La vie de digital nomad est-elle faite pour tout le monde ?
Le rapport avec la vie à l’étranger est unique pour chacun : non seulement ce n’est pas pour tout le monde, mais en plus il y a différentes manières de l’aborder.
Eric et moi avons par exemple deux approches du voyage différentes :
- Eric préfère partir de temps en temps à l’étranger et garder un QG en Suisse car il se sent mieux chez lui plutôt que dans la vie de digital nomad.
- Pour ma part, je préfère partir sans hésitation de longs mois dans d’autres pays pour m’y installer.
Aux curieux qui se demandent si la vie de digital nomad leur plairait, nous leur répondons de foncer l’expérimenter pour qu’ils puissent tirer leurs propres conclusions et découvrir si c’est la vie qu’ils souhaitent mener.
Y a-t-il des bienfaits de rejoindre des hub de nomades digitaux comme Bali ou Tulum au Mexique ?
Nous tombons d’accord: cela dépend des villes.
J’en avais déjà parlé avec Thomas Molina, mais puisque j’ai vécu un temps dans la ville de Canggu, à Bali, je donne un avis tranché sur cette ville très prisée par les entrepreneurs: beaucoup de “paraître” et une grande difficulté à se connecter avec les autres. Même si nous travaillons tous en ligne, ça ne veut pas dire que nous faisons tous un travail avec un impact. C’est parfois très orienté vers soi, et ce n’est pas ce avec quoi je connecte le plus.
Eric non plus n’a pas aimé l’ambiance de Canggu qui lui a donné l’impression que beaucoup de monde va là-bas pour réussir, ce qui induit une grande difficulté de faire confiance aux autres et donc de développer une envie de collaborer avec les autres, ça n’inspire pas confiance.
Par ailleurs, Eric aime l’ambiance de travail qui a lieu dans les coworkings. Et si elle existe à Bali, l’ambiance reste globalement très chill : c’est facile de peu faire là-bas. Cela ne correspond pas totalement aux besoins d’Eric qui a envie de maintenir sa discipline via une ambiance studieuse.
Quelle a été l’évolution d’Eric avec les notions de discipline, d’inconfort, et d’anti-fragilité ?
Pour répondre, Eric nous raconte le marché qu’il avait passé avec ses parents à la fin de ses études : il pouvait être nourri et logé chez eux mais il avait dix mois pour faire fonctionner son business en ligne avant qu’ils ne lui disent de trouver un moyen de gagner de l’argent autrement. Cette pression vis-à-vis de lui-même et de ses parents l’a conditionné à travailler énormément pour que ça marche. Mais à l’époque, il avait un mode de vie plutôt équilibré avec sa vie personnelle. Le déséquilibre est arrivé en 2021 quand il a davantage travaillé après sa rupture, ce qui l’a mené à s’épuiser. Aujourd’hui, il veut être le moins stressé possible et apprend à se dire que ce n’est pas grave si une vidéo sort trop tard ou si tout n’est pas parfait.
Je résonne avec ce qu’il dit. Même si travailler dur est nécessaire pour avancer, le danger est d’associer cela à son identité et de se sentir mal quand on en fait moins.
Nous parlons alors de temps libre : est-ce une volonté propre d’en avoir plus ou un conditionnement extérieur ?
Eric nous raconte comment il s’est détaché de la pression extérieure. Pour lui, tout est parti d’une quête de sens : “Pourquoi je fais les choses ? Quel est mon but ?” Puisque maintenant il connaît la direction dans laquelle il veut aller, il sait qu’il y arrivera, peu importe quand est-ce qu’il y parviendra, peu importe la pression extérieure.
“Moi je m’en fous si on me voit en mode “ah mais Eric il travaille trop”, moi quand j’entends ça, ce que j’entends c’est “moi je ne pourrais pas travailler autant”. L’équilibre au travail, c’est complètement subjectif !”
Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui va nous dire comment gérer notre vie : il faut faire les choses pour soi au lieu de le faire pour les autres – même pour ses proches !
Comment faire abstraction du conditionnement externe pour définir sa propre manière de vivre sa vie ?
La première étape est de réaliser que personne ne nous empêche de penser ce que nous voulons. Il est important de prendre le temps de s’arrêter et de réfléchir à ce que l’on veut. Eric nous conseille d’écrire ses engagement sur une feuille et de signer à la fin. Ainsi, nos idées deviennent matérielles, tangibles, elles existent ailleurs que dans notre tête. Si on ne respecte pas son accord passé avec soi-même, ça fait mal. “Si je me mens à moi-même, comment je peux avoir confiance en moi ?”
La responsabilisation, le passage à l’action, le fait de ne pas se trahir sont des points pivots pour avancer.
Mais chacun possède sa vérité : on peut passer des années à la trouver et on ne peut pas l’imposer à quelqu’un d’autre. Cette personne ne pourra peut-être pas l’entendre, la comprendre ou même l’accepter dans sa vie. Il faut la trouver pour soi.
Comment utiliser le travail du corps comme vecteur de développement personnel ?
L’outil physique est, pour moi, l’outil le plus simple et le plus efficace pour booster l’estime de soi et pour développer son dialogue interne de “je suis capable de”.
Pour Eric, c’est pareil. Pour Eric, sa pratique a d’abord été poussée par des considérations esthétiques, puis il s’est ensuite dirigé vers la quête de compétences toujours plus élevées. Il était donc en quête de contrôle sur lui-même, tant dans le domaine esthétique que de la performance. Il a donc commencé pour les autres, avant de le faire pour lui-même après quelques années.
Pour lui, le sport lui a permis de tout trouver, tant dans l’approche du progrès, de la longévité que de l’effort. Travailler longtemps un minimum apporte de nombreux bienfaits.
Quel outil Eric utilise-t-il pour faire un travail d’introspection et grandir personnellement ?
Il utilise l’écriture de manière “régulière ponctuelle”, c’est-à-dire quand ça ne va pas, quand il a une perte de sens, quand il s’égare sur son chemin.
Il nous explique l’une de ses dernières sessions où il a remis en perspective sa définition de la productivité. Pour lui, elle ne doit pas être établie seulement dans le travail, mais aussi dans les relations. Cela lui a permis de réajuster sa trajectoire et de voir quoi prioriser dans sa vie.
C’est aussi Fabien qui donne une grande place à l’écriture dans sa vie et qui nous parle de son processus d’écriture. C’est aussi un outil cher à Prosper Matussière qui nous dit poétiquement : “Les mots soignent nos maux”.
Qu’est-ce qui motive Eric à s’élever ?
Eric est très intéressé à l’idée de trouver d’autres pratiques et d’apprendre de nouvelles choses pour grandir personnellement. L’une de ses motivations est de pouvoir alimenter ses contenus de podcasts : explorer et grandir font en effet partie de son travail.
Sa seconde motivation, c’est de pouvoir transmettre et inspirer les autres. “On doit se nourrir pour nourrir les gens autour.”
Nous parlons de ce sentiment d’être un vecteur de passage pour les autres, tout en soulignant l’importance de rester humble à ce propos car les connaissances que l’on sait sont bien peu dans tout ce qui existe : ceux qui écoutent, écoutent, ceux qui ne veulent pas, tant pis.
La notion de transmission est un sujet largement abordé dans le podcast, que ce soit avec Jérémy Coron ou encore Staiv Gentis : il est important de trouver le moyen de s’élever soi pour élever l’humanité avec nous.
Quels sont les nouveaux outils et pratiques qu’Eric souhaite intégrer encore plus à sa vie ?
- L’exposition au froid : pour cela, il s’inspire de Wim Hof. Les douches froides, les bains hivernaux dans des lacs sont utiles d’un point de vue psychologique. Il n’y a pas d’accoutumance à l’inconfort et le fait de répéter ces pratiques le convainc qu’il est capable de faire des choses désagréables régulièrement. Léonardo Pelagotti, instructeur Wim Hof, nous parle plus longuement de cette pratique et des moyens à mettre en place pour progresser.
- L’endurance : il a envie de se tourner vers le cardio-vasculaire en s’inscrivant à un marathon pour s’y préparer.
- La méditation, qu’il associe à la pratique du froid.
- La danse: le mouvement du corps dans l’espace l’intéresse, que ce soit via les animal flow, mais aussi la danse, comme la bachata.
Quels sont les bienfaits d’explorer la partie plus yin, énergies féminines, avec la danse pour la confiance en soi, la séduction, le rapport au sexe opposé ?
La danse permet de travailler sur plusieurs qualités : la posture, la sensualité, la relation à l’autre, le fait de prendre soin de quelqu’un et le mettre en lumière.
Nous abordons plusieurs pistes de réflexion sur les différents styles de danse :
Eric a justement envie de chercher vers ces danses “yin”, vers la fluidité et la douceur. Il mentionne la plateforme Steezy qui permet de prendre des cours en ligne et d’explorer les différentes variétés de danses. Mais pour lui, l’intérêt est surtout de prendre des cours en physique pour rencontrer d’autres personnes. Nous sommes d’accord sur ce point : c’est mieux d’apprendre en réel car la danse, c’est aussi l’accès à une culture qu’il est difficile d’appréhender en ligne.
Par ailleurs, il faut l’avouer, la plupart des hommes commencent la danse pour les femmes. La danse permet une communication avec le corps avec le sexe opposé et pousse à un équilibre entre les énergies (Je m’impose et je te laisse imposer).
Quel est l’importance du sentimental pour améliorer sa santé mentale, et créer une expérience de vie plus épanouissante ?
La notion de solitude est subjective : on peut être entouré et se sentir seul, ou être seul chez soi et se sentir épanoui. Les regrets sur le lit de mort sont surtout sociaux : les gens regrettent de ne pas avoir passé suffisamment de temps avec leurs proches.
Toutefois, l’expérience sociale doit être qualitative et pas forcément quantitative. Pour Eric, il est crucial de bien choisir son environnement et son cercle d’amis. Cela vaut aussi pour la vie sentimentale, même s’il lui trouve davantage d’importance : pour lui, faire +10 en vie professionnelle ou en apprentissage ne vaut pas +0.1 en vie sentimentale. S’améliorer n’a plus autant d’importance si ce n’est pas partagé.
Les relations sentimentales permettent de remettre en question ses habitudes de vie surtout si elles sont solitaires, de renouer avec l’émotionnel et de voir ses relations familiales sous un nouveau jour par exemple. Elles permettent de se reposer les bonnes questions : Est-ce que ce que je fais vient du cœur ou est-ce du conditionnement ? Suis-je connecté émotionnellement ?
Comment concevoir un rapport plus sain à la Mort ?
Eric nous confie penser régulièrement à la mort, sans forcément en avoir peur
“La mort, c’est ce qui crée tout l’enjeu de la vie, c’est le cadre ultime sans lequel il n’y aurait aucune émotion et aucune action. Il se passerait rien, on n’aurait aucune motivation intrinsèque de faire quoi que ce soit, car il n’y aurait pas d’enjeu.”
Même sans background spirituel, Eric nous prouve qu’on peut s’y intéresser et comprendre comment mener une vie qui évite les regrets sur son lit de mort.
Comment se préparer à la mort et au deuil de ses proches ? Les outils pour retirer la peur de la mort.
Eric nous parle de la dimension de la mort qui le frappe, à savoir celle de ses parents. Il nous parle d’une estimation : dès le départ de la maison familiale, si nous calculons combien de fois par an nous voyons nos parents par rapport aux années qu’il leur reste à vivre, combien de temps nous reste-t-il avec eux ? Parfois, il peut s’agir de 90 jours par rapport aux 18 premières années avec eux tous les jours.
Cette estimation lui a fait se rendre compte que la vie qu’il a avec ses parents est à sa fin. 90% sont passés, il ne lui reste que quelques %. Et une fois que c’est trop tard, c’est trop tard. “Une fois que tu t’en rends compte, il faut agir”.
Après avoir lu des livres et visionné des podcasts sur le deuil, il essaie maintenant de faire des choses avec eux individuellement. L’idée est de créer des relations d’adulte à adulte et plus seulement d’enfant à parent. C’est aussi la démarche de JB Bourgeois qui aime partager des moments avec eux et les enregistrer pour avoir une marque, un témoignage de ce moment d’intimité passé ensemble.
J’interviens en mentionnant comment ma maman nous a sensibilisé très jeune ma soeur et moi à la mort : elle nous faisait toujours comprendre que les plans établis pour le lendemain étaient incertains. Nous les ferions seulement si nous étions en vie. Elle nous parle elle-même de sa vision de la mortalité qu’elle a hérité de sa culture nord-africaine et de l’importance de l’accepter pour vivre une vie en présence.
Les écrits de Musashi m’ont également profondément marqué : il disait méditer tous les jours sur sa propre mort et celle de ses proches en visualisant tous les scénarios. Comment cela se passerait si untel mourrait ? Malgré l’aspect morbide, cela permet de renouer avec le côté précieux de la vie et de ne pas s’effondrer quand il y a un accident. David Gallon nous parle lui aussi de ces méditations sur la mort qui nous aideraient à dépasser nos peurs.
Comment concevoir le rôle de père et l’éducation des enfants ?
Pour Eric, fonder une famille est un objectif de vie. Façonner un autre être humain est une responsabilité incroyable qu’il souhaite vivre.
Mais il refuse encore de penser à la manière d’élever un enfant parce que trop de choses changent : pour le moment, il sait simplement qu’il voudra faire de son mieux, reprendre les meilleures choses de son éducation en apportant sa touche à lui et lire des livres sur le sujet pour être prêt. Bref, il souhaite laisser le temps au temps !
Plusieurs mouvers abordent leur vision de la parentalité, de Julien Lepage et la notion d’exemplarité qu’il met au centre de son éducation, à Jérémy Coron qui aborde la problématique d’être un papa entrepreneur et sa manière d’enseigner à son enfant à apprendre, ou même Evodie Koolstra qui nous parle d’élever son enfant dans la confiance.