux mois, j’étais vraiment une quiche, mais aujourd’hui, j’ai réussi les premières étapes et je constate véritablement que le processus est une progression et non une régression ! “

En effet, le processus, c’est déjà une progression !

Si tu as vécu ça, ne serait-ce qu’une fois, tu peux ensuite le transférer partout car tu reconnaîtras l’état mental dans lequel tu es, ton état par rapport à une exécution de tâches que tu ne maîtrises pas, car tu auras conscience de là où tu commences, donc tu pourras te dire :

“ Ok, il y a même cette notion de gros challenge ! “

Pour ma part, j’ai vraiment cette rage de maîtriser tout le temps ce que je fais parce que ça me passionne car je sais où j’en suis dans le processus, je sais que là, je suis une quiche mais ça me plaît tellement d’être là,

Parce que je me dis que tout ce qu’il y a au-dessus, je ne le connais pas encore et c’est précisément le fait d’être dans la découverte qui va être pour moi, un gros kiff de réussir à faire ce truc en particulier !

SLIM : C’est magnifique !

Il y a une vraie notion de jouissance en fait, il y a un plaisir dans l’attente de l’obtention du résultat, de vivre pleinement le processus !

Pourquoi est-il important de se donner des objectifs ambitieux ?

C’est marrant, hier justement, j’écoutais un épisode du podcast “Huberman Lab”, du Docteur Huberman, que tu connais peut-être,

Il parlait de cette idée que l’on associe souvent la notion de plaisir instantané avec le rush de dopamine et que beaucoup de personnes pensent que c’est ce qui nous rend accro, notamment aux réseaux sociaux etc.

Sauf qu’en fait, il y a eu de nombreuses et récentes études sur la dopamine, comme par exemple le test avec les deux rats dans deux cages séparées qui ont un levier pour faire venir la nourriture et les chercheurs mesurent alors la dopamine qui est produite,

Puis ils renouvellent ensuite le test, en retirant cette fois-ci, la dopamine, sur l’un des rats.

Ils ont alors constaté que les deux rats ont tout de même du plaisir quand ils mangent, mais que la Dopamine est en réalité produite, dans cette attente, c’est-à-dire dans ce “Build-up” et c’est exactement ce que tu relates :

S’ancrer dans le processus car c’est ça qui te donne de la dopamine et en fin de compte, la dopamine est plutôt la molécule de la motivation, plutôt que la molécule de la récompense !

C’est pourquoi, selon moi, il est très important d’avoir en permanence, des petits challenges, qui vont littéralement te permettre chimiquement, de produire de la dopamine, afin de ressentir de la joie et du plaisir !

Cet aspect n’est donc pas du tout à négliger, car indéniablement, tu auras une meilleure expérience de vie si tu te challenges, si tu oses te diriger vers des objectifs challengeant, vers tes passions, car c’est ce qui va libérer en toi cette hormone du bonheur, tout simplement !

SYLVAIN : C’est précisément le travail du coach et par conséquent de soi-même, car on se coache soi-même quand on s’entraîne tout seul !

On a vraiment la double casquette quand on se coache, la pratique et soi-même et précisément ici, ce qui est important, c’est de déterminer des objectifs qui paraissent inaccessibles,

Mais qui sont pourtant potentiellement accessibles, à moyen ou à long terme, en franchissant la pente, marche par marche, au lieu de monter tout droit car on établit en priorité, des petites étapes de progression !

Si par exemple, tu veux ton équilibre sur les mains et que tu commences juste bêtement à faire la posture sans l’analyser, que tu essaies juste de tenir sans mur comme ça et que tu te butes à faire une cinquantaine de répétitions chaque jour…

Non !

Il faut te construire des marches !

Pourquoi ?

Se construire des marches n’est pas une perte de temps, au contraire, ce sont les petites étapes qui vont te permettre, à un moment, d’atteindre le point haut !

Et si tu construis bien ta pratique, pour chaque étape de validée, ce sera déjà une grande victoire !

Alors que si tu restes dans la frustration d’atteindre ce point haut, que tu ne veux que ça, que le reste sur le chemin, tu t’en fous royalement, tu veux juste ton “Handstand” et voilà…

En général : ça ne marche pas !

Pourquoi ?

Tant hormonalement parlant, qu’au niveau du stimulus, tu te consumes et tu finiras juste blasé…

Il faut accepter qu’il y ait des étapes intermédiaires, de manière à ce qu’à chaque nouvelle étape d’atteinte, tu te nourrisses d’une nouvelle satisfaction et c’est ainsi que tu vas progresser !

SLIM :  Amen !

Et justement, comment pourrais-tu aider quelqu’un qui voudrait atteindre ces paliers intermédiaires et donc célébrer de petites victoires, à ne pas tomber dans le piège d’arrêter parce qu’il se dit : “ Là, c’est top, je n’ai pas besoin d’aller plus loin… “ ?

Selon moi, c’est typiquement le travers, dans lequel beaucoup de personnes tombent car elles pensent bien faire, en se disant :

“ Il ne faut pas que je sois satisfait, il ne faut pas que je me dise que c’est bien ! “

J’ai même eu l’exemple d’ailleurs récemment pendant un stage que j’organisais, où l’on sort de la matinée de cours et les élèves entre eux se posent des questions et un élève demande à un autre :

“ Alors, c’était comment ce matin ? “

L’autre élève lui répond alors :

“ C’était super, mais je ne suis pas au niveau, je ne suis pas encore là et il y a encore beaucoup de travail… “

Je suis alors intervenu sur ce point là et je lui ai dit :

“ Mais attends, pourquoi tu ne célèbres pas déjà ce que tu as fait ?

Tu t’es déplacé !

Tu viens déjà de pratiquer durant trois heures !

Ces exercices, tu ne les pratiques pas dans ton quotidien et là tu viens déjà de t’exercer durant trois heures !

Il y a pas mal d’exercices de mobilité, ok, tu n’as pas toute l’amplitude de mouvement, mais tu n’as rien à prouver…

Tu as quand même fait l’effort, tu as fait le travail, tu en as tiré des leçons, alors célèbre ça aujourd’hui, de manière à ce que demain, quand tu te réveilles, tu aies encore la motivation pour le faire ! “

Et justement, lui me disait que s’il faisait ça trop souvent, il craignait par la suite de ne pas pouvoir se remettre en selle !

Comment maintenir la posture de débutant tout en gardant discipline et motivation ?

Est-ce que toi, tu arriverais à nous partager ton point de vue sur cette juste balance à trouver, pour maintenir en permanence ce “Shoshin”, cette évolution incrémentale, sans pour autant relâcher sa discipline et sa rigueur ?

SYLVAIN : Il y a plusieurs façons de faire, mais pour moi c’est vraiment de l’ordre du déclencheur, c’est-à-dire, qu’il est important de se questionner déjà, sur :

  • Pourquoi est-ce que tu es là ?
  • Qu’est-ce que tu veux ?
  • Est-ce que tu arrives à savoir combien va te coûter ce que tu cherches à obtenir, en engagement physique, en temps etc ?
  • Qu’est-ce que tu es réellement prêt à faire pour parvenir à ce résultat ?

Si tu veux quelque chose qui, au final, n’est valorisable que sur un temps très long et que tu n’y es pas du tout, c’est peut-être que tu as un peu idéalisé la pratique ou bien ta compétence !

C’est aussi notre rôle dans ce cas de figure, de savoir rendre compte de cet état des lieux, auprès de ce type de pratiquant et essayer de lui faire changer quelque peu son état d’esprit, en en lui disant :

“ Avant de parvenir à atteindre ce point O, tu vas connaître plein de petites étapes, que tu n’imagines pas encore mais je vais t’aider à concevoir ces paliers, qui vont être très sympas pour toi à franchir, tout le long du processus. “

Je vais alors transmettre des petits skills, comme par exemple, avant d’arriver sur les mains, avec un “Handstand Pike” et dans ce cas-là, je vais proposer plusieurs déclinaisons.

D’arriver à ces points-là, ce sera fun et déjà génial pour le pratiquant, qui n’aura pas forcément pensé que ces étapes intermédiaires puissent faire partie de sa progression, avant qu’il soit en capacité de réaliser son “ Handstand” !

C’est pourquoi, dans ces situations, je pense qu’il est vraiment nécessaire d’en parler au coach.

Bien sûr, il faut trouver un coach qui soit en parfaite harmonie avec cette approche de la pratique…

C’est pourquoi la réaction auprès de ton élève que tu relates dans ton exemple du stage, c’est très bien, le fait que tu aies appuyé sur la notion de l’importance déjà, de se féliciter pour être rentré dans un processus !

Pour cela, il est important que tu puisses faire confiance à ton coach parce qu’il y aura des efforts à faire, continuellement et la nécessité justement d’accepter que le processus consiste à ce qu’il y ait des efforts, qui finissent in fine, par payer…

Pas là, tout de suite là, mais qui seront visibles plutôt à moyen ou à long terme !

Se référer à cela, au lieu de penser à ce que l’on va être dans deux ou trois mois…

Il faut que tu parviennes à être présent, dans ce que tu fais maintenant, de voir où sont tes points faibles,

C’est-à-dire ceux que tu dois travailler en profondeur et pour cela, tu dois essayer de te caler des petites routines quotidiennes, sans te mettre la pression surtout,

Parce qu’à partir du moment où tu te mets la pression, en t’imposant des délais ou des attentes, à te dire :

“ Dans trois mois, j’aimerais bien avoir…. “

Non, mais détends-toi !

La vie, c’est du mouvement…

Si tu te décides à bouger un jour, tu peux peut-être, te décider à bouger, toujours !

Ce qui serait pour toi, g-é-n-i-a-l !

SLIM : (éclats de rire)

J’adore cette idée de :

“ Détends-toi, chill un peu et prends du plaisir aussi, aujourd’hui ! “

Merci de ton attention mon Mouver !

Abondance & Gratitude,

Coach Nomad Slim
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www.nomadslim.com

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À propos de l'auteur : Coach Nomad Slim

Je suis le fondateur de MOUVERS et professeur en Mouvement / Mobilité Articulaire. Après plus de 20 ans à explorer différentes pratiques du mouvement, plusieurs carrières sportives professionnelles, plus de 5 années à enseigner mes méthodes à travers le monde, je te partage dans ce blog, mes connaissances et expérimentations sur le MOUVEMENT Humain, la Santé HOLISTIQUE et le POTENTIEL Humain.