Quelle a été l’expérience de Thomas avec João de Deus, le guérisseur chirurgien psychique et médium brésilien ?
Nous démarrons le podcast alors que je vois un dreamcatcher derrière lui, qu’il a trouvé au Brésil. “Des fois, ça arrive, des rencontres ou des objets qui rentrent dans ta vie et quelque part, c’est eux qui le décident !” Thomas nous parle alors de ses aventures au Brésil et notamment de sa rencontre avec Joao de Deus, un guérisseur depuis en prison, très célèbre notamment pour ses talents de médium.
Son approche était de l’ordre du don personnel : il n’utilisait pas de prise de psychédéliques, mais divers outils comme des bains de cristaux ou une cascade sacrée. En fonction des jours aussi, il faisait appel à des esprits. L’idée était d’aller le voir avec une demande, puis soit d’aller dans une salle pour faire une sorte d’opération spirituelle ou bien rester quelques minutes avec un groupe pour être soigné.
Pour aller plus loin sur le monde spirituel brésilien, j’ai interviewé Thibault Marino pour un épisode spécial Brésil où il nous parle du fonctionnement dans ce pays dans tous les domaines : spirituel, social, martial…
Quelles sont les conditions optimales à réunir avant la prise de psychotropes ? Les psychédéliques sont-ils indispensables pour se développer ?
Thomas poursuit en nous racontant son expérience avec l’Ayahuasca, qu’il a consommé sous la supervision de Léo Artèse, un chamane brésilien qui avait été invité en Hollande par une église de l’ordre de Santo Daime (qui utilise l’ayahuasca comme sacrement).
Pour Thomas, c’est un cheminement sacré et très personnel. “Il faut avoir fait un peu de chemin soi-même pour aborder une cérémonie chamanique parce que sinon, ça peut vraiment partir dans tous les sens, selon qui est avec toi, selon qui gère la cérémonie, selon si tu te connais un peu ou pas !” Faire ce chemin personnel permet de pouvoir gérer ce qui se passe un minimum, de manière à être en sécurité et en confiance.
Je fais le lien entre la prise de psychédélique et le sport – voire même la vie : il faut apprendre à se connaître soi-même pour manœuvrer au mieux les évènements qui nous arrivent ! Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir tout expérimenter sans préparation et forcer l’expérience. Nous en avons parlé avec Johanne Cammarata, non seulement ces expériences viennent à nous au moment où on en a besoin, mais il y a aussi un intérêt à se préparer autant mentalement que physiquement : avoir un corps robuste nous aide à traverser ces moments d’états de conscience modifiée.
Pour nous donner des pistes pour en savoir plus sur les états modifiés de conscience, Thomas nous parle de Stanislas Grof, un psychiatre tchèque et pionnier dans la recherche des états modifiés de conscience notamment via la respiration holotropique, dont il lit le livre Pour une psychologie du futur.
Pour Alain, la prise de psychédéliques n’est pas un passage obligatoire, la vie peut suffire pour nous amener à nous développer : il suffit d’être ouvert à ce qui se passe.
Comment les stages de Thomas peuvent-ils aider les hommes à redéfinir leur masculinité ?
Quand Thoma évoque son stage Les Chemins du Masculin, à destination des hommes pour se reconnecter à soi et redéfinir la définition de masculinité, cela soulève de nombreuses questions de ma part.
Thomas souhaite répondre aux questionnements de ce qu’est un homme aujourd’hui, de ce qu’est la virilité, comment ça se situe au regard des archétypes et des injonctions classiques que l’on a. Il nous parle de son père qui a essayé de casser certains de ces schémas, notamment celui de l’homme qui ne pleure pas et n’est pas sensible.
Pour lui, avancer sur certaines choses permet de les accepter plus rapidement, plutôt que d’attendre d’avoir un ras-le-bol, comme beaucoup de personnes qui attendent d’être au pied du mur avant de commencer à faire quelque chose. L’idée de son stage est de faire des choses avant d’être dans le mur, de donner des clés aux hommes pour mieux se prendre en main et de leur faire recevoir toutes les leçons qu’il a apprises au fil de ses expériences.
Que pense Thomas de l’archétype de “l’Homme militaire” qui émerge sur internet ?
Une nouvelle identité de la masculinité, portée par des personnes comme Jocko Willink (auteur de Extreme Ownership) ou Major Gerald, qui dirigent les hommes vers des concepts de discipline et responsabilité, émerge. Pour eux, la virilité, c’est d’abord se responsabiliser, assumer pour ensuite reprendre les rênes.
Pour Thomas, en effet, l’une des premières choses qu’il enseigne est que nous sommes au centre de notre monde, que nous sommes les créateurs quelque part. “Tu es le responsable de tout ce que tu reçois et de la façon dont tu le reçois !” Il faut cesser de rejeter sur le monde tout ce qui nous arrive et d’être dans la plainte et la complainte. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de temps pour être down, mais il y a une vraie responsabilité de devenir responsable de sa vie et de choisir ce qu’on veut vraiment.
Pour ma part, je me suis inspirée d’une citation de Jocko Willink sur la discipline pour illustrer la première leçon de vie parmi les trente que j’ai partagées à l’occasion de mes trente ans.
Thomas a-t-il des outils qui l’ont aidé dans son cheminement personnel ?
Dès petit, Thomas s’est questionné au sujet du modèle ~travail-famille-maison-retraite~ en se demandant pourquoi est-ce que cela serait le seul chemin et s’il ne pouvait pas y avoir autre chose. Il nous dit que dans les techniques de manipulation de masse, on cherche à nous convaincre qu’on vit dans un monde très binaire : seule une solution fonctionne, car l’autre est imaginaire et futile. Par exemple, on nous dit qu’on ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche, alors que c’est pourtant possible.
Il nous parle des grands romans initiatiques qui l’ont inspiré, comme l’Alchimiste de Paolo Coelho, le Guerrier Pacifique de Dan Millman ou la Prophétie des Andes de James Redfield. Il recommande particulièrement Le Goéland, de Jonathan Livingstone, ainsi que les Quatre Accords Toltèques de Don Miguel Ruiz.
Ce dernier livre est une base pour lui : dans un monde où on est toujours en quête d’un outil nouveau pour aller bien, lui préfère en trouver un qui fonctionne pour lui et le travailler, le macérer, pour aller en profondeur dans sa compréhension. “Je pense qu’un seul accord toltèque, si tu le maîtrises, un seul des quatre déjà, révolutionne ta vie et te transforme complètement !”
Je parle de ce principe avec Mike Holler : Faut-il lire beaucoup de livres pour apprendre réellement ? car il y a plusieurs approches sur le sujet : certains, comme moi ou Mike, vont lire beaucoup. D’autres, comme Nicolas Ravenelle par exemple, préfèrent lire trois livres et intégrer parfaitement leurs principes à leur vie.
L’oisiveté peut-elle apporter des bénéfices ?
J’aborde le sujet de l’oisiveté avec Thomas, qui est un sujet qu’il affectionne. “J’ai besoin de pas mal de temps pour moi, c’est un truc que j’aime bien, juste ne rien faire juste, même si j’adore aussi faire plein de choses !“
Il prend l’exemple de la marche, qu’il associe à une méditation. Pour lui, face à n’importe quel problème, aller marcher une demi-heure permet de se sentir plus léger, aller dans un café et regarder les gens… Il nous raconte avoir mis du temps à accepter ce côté oisif parce que c’est très mal vu. Et pourtant, pour beaucoup d’artistes, ne rien à faire sert aussi l’imagination et sert aussi à soi.
C’est en le faisant qu’il en a compris les bénéfices. C’est un principe qu’il faudrait appliquer à tout : si on veut commencer à méditer, à cuisiner… il n’y a qu’à le faire, simplement.
Le fabuleux destin de John Muir, de brillant biologiste à vagabond.
Nous parlons aventures et vagabondages et Thomas mentionne deux noms, Ernest Hemingway, que l’on connaît plus aujourd’hui en ses qualités d’auteur que d’aventurier, mais surtout John Muir, un écossais ayant grandi aux Etats-Unis. Il nous le présente ainsi : “Il ne faisait que marcher, que vivre dehors, que regarder les étoiles, le ciel, les arbres”.
Sa vie est contée dans le livre J’aurais pu devenir milliardaire, j’ai choisi d’être vagabond de Alexis Jenni. C’était un homme brillant, un biologiste et inventeur mais qui voulait simplement partir à pied, regarder la nature et être tranquille dehors.
Je ne peux m’empêcher de le voir comme un véritable mouver, dans son aspect multidimensionnel.
Comment le chemin de Compostelle a-t-il bouleversé la vie de Thomas ?
Le premier évènement qui a changé la vie de Thomas a été le chemin de Compostelle qu’il a fait en 2009 : un chemin entrepris d’une traite, de Lyon jusqu’à Compostelle, sans téléphone, sans écouteurs, simplement lui et les gens rencontrés sur le chemin. Une expérience fondamentale, à la fois géniale et perturbante : c’est là où il a vraiment compris qu’il était libre d’aller où il voulait à pied, physiquement. Par contre, là où il allait, il emportait ses bagages, ses “merdes” avec lui. Il a su que s’il ne se libérait pas de ce qui était à l’intérieur, il garderait sa misère avec lui sur ce chemin-là.
C’est pourquoi il s’est tourné vers des techniques psycho-corporelles assez nouvelles pour l’époque, en 2010, comme l’hyperventilation, l’EFT, les thérapies de groupe : l’idée était d’aller chercher loin, de vraies catharsis, de vraies libérations émotionnelles.
Toutes les strates l’intéressent : rien que sur le corps, il y a un univers entier à explorer. Pour Thomas, on peut passer plusieurs vies à seulement pratiquer tous les sports, à les découvrir de différentes façons. Pour la spiritualité, c’est la même chose, pour les émotions aussi, pour la façon de rencontrer les gens également.
Il nous parle de ses débuts, à l’époque où il exerçait en tant que notaire : son accompagnement dans les phases de transition des gens (mariage, décès) lui a montré le grave manque de rituels et de rites de passage, surtout à l’âge adulte. Pour lui, le notariat aide les gens car il leur donne du cadre dans des moments très intenses de la vie.
Comment Thomas est-il arrivé au Japon ? Quelles ont été ses aventures ?
A mon grand plaisir, moi qui ai vécu plusieurs années au Japon mais qui n’ai pas eu beaucoup l’occasion de partager cette affection que je ressens pour ce pays sur le podcast, sauf avec Pierre Duffraise lors d’un épisode spécial, j’écoute les premières folles aventures de Thomas en pays nippon.
Thomas est allé au Japon en bateau, sur un porte-conteneurs où il était le seul passager à bord. Il nous raconte la signature d’une décharge, car il n’y avait pas de médecin à bord et que ce n’était pas dit que le bateau arriverait au Japon ! Il nous raconte les escales, les rencontres géniales avec des officiers, des matelots avec qui, le soir, il picolait ou faisait des karaokés. Il a fini par arriver au Japon au bout de 52 jours, soit avec 10 jours de retard que ce qui était prévu.
Il arrive donc à Yokohama, sans portable, avec quasiment seulement du cash avec moi… il nous raconte cette sensation de vague de liberté intérieure, cette joie ineffable qui l’a nourri. Il rencontre un homme qui l’invite à dormir chez lui : une générosité qui l’a beaucoup marquée.
Il a fini par aller sur la petite île d’Ishigaki-Jima au sud de l’archipel. Après avoir fait du porte à porte avec son CV, il est tombé sur un magasin de plongée. Il s’est engagé à se former à la plongée pour ensuite travailler pour eux comme instructeur, et a passé l’hiver en tant que barman en attendant. Puis après, il a écumé le pays en sac à dos et a fait sa première retraite Vipassana là-bas.
Comment se déroule une méditation Vipassana ?
Ce qu’il a beaucoup aimé dans sa retraite Vipassana, c’est qu’il n’y a pas de règles qui ne servent pas sans but. Il s’agit d’être en silence pendant dix jours, sans communiquer, ni par le regard, ni par les gestes avec les autres, et de méditer dix heures par jour pour avoir vraiment un aperçu de ce qu’est la méditation. Pour Thomas, c’est une expérience aussi intense qu’en état modifié de conscience avec l’hyperventilation ou bien la prise de psychédéliques
Le procédé se déroule ainsi :
Pendant 3 jours, on est formé à la méditation Anapana qui est une respiration où on observe son flux d’air à l’entrée des narines. Les 7 jours restants, on travaille vraiment la méditation en Vipassana, très vulgairement nommée aujourd’hui en tant que Body Scan. L’idée est de prendre des zones plus ou moins larges sur son corps et d’observer les sensations qui s’y trouvent. Il y a plein de zones où on ne sent rien évidemment, mais, petit à petit, on développe une attention… Plus on le fait et plus on ressent des sensations. Mais le piège, c’est d’aller les chercher : il faut juste les observer. Si elles apparaissent, c’est super, on passe à une zone suivante et si elles n’apparaissent pas, c’est super aussi et on passe également à une zone suivante.
A certains moments, on nous demande de rester une heure sans bouger si possible, assis en tailleur. À l’époque, Thomas n’’était pas très mobile : “rester une heure quand on ne l’a jamais fait, sans bouger, le dos droit, c’est clairement de la torture !” Il nous raconte que la dernière demi-heure est très intense : on a à la fois l’impression qu’on va mourir ou qu’on ne va pas tenir, et en même temps, on ne peut pas fuir parce que l’idée est d’essayer de rester là, sans être dans le challenge ou dans la résistance pure et simple. Au contraire, il s’agit de juste essayer d’observer les sensations pour ce qu’elles sont, c’est ce qui est difficile, mais quand on prend cette petite hauteur là, la douleur devient moins forte. À la fin de la première heure d’immobilité, il a mis 1/4 d’heure à se relever. “Je pleurais, je pleurais d’être mort… D’être mort d’une partie de moi, c’est vraiment comme ça que je l’ai vécu !” Thomas ne peut pas s’empêcher de trouver drôle le fait que la Vipassana passe du concret, d’être sans sa respiration et dans ses sensations, à l’accès à quelque chose d’ésotérique.
Après la retraite, il est recommandé de le méditer une heure le matin et une heure le soir, ce qui est une révolution dans une vie… Thomas, lui, a réussi à méditer une heure le matin pendant quelques années : ça a révolutionné énormément de choses !
Quels sont les bénéfices de la méditation selon Thomas ?
Pour Thomas, la méditation influence toutes les sphères et toutes les couches de la vie, notamment dans le rapport aux gens et le fait de ne rien prendre de façon personnelle. La pratique de la méditation crée comme une couche d’amortissement : tout à coup se crée un espace vital, un espace de sécurité autour de toi, qui devient beaucoup plus grand à mesure du temps. Et quelque part, toutes les choses qui entrent vont être amorties, qu’elles soient extérieures ou intérieures comme les émotions. Quand l’émotion arrive, on va simplement prendre le temps de la vivre, de la ressentir complètement, sans être tout de suite dans la crispation.
Quand Thomas médite tous les jours, il monte à chaque fois une marche dans son développement.
Il nous raconte sa seconde retraite Vipassana qu’il a suivie deux années plus tard. La première ayant été si intense, qu’il avait peur à cause de l’impact de la première. Mais il trouve intéressant de refaire les choses qui lui ont fait peur. Non pas par esprit de challenge ou de défi, mais selon une vraie démarche : le refaire parce qu’il y a quelque chose d’intéressant à aller chercher.
Pour Thomas, la méditation est assez universelle et peut apporter à tous… mais en même temps, c’est à chacun de faire la démarche – et cela ne conviendra peut-être pas à tout le monde. Dans un extrait d’épisode de podcast, Sylvain Noury s’adresse aux débutants et explique en quoi il est important d’intégrer la pratique de la méditation à son quotidien.
Le système scolaire est-il sclérosé ? Que peut-on gagner à l’envisager différemment ?
Thomas a beaucoup de griefs contre l’école aujourd’hui, même s’il s’en est bien sorti. Pour ceux qui ont la chance d’être dans les bonnes cases à l’école, ça passe mais pour ceux qui n’ont pas cette chance malheureusement, c’est très destructeur.
Pour lui, c’est une aberration de faire asseoir des enfants pendant des heures sur des chaises. Un enfant a envie de bouger tout le temps et de se développer ! On ne leur apprend pas non plus les émotions, à communiquer sur ce que c’est ~l’autre~, ce qu’est ~soi~. On ne leur laisse pas le temps pour faire d’autres choses à cause de la charge des devoirs.
Malgré l’ouverture d’esprit de certains professeurs, le système en soi est trop sclérosé et rigide. S’ils veulent procéder à du changement, ils doivent le faire de manière cachée.
Nous parlons de la problématique de l’école avec Jérémy Coron, tant dans le domaine du mouvement des enfants que dans l’approche de l’apprentissage. Il déplore le fait que l’école ne donne ni le goût d’apprendre aux enfants, ni ne leur donne les outils nécessaires pour apprendre correctement.
Pourquoi le fait de parler plusieurs langues peut-il révolutionner un destin ?
Les enfants ont un potentiel énorme, dans tous les domaines et notamment les langues. Les langues, on les voit d’abord comme quelque chose de très pratique: ça sert à parler, à voyager… mais, les gens ne se rendent pas compte que parler une autre langue va de pair avec le fait de penser différemment et de voir le monde différemment ! Parler d’autres langues, c’est accéder à d’autres façons de penser, de rire, de rêver: c’est ce qui permet une vraie plasticité cérébrale et une réelle ouverture d’esprit aussi.
Un enfant peut apprendre autant de langues que tu veux bien lui enseigner ; ils ont une réelle capacité d’apprentissage. Mais aujourd’hui, les langues ne sont pas bien enseignées, ce qui est dommage !
Pourquoi la rencontre avec Ido Portal a-t-elle été une grosse claque pour Thomas ?
Sa première rencontre avec Ido Portal a été une grosse claque intellectuelle. Thomas adore que l’on vienne lui piquer dans la tête, que l’on vienne changer ses idées et ébranler toutes ses idées reçues : avec lui, ça a été dès le départ.
Dans l’atelier MOTION d’Ido Portal, on travaille beaucoup sur la colonne, l’ouverture thoracique et la vague… Thomas a continué à les faire après, pendant longtemps, tous les jours pendant dix minutes : ça a été une révolution pour lui. “Travailler uniquement sur la colonne vertébrale, dix minutes d’affilée, tu ne le vois nulle part ailleurs car les gens se font chier trop vite !”
Quels sont les bémols que Thomas émet à l’égard de la Movement Culture ?
L’enseignement d’Ido Portal est d’une richesse incroyable. Mais, avec le temps, Thomas a fini par émettre quelques bémols : il s’est rendu compte que ce qu’Ido présente comme quelque chose d’évident et que tout le monde devrait faire, comme avoir une pratique intense, c’est en réalité impossible pour certaines personnes ! Parfois, pratiquer des choses beaucoup plus light et beaucoup plus courtes, c’est tout aussi utile et tout aussi intéressant.
“Dans l’enseignement d’Ido Portal, je n’ai pas tout pris pour acquis… Pour être génial, oui ! Mais pour vérité, non !”
Nous sommes plusieurs à avoir émis des réserves sur certains aspects de la Movement Culture qui, si elle est en soi une excellente technique de libération du corps par le mouvement, n’est pas une pratique parfaite dans la manière dont elle est enseignée. Sur cet article, on peut découvrir un extrait de l’épisode dans lequel j’ai interviewé Martin qui nous raconte les raisons de son départ de la Movement Culture. Dans un autre épisode, Raphaël Berkane, que j’ai rencontré lors d’un workshop organisé par Roye Gold, nous parle aussi de ses aspects positifs, mais aussi de ses limites.
Thomas a-t-il d’autres influences issues du monde du mouvement ?
Je m’interroge sur les autres influences qu’a pu avoir Thomas.
Thomas nous raconte qu’il s’est approché du MovNat par le biais de Jérôme Rattoni que j’ai invité par le suite sur le podcast, mais il a peu aimé l’aspect très cadré de la technique. Il a aussi essayé l’approche de Philip Chubb avec Mindful Mover, qu’il a découvert après avoir passé quelques jours à Amsterdam auprès du Crazy Monkey Movement de Thomas Tukker.
Auprès de Philip, il a découvert le concept de la résistance accommodée. Pour Thomas, c’est intellectuellement très intéressant. Il s’agit de l’idée de travailler sur toute l’amplitude d’un mouvement et, à chaque fois, d’être au maximum de ce qu’on peut faire dans le mouvement. Ce qui se passe, c’est qu’on va souvent être limité par le maillon le plus faible de ce mouvement. On va alors apprendre pendant l’exercice à s’assister, à moduler le poids pendant l’exercice pour être tout le temps au maximum ce qu’on peut faire. Cela renforce ses maillons faibles !
Bien sûr, parfois on a des avancées, d’autres fois des reculs, on ne sait pas toujours pourquoi. Mais avec le temps, il faut lâcher le fait de toujours chercher à progresser car galérer, ça fait partie du processus.
Quel est l’approche du mouvement de Thomas ?
Thomas a ouvert une salle de mouvement à Mulhouse. Dans son approche, inspirée d’Ido Portal, il prend un ou deux thèmes pour les travailler sur six ou huit semaines. Cela permet d’aller au fond du thème et d’avoir une vraie progression dedans.
Il met beaucoup l’emphase sur le jeu, avec des bâtons et des balles. “Ça leur fait du bien, de rejouer ! Les gens retrouvent le jeu et le plaisir du jeu !” Les gens ne jouent plus assez, il faut retrouver ce plaisir. Il se rend lui-même compte qu’il ne joue pas assez. Car le danger, c’est de tomber dans un aspect trop pratico-pratique. Quand on fait faire un exercice aux gens, il y a souvent une sur-mentalisation, une sur attente…. Alors qu’on peut juste jouer pour jouer.
Quand je lui demande s’il y a un aspect thérapeutique dans son approche, Thomas répond qu’il y a toujours une démarche thérapeutique dans le mouvement : dans le sens où on porte attention à son corps, dans le travail sur le perfectionnisme, le rapport à l’échec…
Le mouvement, c’est aussi un moyen de redevenir humble. “C’est inconfortable, mais j’aime bien être dans la démarche où je réapprends, où je suis le petit nouveau qui ne sait pas”. Au Japon, il existe un terme qui décrit cet esprit du débutant “Shoshin”. Thomas se considère lui-même comme “shugoyosha” dans le sens plus aventurier, celui qui chemine.
L’approche par le jeu et le défi de redevenir un débutant sont deux sujets centraux que j’ai abordé avec, une fois de plus, Raphaël Berkane alors qu’on partage tous les deux notre vision de l’enseignement et ce qui constitue un bon enseignant.
Qu’est-ce que la respiration holotropique ?
Nous parlons alors breathwork, qui est un sujet très populaire sur le podcast, depuis les respirations diminuées avec Charlotte Dupinay ou l’exercice de respiration spécial d’Alex Tsuk pour relâcher naturellement de la DMT.
La respiration holotropique est une technique thérapeutique psycho-corporelle qui induit un état modifié de conscience. Pour Thomas, c’est comme laisser faire son maître intérieur, suivre le chemin avec sa respiration et passer par des états intenses.
L’idée est de choisir une problématique qu’on veut travailler et de choisir une solution vers laquelle on veut aller… On s’allonge et on respire par la bouche, pas forcément par hyperventilation mais de façon circulaire, non stop. De la musique accompagne la séance et aide à faire passer par différentes étapes et différents états. Ensuite, comme avec la méditation, on se met à côté et on laisse le corps se soigner. Les effets sont complètement aléatoires. Ça peut être très désagréable ou agréable. Mais il y a un côté presque magique de sentir libéré, reconnecté et léger.
À la fin d’une séance, on se voit proposer de dessiner tout de suite sur une feuille un mandala de ce qu’on a vécu. C’est une façon d’inscrire l’expérience dans la matière et de l’incarner.
Thomas déconseille de la faire seul au début: la respiration holotropique est un outil thérapeutique qui se fait de manière encadrée, avec quelqu’un qui sait gérer les réactions qui, si elles sont normales, peuvent faire très peur, comme des crises de tétanie.
La France devrait-elle s’ouvrir davantage à des techniques thérapeuthiques psycho-corporelles ?
Ce qui est intéressant avec la respiration holotropique, c’est que contrairement aux psychédélique, on est toujours là. Il y a un côté sécuritaire car on est toujours présent, à l’inverse de l’ayahuasca ou d’autres substances, sur lesquelles on n’a pas la main.
Mais en France, il y a beaucoup de résistance par rapport à ces pratiques qui semblent très ésotériques, très perchées, très dangereuses aussi. On a une médecine assez rigide et un cadre scientifique qui boulonne un petit peu tout ce monde-là. Pour lui, évidemment, ces pratiques gagneraient à être démocratisées, mais il faut aussi un bon encadrement derrière.
La respiration holotropique est un exercice qu’il adore mais qui demande le même exercice d’hyper présence à ses patients : il doit essayer de ne rien mettre de lui dans ce qu’ils font, de ne pas projeter, de ne pas les guider de la manière dont il en a l’envie, ou dans la direction vers laquelle il pense qu’ils devraient aller.
Quelle a été la genèse du manuel que Thomas s’apprête à publier ? Comment s’assurer d’avancer dans la bonne direction ?
Thomas a commencé son livre, Le manuel du rêveur aux pieds sur terre, comme un journal de bord sur le bateau vers le Japon. Pour lui, comme il recevait des choses dans sa vie, il avait envie de les transmettre.
Il s’est inspiré du Manuel du guerrier de la lumière de Paolo Coelho (qui est aussi une inspiration pour le Podcast Mouvers !) dans le sens où il voulait créer un recueil de tout ce qu’il avait appris et de la manière dont il a réalisé ses rêves.
“Je suis surtout content d’être allé au bout du truc”. Pour Thomas, ce n’est pas tant pour le fait de laisser une trace car il sait que nous finirons par être oubliés. Mais après toutes ces années, qu’il soit encore juste et vrai pour lui, et pouvoir enfin le publier, c’est une véritable fierté !
“Je me suis dit, si sept/huit ans après, ce que tu as écrit te plaît toujours et que tu y trouves encore de la pertinence, ça vaut le coup d’aller au bout du truc !”
Comme pour un tatouage, il suffit de regarder si notre idée tient sur six mois ou sur un an. Si tous les jours, on se dit que l’idée est toujours bonne, il faut foncer. Mais si un jour, l’idée ne nous convient plus – et pire, qu’elle nous paraît de moins en moins pertinente, c’est là qu’il faut changer : ce n’est pas le message qu’on veut faire passer. Pour Thomas, avec cette mesure là, on ne peut pas trop se tromper
Thomas n’est pas le seul sur le podcast à avoir publié un livre. Prosper Matussière et Elosaurus nous parlent eux aussi de cette aventure incroyable !.
Quelle est l’histoire derrière le tatouage de Thomas ?
Thomas a tatoué complètement son dos : ce tatouage raconte son histoire, ses aventures, mais emprunte aussi beaucoup à l’imaginaire de Miyazaki. Il mentionne le film Princesse Mononoké pour parler des rencontres avec des esprits de la nature et des valeurs qu’il a faites siennes, ainsi que le film Pompoko d’Isao Takahata. Son tatouage est une véritable fresque de sa vie.
Stephane Rodrigues nous raconte également l’histoire des siens, tout en abordant un sujet piquant, à savoir le fait de se tatouer pour le plaisir de se tatouer, sans symbolisme derrière.