Staiv et la philosophie : quel lien avec la spiritualité ?
Pour commencer ce podcast, nous abordons le sujet de la philosophie, un sujet cher au cœur de Staiv. Il nous parle de son intérêt pour toutes formes de pensées, de celles des grecs anciens aux plus modernes, mais aussi celles des philosophies asiatiques, comme celle du chinois Lao Tzu ou des sages indiens contemporains Krishnamurti ou Ramana Maharshi. C’est un attrait partagé par Brian Magnus qui chercher à remettre ces philosophies au cœur du développement humain.
Et pour lui, même si la philosophie est d’abord “l’amour de la pensée”, elle rejoint tout de même la spiritualité car elles ont en commun des grands questionnements essentiels : la vie, le sens de la vie, la mort, y a-t-il Dieu, Dieu est-il mort ?
L’idée est d’écouter ce que d’autres ont à partager et de découvrir diverses manières de penser pour construire son esprit. Être inspiré pour incarner sa propre philosophie au quotidien. L’incarner peut se faire via la construction d’une série de règles pour adresser ses relations aux autres et à ses proches et pour tendre vers la meilleure version de soi-même.
C’est l’objectif du Podcast : pouvoir extraire quelques gemmes inspirantes pour les appliquer dans sa vie réelle !
La première rencontre de Staiv avec les arts martiaux
Nous notons que les philosophies asiatiques sont imprégnées d’art martial. Pour Staiv, les arts martiaux établissent un rapport entre le corps et l’esprit : comment nourrir son corps et son esprit à la fois.
Il nous raconte comment il a été initié aux arts martiaux par le judo très jeune et tous les bienfaits que cela lui a apporté : l’apprentissage du mouvement, la concentration, les valeurs de respect, la camaraderie…
De mon côté, je crois aussi que les arts martiaux, par les valeurs transmises, peuvent être un véritable outil d’élévation de l’âme et de dépassement de soi.
C’est aussi Greg Gothelf dans l’épisode 56 qui nous parle plus longuement des avantages de pratiquer les arts martiaux, dans l’aspect de camaraderie et d’apprentissage de l’effort.
Comment avoir un rapport sain avec son corps ?
“Le corps est comme un temple de l’esprit.”
On ne peut pas penser son rapport au corps en termes d’exercices mais plutôt en termes d’expression et de pratique. Si notre corps est notre temple, il devient donc quelque chose à développer, à honorer et dont il faut prendre soin.
Nous parlons de la nécessité de garder le plaisir d’enfant de jouer pour s’épanouir pleinement et ne pas faire de son corps son propre ennemi. Et si la performance peut nous pousser à nous dépasser : est-ce que ça donne du plaisir, est-ce que ça donne de la joie ? La performance développe un rapport de force avec son propre corps. Pourquoi ne pas chercher plutôt un rapport de joie ?
Le parcours sportif de Staiv depuis l’enfance
Si Staiv a un tel rapport avec son corps, c’est dû à son parcours éclectique. Il nous parle de sa pratique des arts martiaux très jeunes : judo, karaté, taekwondo et du passage au rugby à l’adolescence, puis à la boxe française.
C’est à partir de l’âge de 13 ans, qu’il a développé un goût pour l’entraînement et pour l’attention portée à son alimentation. L’influence de ses parents, l’âge difficile où on ne se sent pas bien dans son corps et l’influence des médias qui font miroiter des corps esthétiquement beaux et forts l’ont poussé dans cette direction.
C’est ainsi qu’il a su développer très tôt son corps en termes de musculature, tout en l’engageant dans des sports de combat (rugby, boxe). Ce sont ses diverses expérimentations en termes d’alimentation, d’entraînement, de visualisation pour les compétitions qu’il a faites, qui l’ont mené à vouloir devenir préparateur physique.
En quête d’autres points de vue et expériences sur le sport pendant l’adolescence, Nicolas De Paoli nous livre dans l’épisode 23 son avis sur l’importance de développer l’activité physique par le jeu pendant l’adolescence afin de développer pleinement sa mobilité et d’éviter de tomber trop tôt dans le bodybuilding pur et simple.
Comment voir le corps comme un allié et une voie d’expression
En nous parlant de visualisation, Staiv nous confie sa vision du corps comme un allié qu’il peut emmener là où il le souhaite. Il ne fait qu’un avec son corps qui s’avère, finalement, très malléable. C’est une vision qui tranche avec celle de la plupart des athlètes qui voient plutôt le corps comme une sorte de prison qu’il faut sculpter.
Staiv nous raconte comment le sport lui a « sauvé la vie », ou du moins l’a aidé à se sortir des mauvaises fréquentations et l’a poussé à vouloir plus et mieux. Et puisque cette pratique lui a permis de se sortir de ses démons, il a tenu à le transmettre aux autres et à se tourner vers la direction du bien-être.
Il s’est très vite retrouvé dans un milieu très riche culturellement : des artistes, des acteurs, des danseurs… où il a compris que le corps était à la fois un moyen de transcendance physique, mais aussi un moyen d’expression. Il peut y avoir de la grâce dans le mouvement, il peut y avoir de la joie : le mouvement n’est pas tant quelque chose qu’on fait, mais quelque chose qu’on est.
Le corps est un support pour créer : ce n’est pas quelque chose de fermé, c’est du mouvement, c’est un vecteur à travers lequel on peut faire passer un message, on concrétise des choses abstraites. Le corps est indissociable de toutes actions : on bouge avec, on crée avec, on aime avec, on parle avec. “J’ai besoin d’exprimer ce qu’il y a à l’intérieur, de bouger mon corps, de m’exprimer avec les gestes” nous disait Davy Gallon, en ajoutant que les enfants expriment leurs émotions avec des gestes forts.
Notre corps est sacré. Respecter son corps, c’est aussi respecter son environnement et la nature autour de nous. Pour Staiv, tout en continuant à vivre avec notre temps, il faut redevenir l’animal que nous sommes à l’origine, qui est beaucoup plus incarné et qui se pose moins de questions. Cet animal qui bouge plus, qui crée plus, qui joue plus, sans s’encombrer de superflus.
Des outils quotidiens de bien-être à mettre en place pour se sentir mieux
La plupart des gens ont cette tendance à penser que la pratique du mouvement des athlètes confirmés leur est inaccessible et que leurs physiques leur facilitent la vie. Mais pour Staiv, ce n’est pas forcément le cas : il ne pense pas avoir des aptitudes physiques exceptionnelles. Il a besoin de temps pour apprendre de nouveaux mouvements, il craint les écarts d’alimentation… Tous ses résultats viennent de ses efforts et de sa discipline.
« J’ai pas de dons particuliers pour le corps, c’est du travail et de l’amour. »
Il nous partage les outils qu’il utilise pour se sentir bien au quotidien et déployer son potentiel :
- La méditation : le matin au réveil (10-15min), le soir avant de se coucher (20-30 min)
- L’alimentation : il a choisi le véganisme pour prendre soin de son corps mais aussi pour des questions éthiques et philosophiques.
- L’entraînement quotidien : beaucoup d’arts martiaux, de cascades (acrobaties, tempo, etc…), mobilité, danse.
Pour Staiv, la danse est le point culminant de l’athlète artiste. Une des pratiques ultimes du corps. C’est un point de vue que partage Raphaël Berkane, qui voit la danse comme l’activité la plus ouverte qui soit pour explorer sa créativité et développer un corps capable et agile.
Comment Staiv est passé des arts martiaux à la danse
Le parcours atypiques de Staiv nous prouve la possibilité de passer d’un background chaotique à une vie épanouie, et d’une vision du corps comme une carapace esthétique à un vecteur d’expansion. Grâce aux arts martiaux, il a pu exprimer sa violence en la dirigeant et en la canalisant. Et en s’orientant vers la danse, il peut renouer avec son énergie féminine et ses émotions les plus profondes.
Staiv nous parle alors d’un projet nouant art martial et danse dans lequel il a pu participer grâce à Tom Duquesnoy : la Boxeuse Amoureuse, un spectacle écrit et mis en scène par Arthur H et Marie-Agnes Gillot dans lequel il joue le rôle d’un boxeur/danseur, en duo avec Souleyman Cissokho.
Pour lui, ce spectacle correspond à cet aspect hybride du mouvement, à ce mélange des arts de la boxe, de la danse et de la musique, à la grâce qui peut s’y incarner et au perfectionnement du geste du combattant.
Le lien puissant qui relie la danse et la boxe
Nous comparons les deux disciplines pour montrer à quel point il est facile d’aller de l’une à l’autre. Du petit espace du ring où il est facile de s’adapter pour quelqu’un qui a fait beaucoup de danse auparavant, aux déplacements rapides, feutrés et rythmés de la boxe, les changements de poids du corps : tout est intuitif pour un danseur.
A mes yeux, pendant ma pratique de la boxe anglaise, le parallèle entre les deux était évident : le tempo, la musicalité, le déplacement. Je pense aussi aux grands maîtres comme Rickson Gracie dont j’enseigne une méthode de mobilité qui s’inspire de ses aptitudes : on sent tout ce qu’il fait, ça va au-delà du mouvement.
Il y a une espèce de connexion, un sentiment à soi et aux autres. Il y a un rapport intangible et immatériel : on passe dans une zone de présence, on se retrouve hors du monde quand on est en pleine expression de notre art et de notre sport.
“On se connecte au divin, on se connecte au sacré, c’est au-delà des mots”.
Cette capacité à exprimer ses émotions à travers son corps, de faire ressortir une sensibilité, c’est aussi une pratique. Un acteur est-il un athlète dans sa manière de sensibiliser son corps à travers son entraînement pour être plus en contact avec ses émotions et de ses mémoires sensorielles ? Un chanteur est-il aussi un athlète en musclant son larynx, son diaphragme et en développant d’autres parties qu’un boxeur n’a pas ?
Ces pratiques diverses font partie aussi de l’univers du mouvement. Floriane Chappe nous parle de son expérience de comédienne et de la manière dont son art passe par son corps.
Comment réussir à écouter ses intuitions et sa voix intérieure
Avoir la possibilité d’expérimenter plusieurs chemins de vie, plusieurs activités, n’est pas donné à tout le monde. Quels conseils donner à quelqu’un qui voudrait s’engager dans une transformation ou un changement de vie ?
Pour Staiv, il s’agit de s’intéresser au maximum, ne pas se mettre de barrière ou de frontières sous aucune forme. Tout commence par écouter cette voix intérieure: il y a forcément quelque chose qui nous appelle, quelque chose fait pour nous, quelque chose qui nous permettrait de grandir dans l’environnement dans lequel on est. Cette voix est toujours juste.
“Fais ce que tu aimes, ton corps t’emmènera vers la zone qui t’épanouiera et te rendra heureux”.
La thématique de l’intuition est un sujet vaste et partagé par de nombreux mouvers sous divers angles. Comment faire taire les bruits extérieurs pour mieux l’entendre avec Gabriel Kei, ou bien comment trouver un équilibre entre sa pensée cartésienne et sa sensibilité intuitive avec Charlotte Dupinay.
La rencontre de Staiv avec l’univers de la cascade
Staiv nous parle du monde de la cascade qu’il a découvert au fil des tournages quand il faisait des arts martiaux et du modelling pour des photographies artistiques. Ce monde-là, qui allie arts martiaux, cinéma et spectacle, ont pu lui permettre de mieux s’exprimer de manière artistique et de challenger son corps, de se donner des défis et de mieux pouvoir apprendre.
Et parce que plus il trouve des choses qui l’inspirent et le stimulent, plus ça lui donne envie d’avancer vers ses rêves, il a fini par ouvrir une école de cascade et de préparation physique avec Florian Beaumont (EP. 12) : Action Artiste. L’idée est de devenir des athlètes artistes : cela permet de connecter avec tous les arts, être un meilleur cascadeur, un meilleur danseur, un meilleur danseur.
Le pouvoir de l’enthousiasme et de la joie pour avoir une vie épanouissante
L’enthousiasme, c’est avoir dieu en soi. Mais partager à coeur ouvert, apprendre de nouvelles choses, ne peut pas se faire sans passer par le corps. Par le biais du mouvement, on bouge le cœur et l’esprit.
Mais est-ce que la pratique sportive est nécessaire pour une vie épanouissante ? Oui et non.
Certaines personnes n’ont pas de pratiques sportives cadrées et n’ont pas le même rapport au corps que nous, mais sont quand même épanouis car rattachés à leur joie. Ils ont trouvé une autre voie qui n’est peut-être pas celle du mouvement, mais ils gardent le cœur ouvert.
Malgré tout, dans leur hygiène de vie et leur manière de voir la vie, ils ont une incarnation au corps très forte même sans aspect athlétique : être dans la nature, être dehors, avoir des activités non destructives…
“L’épanouissement corporel n’est pas nécessairement sportif.”
Toutefois, il n’empêche que la pratique physique est un outil très puissant pour tout le monde. Et c’est l’un des plus facilement accessibles : c’est facile de transformer son corps, ses mouvements. Et une fois que ton corps change, ton esprit change aussi.
Pourquoi le voyage permet de grandir et d’apprendre de ses expériences ?
Voyager, c’est pouvoir aller à la rencontre d’autres cultures et d’autres pays. C’est du “mouvement sur la planète”. Staiv a été très vite sensibilisé à cela à travers son père pilote d’avion, les tournées avec la troupe de danse ou sa passion pour la marche.
Et si le sport et le mouvement au travers des voyages s’est d’abord exprimé à travers la nature, ce sont les arts martiaux qui l’ont mené en Asie, notamment à Ko Pha Ngan. Le mode de vie asiatique, très sain, plus minimaliste, lui a permis de changer sa manière de penser. C’est aussi ainsi qu’il a découvert la méditation.
“Je trouve beaucoup de puissance et d’enseignements dans ces modes de vie où on a moins de choses dans la matière mais plus de choses dans l’éther.”
Staiv n’est pas le seul mouver à avoir voyagé dans le cadre de sa pratique physique. Thibault Marino nous raconte son tour du monde des arts martiaux ou Nicolas Ravenelle son parcours de Nakmuay en Thaïlande.
Utiliser des états de conscience alternés pour faire l’expérience du lâcher prise
Je suis curieux de savoir si Staiv a eu un changement de paradigme de pensées durant cette dernière année afin de montrer que les changements de croyances sont perpétuels.
Il nous parle de l’expérience du lâcher-prise qu’il a souvent considéré comme quelque chose de conceptuel. Mais suite à des expériences chamaniques, avec l’ayahuasca ou autres champignons, qui ont mené à des états de conscience modifiés, il est parvenu à mettre plus de matière dans cette pratique.
Il ne souhaite plus être trop dur avec lui-même ou trop réfréner dans ses désirs et veut faire complètement confiance à la vie. Pour lui, l’humain, en faisant complètement confiance à sa guidance intérieure, trouvera le bon chemin. Et plus il fera confiance, plus il parviendra à percevoir cette fluidité de l’être, cette force qui le poussera à abandonner ses masques pour être qui il est vraiment et à saisir ces synchronicités, à être aux endroits où il est censé être.
Embrassons qui nous sommes, nous sommes parfaits tels que nous sommes.