Dans cet extrait de mon épisode de podcast avec Martin Hass, au sujet de la pratique du mouvement et notamment sur comment commencer son entraînement au mouvement.
On revient sur nos expériences en tant qu’élèves de la Méthode Ido Portal et pourquoi on a décidé tous les deux de s’en détacher.
Un des problèmes de l’enseignement du Mouvement est parfois sa complexité inutile, sa difficulté d’accès pour les personnes du quotidien, et le manque d’attention donné à l’importance de construire des fondations solides.
C’est l’occasion pour toi de découvrir une idée à contre-courant du mouvement comme il est portrait sur les réseaux sociaux par deux élèves et pratiquants de longue date.
Très bonne lecture mon mouver.
Avant de faire du Mouvement, on a besoin de fondations solides peu souvent enseignées…
L’importance de la Force
MARTIN : L’importance de travailler sa force est vraiment un aspect du Mouvement que je tiens à souligner auprès des personnes, aussi bien au travers de mes réseaux que de mes cours en présentiel !
C’est pourquoi à présent, je propose des cours uniquement dédiés au travail de la force, cours dans lesquels, durant l’échauffement, je fais en sorte d’y inclure du Mouvement, pour que ça reste tout de même ludique pour les apprenants.
Ce que je précise aux personnes, c’est que la force est la base indispensable qui va te permettre de faire après des mouvements qui sont plus ludiques.
Si tu n’es pas en capacité de pousser un peu, tu ne pourras pas faire un Lézard !
SLIM : Impossible !
MARTIN : Ou même faire une pompe !
Selon moi, la dérive de la médiatisation de la Movement Culture et ce n’est pas du tout la faute d’Ido Portal parce que lui, dans sa pratique, il est dans la démarche opposée,
C’est qu’une grande partie du public appréhende la pratique du mouvement comme du divertissement !
Ainsi, ils débarquent en cours de Mouvement avec cette idée de : “Je viens et il faut qu’à chaque cours, ce soit différent…”
Mais en fait, NON, ça ne fonctionne pas comme ça…
L’importance de la Répétition
Normalement, pendant six semaines, tu fais le même exercice avec ta balle contre les murs, tu boxes ta balle, t’en chies pendant six semaines et puis comme ça au bout de six semaines tu es “à peu près” en mesure d’effectuer le mouvement correctement !
Le public voit énormément de mouvements différents, du coup il pense que, quand tu pratiques le Mouvement, tu fais des trucs différents chaque jour, mais en fait, tu fais des mouvements différents sur douze mois…
Sur douze ans !
SLIM : Oui, j’allais plutôt dire, sur douze ans effectivement !
MARTIN : Si tu prends l’exemple d’Ido Portal, maintenant je pense qu’il doit avoir dans les quarante-cinq ans environ, mais en fait, sa personne aujourd’hui est le résultat de plus de trente ans de pratique physique…
Pendant dix ans, il n’a fait que de la Capoeira, après il n’a fait quasiment que de la Gymnastique pour développer la force etc.
Comme des strates en géologie !
Ce n’est pas juste un mélange comme ça, tu prends plein de trucs et tu mets tout d’un coup ! Ce n’est pas possible, sinon tu fais un peu de tout, mais mal…
SLIM : Exactement, c’est très important, l‘accumulation progressive sur une longueur de temps.
MARTIN : C’est aussi pour cette raison que je ne me revendique plus d’Ido Portal dans ce que je propose, parce que les personnes, au travers des réseaux sociaux, ont une vision un peu trop déformée selon moi de ce qu’est la Movement Culture.
SLIM : Amen !
La différence entre les réseaux sociaux et la pratique réelle du Mouvement
MARTIN : Ils viennent chercher chez moi une vision déformée qui, bien entendu, ne correspond pas à ma vision. À présent, il y a une confusion générale ! En particulier sur ce qu’est une pratique du Mouvement.
SLIM : Exactement ! Tu rejoins la tribu des exilés, en ma personne également !
MARTIN : Les Ronin !
SLIM : Ce n’est pas une critique de la Movement Culture car il n’y a que des bons, moi j’ai beaucoup d’amis qui sont encore là-dedans et il n’y a aucun problème !
Mais ceux que tu ne vois pas, c’est aussi ceux qui s’en sont détachés pour des raisons qui sont celles que tu évoques !
Parfois, il y a une séparation qui se crée entre le Message et le Messager…
Le discours de base du fondateur ou du créateur, en l’occurrence ici, en la personne d’Ido Portal et le message qui est ensuite capté et véhiculé !
Dans d’autres pratiques, c’est exactement pareil, les maîtres yogis, les maîtres en judo, par rapport ensuite à l’application de leur philosophie par certains de leurs élèves !
Pour ma part, dans mon expérience, ça a aussi été mon cas, j’ai compris qu’au bout d’un moment, il fallait me séparer de cette culture, si mon objectif était d’apporter ma propre approche de la pratique physique.
C’est arrivé à une phase de mon développement dans laquelle j’étais combattant professionnel et donc mon objectif prioritaire était d’éviter de me blesser, comprendre davantage les faiblesses de mon corps et objectivement, mieux performer !
Il y a plein de bonnes choses que j’ai pu extraire de cette Culture du Mouvement, avec lesquelles j’ai pu jouer, mais, j’avais une approche très rigoureuse de la discipline !
C’est pourquoi, quand des collègues ou des personnes me voyaient m’entraîner et voulaient en apprendre davantage, je leur disais :
“Mec, moi, ce que je peux te dire ou ce que je peux t’offrir, c’est ce côté-là, si t’es combattant et que t’as les mêmes dynamiques que moi, viens on va faire ça… Après, si t’es quelqu’un qui veut faire un peu du”touche-à-tout”, moi ce n’est pas possible que je t’offre ça !”
Je vais toujours avoir cet aspect “graduel” et cette nécessité de “fondations solides” dans ma tête, qui me fait constater que la personne n’est pas encore prête,
Qu’elle doit d’abord faire des pompes, faire des squats, faire des tractions, essayer de déverrouiller ses hanches…
En effet, si tu ne peux pas te mettre en squat, tu ne vas pas être en mesure de faire une marche de singe ! Ce n’est pas possible !
Après, chacun a sa rigueur et ses impératifs !
Pourquoi est-ce difficile d’enseigner le Mouvement ?
Je porte le même regard que toi, comme d’autres également, après je sais aussi que certains ne peuvent pas être aussi catégoriques, notamment ceux qui ont des établissements, des salles, des studios…
Car ils sont tenus par l’impératif financier, la nécessité de remplir les cours.
J’ai un pote qui a créé sa salle et qui est dans cet impératif-là !
Il me dit : “Oui, c’est cool, c’est bien, ça attire des gens, malheureusement quand tu leur fais un cours et qu’en fait tu as 90% des élèves qui ne peuvent pas faire une traction, en fait tu oublies ce cours-là, tu es obligé de faire autre chose…”
Même si toi tu as une vraie volonté d’éduquer les gens et de leur dire que derrière toutes ces choses un peu “fancy” qu’ils peuvent voir sur les réseaux sociaux,
Il y a une vraie pratique physique à intégrer, à appréhender, qui passe notamment par la redécouverte de son corps !
Et la redécouverte du corps passe par la force, par la mobilité articulaire, par les schémas moteurs, par la coordination, par la biomécanique…
Redécouvrir son corps, c’est apprendre à piloter son véhicule !
Comme tu le dis Martin, ça ne fonctionne pas comme ça, ce n’est pas un truc que tu vois une fois, que tu peux être en mesure de refaire !
Si c’était aussi simple…
Maintenant, le fitness et la musculation sont tellement banalisés, que même un gars du quotidien peut te dire ce qu’est un “développé couché”, c’est un mot qui est devenu très commun !
Voulà pourquoi les personnes se disent probablement que ça doit être pareil avec le Crossfit, avec le Jiu-Jitsu Brésilien… “J’ai juste à y aller et après c’est bon, c’est facile !”
Mais, mettre un triangle à quelqu’un, ce n’est pas commun, ce n’est pas un étranglement qui se fait facilement, ça nécessite des heures et des heures de pratique et de répétition…
J’avance dans ton sens et si je peux émettre aussi une petite critique constructive dans l’enseignement, c’est ça aussi,
L’importance de prendre en compte la réalité des choses qui vont être demandées par la vie et qu’il n’y ait pas un fossé avec ce que le professeur va être en mesure de proposer…
Pourquoi quitter la Movement Culture pour créer sa propre approche du Mouvement ?
Trouver son authenticité et sa propre voix / voie
MARTIN : Pour revenir sur ce que tu disais, le fait que toi aussi, à un moment donné, tu as senti que ce que tu voulais proposer était différent, tu vas me dire si ce que je que je m’apprrête à te dire, tu te retrouves dedans…
Pour ma part, je sais qu’à un moment donné, aussi, il m’est impossible de me définir par rapport à quelqu’un d’autre…
SLIM : Amen !
MARTIN : Je ne vais pas passer des années à communiquer : “Viens chez moi parce que je suis un descendant, un perroquet de quelqu’un d’autre…”
Alors, d’un point de vue “marketing” ce n’est peut-être pas l’angle le plus intelligent, mais en tout cas, c’est celui qui correspond le plus à ma personne. !
Quelquefois, j’ai un peu l’impression que les personnes qui sont vraiment proches d’Ido Portal, depuis très longtemps, sont très bons, mais ne sont que des haut-parleurs qui sont branchés sur Ido Portal…
SLIM : Exactement !
Le danger de devenir un gourou du mouvement
MARTIN : La critique que j’émets de manière constructive à l’encontre de la Movement Culture est que dans la volonté de faire de l’activité physique, quelque chose d’un peu plus “consistant” et “profond”,
Parfois, ils tombent un petit peu dans l’extrême…
C’est-à-dire de faire d’un truc simple, quelque chose de compliqué !
Je vais illustrer davantage mon propos en citant le grand Bruce Lee, qui disait :
“Avant de commencer à pratiquer, je pensais qu’un coup de pied, n’était qu’un coup de pied et un coup de poing, n’était qu’un coup de poing. Après avoir pratiqué j’ai compris qu’un coup de pied était autre chose qu’un coup de pied et qu’un coup de poing était autre chose qu’un coup de poing. Et quand j’ai enfin maîtrisé mon art, j’ai compris qu’un coup de poing n’était qu’un coup de poing et qu’un coup de pied n’était qu’un coup de pied !” ~ Bruce Lee
J’ai l’impression que c’est exactement ça avec le Mouvement !
Je caricature, avant, tu faisais du fitness puis tu découvres le Mouvement et là tu te dis : “Wooow, j’ai découvert une autre dimension…”.
Tu es Neo dans Matrix !
Et en fait, au bout d’un moment, tu redescends, tu te dis que ça va, finalement, tu ne fais”que”des mouvements au sol…, mais il ne faut pas non plus en faire des caisses !
SLIM : Amen ! Amen ! Moi, je suis partisan de ça !
Et pour aller dans ton sens, pour ma part, d’expérience, les choses que tu maîtrises de plus en plus t’amènent naturellement à essayer de les comprendre plus en profondeur…
Par exemple, ce que me disait à l’époque mon coach en boxe, était parfois beaucoup trop ésotérique pour moi… Pourquoi ?
Parce qu’à cet âge-là, je commençais à peine à saisir mon expérience de vie sur cette Terre !
Là où, si je fais cinquante ans de boxe, au bout d’un moment, je vais atteindre la portée de ses propos, c’est pareil avec le mouvement et avec tous les autres domaines !
Un gars qui a passé trente ans à pratiquer une discipline, qui lit absolument tout ce qu’il y a à lire sur la littérature, sur le corps, sur la physiologie, sur la philosophie qu’il y a autour de cette discipline,
Oui c’est normal qu’il ait in fine, une compréhension très dense et très puissante sur la relation à son corps !
Apprendre à apprécier le processus et ne pas s’attacher aux résultats
C’est comme un cancérologue qui est pointilleux sur le dernier possible traitement, là où l’étudiant en première année de médecine, capte à peine le fonctionnement des cellules, les notions de base.
Et il n’y a pas de mal, ça fait partie du processus !
Et j’ai également cette impression que pour l’univers du Mouvement, le public désireux de pratiquer a cette propension à vouloir brûler les étapes, en sauter certaines.
Il n’y a pas de mal à être un débutant et à se dire simplement : “Moi, ce que j’aime, c’est le côté cool, le côté fun !”.
C’est comme arriver aux arts martiaux et dire : “Moi ce que j’aime, c’est la bagarre !”.
Moi-même, maintenant, je suis encore là-dedans, alors que j’ai lu Bruce Lee et que j’adore les messages qu’il véhicule, que je trouve magnifiques !
Avec les années, tu comprends que tu résous des blessures internes, qu’avant tu cherchais la validation extérieure et que maintenant tu fais davantage le travail pour toi, que ça t’apporte du courage, de l’estime de toi etc.
Mais, il n’empêche que j’aime toujours la bagarre, j’aime me battre et il n’y a pas de mal en fait à être toujours comme ça !
C’est vrai que parfois on peut se perdre, on peut vouloir sauter des étapes, surtout dans quelque chose qui est artistique…
Ça, ça se voit beaucoup, avec les peintres, les chanteurs ou les danseurs !
Si tu as découvert l’aquarelle hier, il n’y a pas de mal, tu peux commencer à en faire plusieurs années…
Peut-être que ton objectif va paraître dérisoire pour un grand maître en peinture, qui va se dire que tu es “trop dans l’ego” mais ce n’est pas grave, vis pleinement cette expérience !
Je pense qu’il y a un impératif de vivre juste en se nourrissant de quelque chose qui est très court terme, avec simplement l’envie d’apprendre et l’envie de faire…
Si ensuite ça t’amène trente ans après, à avoir des réflexions métaphysiques sur l’univers…
Pourquoi pas ?
Mais, il n’y a pas de mal aussi, à simplement faire du Crossfit pour faire du Crossfit, à faire de la musculation parce que t’aime bien “bourriner” des poids…
Cultiver la Simplicité dans sa pratique physique et la relation à son corps
C’est pour ça que j’aime beaucoup l’honnêteté qu’il y a dans la musculation, dans le Bodybuilding, où les mecs disent clairement : “Mec, moi j’ai envie de sculpter mon corps, mais d’une manière… J’ai envie d’être un Dieu grec !”
Quand tu arrives justement dans la Movement Culture la première fois, tu sais, c’est un peu ce côté où tu te dis qu’il faut tout remettre en question, tout ce qu’il y a eu avant,
Parce que finalement tes disciplines passées sont nulles car basées sur l’esthétique, la compétition ou le court terme…
Non !
Déjà, tu ne connais pas tout le monde, tu ne connais pas tous les pratiquants de la Movement Culture !
Et ce n’est pas la pratique mais le pratiquant qui trouve ce qu’il a envie de chercher aussi…
Pour revenir à l’exemple du mec qui aime sculpter son corps, dans mon entourage, j’ai des amis bodybuilders et ce sont en même temps des yogis très doués, des mecs qui prennent de l’Ayahuasca, ce sont des mecs méga cosmiques,
Mais les gars ils disent :”J’adore regarder mon triceps parce qu’il fait la taille d’un camion !” et en même temps, ils font des Handstands, des Savasana, des grands écarts et ils sont très épanouis !
Voilà, donc je te rejoins à fond sur cet aspect que l’on a une expérience ici qui est commune à tout le monde et qu’il n’y a pas nécessairement besoin de complexifier les choses !
Retrouver du plaisir et de la joie dans sa pratique
MARTIN : Grave ! Comme tu le précisais, des fois il faut simplement se dire : “Pourquoi tu fais ça ?” –> “Parce que je kiffe !”.
Ce que j’aime bien dire à mes élèves quand on travaille l’équilibre sur les mains, c’est leur donner cette image : “Oui, c’est bien la proprioception ça te replace dans le contexte d’un enfant qui apprend à marcher parce qu’en fait tu inverses toute ta structure…”
En vrai, c’est surtout fun !
C’est pour ça qu’on le fait, si c’était chiant, on ne le ferait pas, on ne s’imposerait pas tous ces efforts !
Et pour ne pas oublier, pour ces personnes qui ont un travail et des contraintes, ce temps-là de pratique physique est un temps de vie dédié à leur plaisir ! Donc, il n’y a pas besoin d’y mettre des couches de complexité …
Par contre, comme le dit Ido Portal et ça, j’aime beaucoup : “It doesn’t have to be fun, to be fun”,
“Ça n’a pas besoin d’être amusant, pour être amusant” ~ Ido Portal
Et ça, je pense que c’est important de bien le garder en tête !
SLIM : Je vais aller dans ton sens avec une citation qui va dans ce dans cette dynamique qui est : “Never leave the playground !”
“Ne quitte jamais le bac à sable !” ~ Ido Portal
Autrement dit, “N’arrête jamais de jouer !”.
Pour moi, cette citation est une perle qui m’a déboîté l’esprit, que je garderai à vie et que j’essaie simplement d’appliquer à ma sauce !
Ça conclut un nouvel extrait de podcast pour plonger encore un peu plus dans l’Univers de la Movement Culture.
Un point important à retenir, si tu es dans ce cheminement vers le regain de contrôle sur ton corps, tes mouvements, ta santé, commence simplement par faire des choses que tu aimes.
Donne-toi le temps de pratiquer et d’apprendre.
Laisse le temps au temps !
Il n’y a rien d’important dans cette vie qui ne prend pas des années à acquérir, accomplir, comprendre, ressentir…
Que ce soit la pratique physique, la méditation, la paix intérieure, l’alimentation, le moment présent, la conscience de soi, l’estime et le courage…
Toutes ces belles idées qu’on entend en permanence sur les réseaux sociaux…
Ce sont des choses difficiles à accomplir ! Il n’y a pas de raccourcis !
Prends ton temps et vis chaque étape de ta transformation pleinement.
Merci de ton attention mon mouver.
Abondance et Gratiude,
Coach Nomad Slim
MOUVERS, Vivre en Mouvement
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