L’importance de la transmission pour élever le collectif
Pour commencer, je ne peux pas m’empêcher de commenter l’évolution de Staiv depuis l’enregistrement du premier épisode du podcast que nous avions fait ensemble : je trouve Staiv plus enclin à partager ses connaissances par rapport à 2020.
Pour lui, effectivement, il y a une nécessité de transmettre afin de pouvoir s’organiser ensemble et avancer. A voir la situation dans laquelle on est, l’état du monde actuel, il est indispensable d’élever le collectif pour évoluer en tant qu’espèce. Nous en parlions avec VLCP Fabien, Florian Rousseau ou même Arnaud Dupin – et pour Staiv, c’est un sentiment effectivement partagé par beaucoup qui sentent que l’élan collectif est la seule voie.
Pour bien transmettre, il faut certes s’augmenter soi-même, mais aussi avoir l’humilité de collaborer avec d’autres personnes qui ont la même ambition pour mettre en commun des connaissances et créer une chaîne où la connaissance circule avec une portée encore plus grande.
“Il n’y a pas de sachant, comme disait Socrate : je sais que je ne sais pas. Mais ensemble on peut avancer, ensemble on peut rechercher, ensemble on peut observer”.
Staiv va plus loin en invitant à se détacher de son sens de l’identité, de notre idée de qui nous sommes et laisser plus de place à une conscience de fond, une conscience de la nature, qui nous emmène vers une direction naturelle des choses.
Sommes-nous tous interconnectés ? Partageons-nous une seule conscience ?
Pour Staiv, on pourrait faire partie d’un même organisme. On peut l’expliquer de manière spirituelle, scientifique ou quantique. Tout n’est qu’un. L’autre est un autre moi, nous disait Quentin Mauries
On tend vers une direction où on n’explique plus cette conscience collective de manière dogmatique mais où on l’expérimente par nous-mêmes. Chacune de nos actions résonne ailleurs. Cette conscience-là nous pousse à réfléchir à notre manière de vivre et nos relations aux autres. Nous sommes les créateurs de notre monde, me disait ma Maman, alors autant le vivre dans l’Amour.
Mais cette expérimentation est bidirectionnelle : on donne une certaine énergie par nos actions, mais on pourrait puiser dans cette conscience collective. Pour y parvenir, il faudrait se détacher de l’égo, de notre sens de nous-même qui a été construit par notre environnement, nos relations et nos expériences de vie. Tout ce qu’on voit est le fruit de projections de ce qu’on pense savoir. La clé serait de pouvoir voir les choses de manière vierge, de manière disponible, au-delà de l’illusion de ce qu’elles pourraient être.
Il y a un travail de vigilance et de présence, moment par moment, pour nous observer et comprendre la construction de notre identité, de ce qui nous a mené jusqu’ici. La méditation amène à cet état de vigilance qui nous mène à recevoir le monde tel qu’il est et à calquer notre conscience avec l’instant.
Qu’est-ce que l’égo ? Doit-on réellement le tuer ?
L’égo nous protège des violences extérieures. Est-ce que l’enlever ne nous rendrait pas vulnérable face aux personnes dont on ne connaît pas le récit de vie et qui pourrait nous faire du mal ? Pour Staiv, il faut d’abord comprendre ce qu’est l’égo, en tant que processus et mécanisme naturel de notre corps.
Si on n’avait pas cet égo, on ne pourrait pas faire face aux situations. Sans sens de soi-même, on ne pourrait pas se repérer ou se protéger. L’égo est vital, indispensable et naturel. Le problème de l’égo serait une dégénérescence de ce processus naturel, à travers nos souvenirs, nos traumas et nos conditionnements, qui le transformerait une espèce d’anxiété à part entière. Il deviendrait alors une identité à part entière, criblée de schémas limitants, et non plus un processus. Il faut faire la différence entre ces deux formes de l’égo.
Autrement dit, nous sommes une essence à la base. Au fil de nos expériences de vie, cette essence construit une carapace pour nous protéger du monde extérieur. Le danger, c’est lorsque cette carapace prend davantage de place que notre essence originelle.
A partir du moment où on s’attache à notre identité actuelle, on part dans le passé, on oublie le présent. Tout est impermanent : notre essence change constamment elle aussi. Être vigilant, moment par moment, permet de comprendre que nous ne sommes pas fixes et de pouvoir répondre aux situations de la meilleure manière dans une circonstance donnée.
Changer notre rapport à la mort pour apaiser l’égo
Une des manières d’embrasser totalement la vie pourrait être d’embrasser totalement sa mortalité. Toutes nos peurs sont liées à cette peur de la mort : l’égo ne fait que nous protéger du mieux pour nous permettre de survivre. Apaiser l’égo viendrait alors aussi d’un changement de paradigme par rapport à notre propre mortalité. Arnaud Dupin prend le problème à l’envers : son idée est plutôt de trouver les moyens de se détacher de son égo pour apaiser sa peur de la mort.
Pour Stéphane Rodrigues, il s’agirait plutôt de comprendre que les racines de la peur de la mort viennent de la peur de la souffrance.
Davy Gallon, quant à lui, aborde le sujet des méditations sur la mort qui aideraient à dépasser nos peurs.
Quelle évolution possible pour notre civilisation si on élève notre conscience ?
Chaque civilisation passe par des phases de chaos. Ce fut le cas pour les civilisations terrestres antérieures et déjà éteintes (Egypte, Cambodge, Amériques…), dont nous sommes la continuité aujourd’hui.
Nous avons vu que ces schémas de guerre, de violence et de pouvoir ne fonctionnent pas puisqu’ils ont mené à la chute de ces civilisations. Pourtant, on continue de les utiliser, tout en ouvrant des boîtes de Pandore avec la technologie du nucléaire et de l’atome. Aujourd’hui, on a la puissance pour fractionner et désintégrer des civilisations et la planète.
Y a-t-il un espoir de sortir de ces schémas ? Pour Staiv, il est possible que d’autres civilisations, dans d’autres mondes, aient réussi à dépasser cette phase de chaos, à sortir du cycle de la violence et de la guerre, en trouvant un état de conscience plus élevé.
De la même manière, peut-être que les humains dans 100 000 ans verront notre époque comme une période violente inimaginable et qu’ils nous trouveraient absurdes de ne pas partager nos ressources et de ne pas nous organiser pour éviter la guerre.
“C’est totalement possible dans ce monde et d’autres de s’organiser en tant qu’espèce pour vivre sans s’autodétruire.”
Comment utiliser la maîtrise technologique (matière) pour vivre en harmonie sur Terre les uns avec les autres ?
Nous parlons de la possibilité que, dans cent ans, on ait toute la technologie pour maîtriser les éléments de la Terre. Et dans 1000 ans, une autre civilisation viendrait pour maîtriser davantage, comme la gravitation, et ainsi de suite.
C’est une suite logique des choses : les civilisations anciennes possédaient elles aussi des technologies qu’on a perdues à la suite de catastrophes naturelles ou humaines.
Aujourd’hui, nous ne sommes pas loin dans notre maîtrise de capter des énergies de la terre ou de l’eau. Pour Staiv, cela prouve qu’il faut être optimiste, au-delà de l’ambiance pessimiste des médias : au niveau de la technologie, on a des outils pour s’en sortir et pour utiliser l’énergie autrement. Mais cela ne pourra être efficace que dans le cadre d’une collaboration et d’une avancée collective. Et si Staiv ne sait pas si elle se fera d’ici les prochaines années, elle finira par se faire tôt ou tard.
C’est à ce demander ce que nous deviendrons : à quoi l’humanité ressemblerait une fois ces technologies maîtrisées ? L’évolution la plus harmonieuse et la plus sage serait de trouver un chemin du milieu : de ne plus se dissocier avec la nature et de développer un mode de vie en harmonie avec elle, mais sans se défaire des outils technologiques. Dylan Rousselet va plus loin en émettant l’hypothèse que la technologie pourrait entrer en fusion avec la nature elle-même.
Mais quel que soit le chemin emprunté, il ne sera accessible qu’après une révolution totale de la pensée humaine.
Devrions-nous coloniser Mars ?
Sans changement de pensée, effectivement, puisque les humains se sont déjà colonisés, qu’est-ce qui les empêcherait d’aller coloniser ailleurs ? Si on part vivre sur Mars en faisant une énième multiplication de notre mode de vie, qu’est-ce qui empêchera les guerres de territoire ?
Mais si nous nous élevons, si nous changeons notre manière de penser, alors peut-être que lorsque nous serons prêts à aller vivre ailleurs, nous serons assez sages pour ne pas répéter les mêmes erreurs : partir non pas pour conquérir et dominer un nouvel environnement, mais plutôt pour vivre en harmonie dans un autre monde.
Sommes-nous seuls dans l’univers ? Que sont les Aliens (entités extra-terrestres) ?
A la fois dans son ressenti profond qu’au niveau de la probabilité étant donné l’échelle de l’Univers, Staiv est certain que nous ne sommes pas seuls. Ces entités seraient diverses : de formes de vie unicellulaire à des êtres plus avancés que nous.
Si son instinct lui dicte que ça existe, c’est à la fois parce qu’il sent qu’il reçoit des réponses lorsqu’il fait le vide en lui, mais aussi à travers des états de conscience modifiée qui permettent de voir des choses sous un prisme différent. Staiv a fait une conférence sur le sujet de ces états de conscience lors du Sommet du Mouvement et de la Santé Holistique, dont on peut voir un court extrait ici.
Mais que seraient ces aliens ? Une civilisation différente ? Ou au contraire, une espèce liée à la nôtre ? Pourrions-nous nous réincarner en alien après notre mort ? Ou sont-ils notre espèce mais dans le futur ? Quels outils utiliseraient-ils ? Seraient-ils purement énergétiques, purement éthériques ? Vivraient-ils dans d’autres dimensions ?
Avec Stéphane Rodrigues, on aborde l’éventualité d’autres entités qui pourraient exister au-delà de nous, notamment dans le cadre de la théorie de la simulation.
Peut-on accéder ou se réincarner dans d’autres consciences, âmes, ou vies passées ?
Nous sommes formatés par les religions et tout leur héritage culturel. Le concept des âmes sert à nous rassurer quant à notre mortalité, puisque ça nous transmet que notre âme va transcender notre corps physique pour se réincarner. Mais nos vies passées seraient-elles exactement les mêmes personnes que nous sommes ?
Pour Staiv, il faut encore et toujours se détacher de notre sens de l’identité. Si nous sommes l’âme du monde, nos réminiscences et souvenirs sont partagés par une conscience commune. Nous ne faisons qu’un avec le monde, nous sommes tous les humains qui ont été avant. Ce qui ferait en quelque sorte des êtres immortels puisque nous sommes tout.
Nous partageons diverses théories par rapport au déplacement de nos âmes/consciences : si tout est vibration et que collectivement, nous développons une espèce de champ vibratoire, une sorte d’égrégore, autour de la Terre, cela mène peut-être nos consciences à se déplacer de manière plus locale, autour de la Terre. Mais est-ce que ce qui est immatériel peut être régi par des lois physiques et géographiques ? Si la géographie n’est pas prise en compte, nos consciences peuvent alors peut-être se déplacer vers d’autres mondes et d’autres dimensions.
La symbiose avec l’intelligence artificielle serait-elle la prochaine évolution humaine ?
Encore une fois, place aux théories diverses : l’IA nous dépassera-t-elle un jour et deviendra-t-elle incontrôlable ? Ou serons-nous amenés à fusionner avec elle ? Pour Staiv, bien qu’attaché à la physiologie comme un concept suffisamment parfait en soi, préfèrerait éviter la fusion. Et en même temps, avec notre usage des technologies, notamment des téléphones, nous avons déjà établi une espèce de fusion, même si ce n’est pas encore corporel.
Mais cela soulève la question de l’utilité de cette fusion : serait-ce pour booster le cerveau et développer des capacités comme la télépathie ? Et dans ce cas, qu’en est-il de la relation avec le corps ? Va-t-on s’éloigner de la grâce du mouvement corporel ?
J’ai abordé le sujet avec Tamara Fernando qui pense que cela dépendra de ce que les êtres humains décideront de suivre, mais pour elle la réponse est claire : “Comment me sentir vivante avec une dématérialisation de mon corps ?”
En quoi l’art est-il nécessaire pour harmoniser nos consciences et nos vies ?
Et qu’en est-il de l’art ? Si on élève la conscience, l’art perdra-t-il de sa matière ou développera-t-on une espèce d’art immatériel qu’on ne pourra voir qu’avec ces nouveaux outils implémentés en nous ? Pour Staiv, il y aura peut-être une métamorphose et une évolution.
L’art est perçu de manière différente selon ce qu’on en fait. Dans mon cas, c’est à travers le corps que je fais de l’art, c’est mon vecteur pour transmettre une émotion, de connecter avec un état de flow, sans forcément passer par l’intellectuel. L’art intellectuel est beau, mais on a aussi besoin de son pendant, un art plus près du cœur, plus matériel.
L’art nous permet de nous exprimer et, puisque c’est une énergie créatrice, peut-être d’apaiser des pulsions qui elles seraient destructrices. Elle transmet une sagesse à travers le temps, elle connecte avec la nature, la décode, l’organise différemment pour qu’on puisse l’appréhender différemment. L’art offre une nouvelle perspective, une nouvelle vision de voir les choses au-delà de ce qu’elles semblent être.
Comment utiliser le pouvoir des émotions pour s’élever ?
L’émotion, c’est un langage du corps. Tout être ayant un corps physique pourrait être sensible aux émotions. Et les êtres plus élevés pourraient avoir une relation plus saine avec elles, pourraient interagir de manière plus harmonieuse. Chez nous, les émotions ne sont pas encore entièrement comprises : on ne sait pas comment être en harmonie avec elle sans tomber dans le piège de les réprimer.
Il faudrait peut-être utiliser les émotions comme un indicateur de ce qui se passe dans le présent. Les voir comme une autre intelligence corporelle, sans juger ce qui se passe. Accepter la vulnérabilité et accepter de se laisser toucher par la vie : comment ressentir le monde, comment recevoir des informations en restant fermé à ce qu’on ressent ? Ressentir n’est pas saisir ou s’identifier. C’est simplement se laisser traverser et relâcher.
Alex Tsuk utilise l’outil des bains froids pour aller à la rencontre de ses émotions et nous invite à se laisser totalement traverser par elles, à accepter entièrement leur existence et leur présence dans nos vies.
Quelles leçons Staiv a appris de sa blessure aux ligaments croisés cette dernière année et demi ?
Staiv tient à éviter les grands discours du genre “no pain, no gain”, “chaque épreuve te renforce” ou encore “transcende l’ennemi”. Comme dans toute épreuve, Staiv invite à faire preuve de clarté et à faire corps avec ce qui nous arrive. Il a conscience que plus l’épreuve est douloureuse, plus il est difficile d’y faire face, mais il est toutefois important d’accepter la situation telle qu’elle est, car c’est simplement la réalité.
Puisque Staiv était très identifié à son corps, puisqu’il s’agissait de son principal vecteur d’élévation, cette blessure a été une grande source d’éducation. Il a dû laisser cet ancien Staiv mourir et a saisi l’opportunité d’aller plus en profondeur dans lui-même. Nous ne sommes pas nos corps, que ce corps est mortel, que tout ce que nous aimons faire aujourd’hui, peut-être que nous n’en serons plus capables demain. La souffrance vient de ce sentiment de destruction de son identité : allons nous donc déplorer ce qu’on ne peut plus faire ou allons nous accepter le mouvement de la vie et ses évolutions ? Mehdi Jaouadi rejoint Staiv sur le sujet : être un athlète comporte des risques physiques, il faut se préparer à pouvoir rebondir et s’ouvrir à d’autres opportunités.
Et s’ouvrir à d’autres opportunités, pour Staiv, c’est aussi découvrir comment se mettre au service de quelque chose d’universel, au-delà de blessures bien minuscules à l’échelle de l’univers. La mort d’une partie de soi est la renaissance d’une autre.