Comment s’est créé Brennos (barres protéinées, superfood…) ?
Brennos est une marque de compléments alimentaires vegan français que Brian a fondé avec Romain Landois (EP. 86).
Leur marque était originellement à destination des athlètes. Son premier slogan était d’ailleurs “Superfood for athlets”, qu’il a fini par retirer quand une nouvelle clientèle, venue des magasins bio, est arrivée. L’idée derrière Brennos est d’améliorer la performance, qu’elle soit physique ou cérébrale. “Ce qui est bon pour un athlète est bon pour tout un chacun !”
Brian raconte que le processus d’acceptation du concept a été long car ils sont arrivés avant la mode du bio et du vegan. Ils ont commencé grâce à leur réseau de coaching et la confiance que quelques salles de sport leur ont accordé. Brennos a explosé grâce à la mouvance Crossfit, qui a amené beaucoup de choses dont le régime paléo (nourriture de l’homme des cavernes, non transformés, produits originels, crus ou peu cuits). Leurs barres pouvant être considérées comme paléo, ça a aidé.
Comment le Crossfit a influencé positivement la culture du mouvement/mobilité ?
Même si le Crossfit est très critiqué, il a fait beaucoup pour la culture du mouvement. Son message de base était qu’on pouvait tout faire dans le mouvement. Les premiers clients qui sont venus me voir ont d’ailleurs été les crossfiteurs, car ils connaissaient tout le vocabulaire de la mobilité notamment.
Brian n’est pas crossfiteur mais reconnaît la pluridisciplinarité, l’organisation et la synthèse de cet univers. C’est un point d’ancrage pour ensuite se diriger vers d’autres disciplines qui l’intéressent.
C’est une vision que partage Alain Couturier, lui qui a commencé sa pratique physique par le Crossfit et dont il confirme qu’elle a été une porte d’entrée au reste de l’univers du mouvement qu’il se plaît à explorer.
Pourquoi 90% des personnes intéressées par le dev perso ne savent pas ce qu’est la méditation ?
Je mentionne quelque chose qu’on m’avait dit un jour “Il faut désacraliser la méditation”, c’est-à-dire la rendre plus simple, et demande à Brian ce qu’il en pense.
Il souligne deux choses :
- Certes, il est intéressant de simplifier et synthétiser, mais une bonne synthèse n’est pas réductrice. Il faut connaître le détail de chaque chose pour bien synthétiser.
- Désacraliser ? Peut-être, cela dépend surtout à qui on s’adresse car chacun a un potentiel différent.
Brian a très tôt été initié à la spiritualité et à l’ouverture d’esprit, ayant grandi en Chine et dans divers autres pays. Pour lui, la méditation est souvent réduite à une méthode (alors que, pourtant, il en existe plusieurs !). Une personne qui se cantonne à une manière de méditer et qui croit que c’est cela la méditation ne sait, en fait, pas méditer. Ils ont une pratique, mais ce n’est qu’une partie d’un tout. Ce n’est pas la base. Pour Brian, la méditation fait partie d’un ensemble complet qui englobe plusieurs autres domaines et va au-delà d’une simple technique de relaxation.
Quelle est l’approche de Brian du développement personnel à travers Spirfit ?
Le risque avec le développement personnel, puisque son appellation est si vaste, c’est de s’y perdre. Pour éviter cela, Brian essaie d’apporter de la clarté en définissant précisément ce qu’il fait. Il préfère d’ailleurs parler de développement humain pour définir cette recherche d’élévation et d’épanouissement. Après tout, tout ce qui est vivant cherche à croître, à s’élever et à progresser.
Le développement personnel, pour lui, doit se décliner en trois parties : la tête, le cœur et le corps, autrement dit le monde des idées, des émotions et le monde physique.
A travers sa communauté Spirfit, Brian va aller toucher ces trois points en commençant par se poser des questions sur la manière de maximiser ses idées, ses perspectives de vie, toute sa psyché comportementale et son potentiel physique.
Pour progresser, il faut aller chercher ses extrêmes. Faire de l’hormèse holistique: surcompenser, récupérer, et ainsi de suite. Pour comprendre la notion d’hormèse sur laquelle on revient souvent dans ce podcast, il existe deux épisodes sur le sujet avec Pierre Dufraisse (EP. 23) et David Tan (EP. 26).
Le but étant d’atteindre à la fois vitalité (corps), joie et bonheur (cœur), clarté et clairvoyance (tête), selon des principes qu’il emprunte à la théosophie.
Il nous donne quelques exemples de la manière de s’occuper de la partie “tête”, notamment avec la concentration et l’investigation (aller chercher, étudier, etc). Quant à la partie “corps”, il nous parle de respiration, de froid et autres pratiques sportives.
Pourquoi la souffrance amène à progresser et à se développer humainement
Certaines personnes pensent qu’expérimenter la vie à travers les extrêmes n’est pas nécessaire pour vivre une vie digne d’être vécue. Je lui demande quelle serait son approche en tant que coach pour répondre à cette vision-là.
D’abord, Brian cherche principalement à s’occuper des gens qui cherchent à s’élever.
Et en développement personnel, les gens qui s’approchent des coachs sont généralement des gens qui ont souffert et qui cherchent donc à se développer pour s’en sortir. Ceux qui n’ont pas expérimenté cette souffrance ne comprennent pas cela.
Pascal Lafleur nous parle de son approche : bien que pour lui, en effet, la grande majorité des personnes ne changent qu’à travers la souffrance, l’objectif du coaching peut être de faire pré-expérimenter des changements avant que les choses n’arrivent dans la douleur justement.
Brian nous explique ensuite son approche du coaching, à travers le travail de deux énergies :
- Le Yin : l’énergie idéaliste, la volonté de venir en aide à quelqu’un
- Le Yang : l’énergie plus matérialiste, qui sert à avancer concrètement.
Pour Brian, il est aussi important d’avoir un ancrage à la fois spirituel et terrien (dire non, être assertif) et d’être solide physiquement et mentalement. L’idée est d’aller vers ce qui nous manque : soit notre côté ancré ou notre côté artistique ou spirituel.
Qu’est-ce que l’école de vie à la manière classique dans la Grèce antique ?
Dans la Grèce antique, un homme doit apprendre à développer sa soma (son physique), à travers le maniement de l’épée ou la pratique de la lutte. Mais il a aussi une formation intellectuelle à travers la philosophie, mais aussi psychologique pour travailler l’émotionnel à travers les arts (comme la musique).
Pour Brian, les trois points du développement humain étaient déjà présents en Grèce : cela fonctionne !
Comment se dépasser pour contribuer à notre communauté et arrêter de se poser des questions ?
Certaines personnes n’aiment pas le terme “maximiser”. Ils préfèrent avoir une vie douce, sans forcément de grandes ambitions.
Pour Brian, ça n’a pas beaucoup de sens : un organisme vivant cherche toujours à se maximiser. Il augmente et se préserve, tel que le disait Spinoza. Ne pas le faire, c’est comme mourir à petit feu : mais peut-on s’en rendre compte dans une société où on nous aidera socialement même si on ne contribue pas ? Car dans d’autres communautés, on veut donner de la valeur pour servir au collectif : il y a donc une volonté de se dépasser pour le faire.
C’est une thématique que j’aborde beaucoup sur le podcast, et notamment sous l’angle de s’élever afin de mieux transmettre et d’élever à son tour le collectif, comme le souhaite Staiv Gentis ou même VLCP Fabien qui croit fondamentalement en la nécessité de servir et contribuer la société,
L’humain a besoin de travailler dur pour arrêter de se poser des questions et être dans le moment présent.
Dans son séminaire, pour travailler la partie physique, Brian aborde très vite les pratiques d’hyperventilation, du froid, de self-défense, voire du jeûne, en allant chercher l’adrénaline ou la peur. Bref, des moyens de retourner au réel, de revenir à son corps.
Pour travailler la partie mentale, il invite à ne pas se poser “des petites questions de son petit égo”, mais plutôt de se questionner sur les grandes questions importantes.
Quant au travail émotionnel, il explique qu’à travers ses méditations, il cherche à faire pleurer les gens, en évoquant des sujets lourds comme l’impermanence ou la mort. Bref, provoquer une émotion. Alex Tsuk a une approche similaire de libération émotionnelle qu’il l’associe à la pratique du froid !
“Il s’agit de chercher le moment de l’évidence du réel quand on arrête de se poser des questions.”
Comment apprendre à devenir fort physiquement et mentalement
Brian nous raconte que de nombreuses personnes le contactent pour demander des plans nutrition et sportifs afin qu’ils puissent mieux se sentir avec eux-mêmes. Souvent, Brian refuse de partir directement dans cette direction : la dimension mentale est trop importante et faire l’impasse dessus reviendrait à accompagner des gens qui vont être physiquement forts mais sans conscience élevée.
Il est important d’apprendre à être fort spirituellement. A aller chercher ce qui bloque, ce qu’est le masculin, ce qu’est son idéal de vie et de force. Ce sont en tout cas les indications qu’il donne pour commencer à réfléchir sur soi.
Le corps et l’alimentation sont les chemins les plus faciles pour changer. Et il faut les emprunter… mais c’est en passant par le mental qu’on ira plus loin et plus en profondeur.
C’est un sujet qu’aborde David Manise également. Pour lui, être fort, c’est non seulement être capable physiquement, mais surtout posséder deux qualités morales : la maîtrise de soi et la compassion. Ce sont elles qui nous différencient et nous élèvent réellement.
Jusqu’où Brian est allé dans ses explorations spirituelles, émotionnelles et physiques?
Brian a toujours eu le doute de ne pas être légitime. Il est donc allé chercher les extrêmes pour grandir le plus loin possible.
Il nous raconte avoir exploré :
- La respiration : pour cela, il est allé chercher les meilleurs, c’est-à-dire les apnéistes.
- La méditation : il nous donne l’exemple de la Vipassana et des retraites de 10 jours.
- Le jeûne : il en fait régulièrement et a déjà atteint les 10 jours de jeûne.
- Le théâtre : terrorisé par le théâtre plus jeune, il est, une fois adulte, allé apprendre le Method Acting à Los Angeles auprès d’Ivana Chubbuck, à travers des stages et la lecture de The Power of the Actor. Pour lui, la compétence du charisme développe sa partie humaine.
- Le froid : notamment à travers la technique Wim Hof, que Leonardo Pelagotti nous présente ici de manière globale.
Dans le futur, il voudrait s’orienter vers le MMA pour le combat en cage et avoir une expérience précise de la peur qu’induit ce type d’affrontement et de combat plus authentique.
Souvent, le physique va être la première marche. On peut commencer facile, par un petit changement qui a un grand impact, comme continuer à manger ce que l’on veut à condition d’arrêter le McDo.
Certains refusent de faire les petites choses parce que ce n’est pas assez impressionnant. Pourtant, c’est faux. Les petits pas sont importants. Ils servent à construire la prochaine marche et servent à la construction de la discipline.
Quelles sont les erreurs et mensonges dans le développement personnel ?
Pour Brian, il faut un équilibre.
Les personnes qui méditent beaucoup, qui sont très Yin, ont parfois une difficulté à s’ancrer dans le concret et le réel. Il faut être autant dans la méditation angélique que dans le travail dur, voire l’inconfort. Il nous parle de son bureau épuré, avec très peu de mobilier. “Le bureau, c’est le Mordor”. C’est important pour lui de concilier ces deux aspects pour ne pas se perdre d’un côté ou de l’autre.
C’est donc la même chose pour le côté opposé : pour les personnes qui pensent que le développement personnel est très Yang : on peut être une machine d’efficience, et pourtant ne jamais être satisfait. Il est important de trouver de la profondeur, d’aller vers des côtés plus artistiques, plus poétiques. C’est Nicolas De Paoli qui nous explique ces liens entre activités physiques et artistiques pour les élever l’une et l’autre.
Moi-même suis un passionné des philosophies guerrières, comme celles transmises par le bushidô, les Grecs ou les Hypermen d’aujourd’hui, comme Jocko Willink, mais j’ai conscience qu’il faut parfois lâcher la discipline et se détendre.
Brian souligne que, justement, ces masculinistes apportent le Yang et qu’ils aident les gens à se prendre en main et à se lever. Et si c’est positif, ce n’est pas complet : il manque du sens derrière et du sacré.
Pour être dans le sacré, il faut s’ancrer quelque part, déposer une empreinte. C’est pour cette raison que Brian ne souhaite pas être un digital nomad, il a besoin de connaître en profondeur les endroits où il vit et se trouve.
Bref, Brian invite à explorer à la fois son Yin et son Yang, dans tous les aspects de sa vie.
“Quand t’es dans les deux, c’est que tu sais pardonner, mais que tu sais aussi dire ce que tu ressens : “Je te pardonne, mais t’as pas le droit de venir chez moi… sinon tu prendras un coup de hache”.
Qu’est-ce qui se cache derrière le mot « mystère » ?
Je me demande si le mot mystère renferme une signification plus cosmique, qui sort du physique, qui se prête au thème de l’au-delà et du mystère de la mort du corps, ou simplement qui renvoie au fait de faire partie d’un tout et d’être en communion avec la nature.
Brian prend la métaphore du débat pour commencer. Pour lui, un débat de qualité, c’est de laisser place au yin et yang. C’est écouter pour apprendre mais aussi se positionner et donner son avis. C’est accepter de rester dans l’incertitude.
Dans le mystère, il y a cette place pour l’incertitude, qui pourtant reste dans un monde cadré (les lois de l’univers).
C’est-à-dire que le mystère, c’est aller chercher de ce qu’on ne connaît pas et aller explorer les choses qui arrivent, sans chercher à faire comme si on savait déjà.
Mais c’est aussi respecter les grandes lois de la nature qui ont fait l’épreuve du temps, et tous ces principes déjà là depuis longtemps qu’on n’a pas inventés récemment.
Par exemple :
- La philosophie occidentale : notamment la voie héroïque, où il est question de se dépasser, d’aller vers un idéal, vers le concept de surhomme (selon Nietzsche, Spinoza, les Grecs, ou la théosophie)
- La philosophie orientale : à travers les principes d’impermanence, d’insatisfaction et de non-être
Pour lui, une des clés est d’aller rechercher auprès des civilisations anciennes : elles ont déjà trouvé des solutions à nos problèmes depuis longtemps. C’est Staiv Gentis qui s’appuie sur la philosophie comme moyen d’accès à la spiritualité et à l’élévation de soi.
J’aborde une autre manière de voir le mystère : son côté plus surnaturel, notamment via le chamanisme. Pour Brian, on a besoin de magie dans nos vies et d’aller vers des choses interdites. Mais le danger, c’est de vouloir absolument prendre des raccourcis avec des produits exogènes, sans chercher à expérimenter par soi-même : avec la méditation, on peut parvenir à ces états de mystère avec du travail.
Cette dimension plus cosmique, il ne l’inclut pas dans son approche avec Spirfit. Il préfère laisser la place à des principes qui ne sont pas sujet à débat, à savoir des principes qui ont soit été prouvés scientifiquement, soit empiriquement. Par exemple, des principes bouddhistes qui sont toujours là après 2000 ans, ce qui prouve qu’ils fonctionnent!
Pour lui, le mystère dans sa pratique, c’est l’adaptation des exercices selon l’humeur du moment de ses élèves et ce dont ils ont besoin.
Comment devenir expert dans plusieurs domaines (apprendre à apprendre) ?
Nous connaissons tous des personnes qui, après quelques mois dans l’exploration d’un domaine, que ce soit dans le mouvement, la méditation ou encore la nutrition, se pensent experts de ce domaine. Mais elles ne font que prendre un raccourci !
Brian nous parle des discours de son père sur l’importance d’être généraliste. Aujourd’hui, il croit plutôt en l’efficacité d’être expert dans plusieurs domaines (deux ou trois). Cela permet de proposer un cadre plus ouvert, tout en étant capable d’aller en profondeur.
Mais s’intéresser à diverses choses n’est pas toujours simple, car il faut toujours débuter quelque part. Et cela mène à une situation où il est facile de vite abandonner ses nouvelles habitudes. C’est le cas quand on veut en faire trop dès le début. Il y a un dosage juste qui permet de ne pas se dégoûter et de se sentir progresser. De se construire une capacité à faire !
Nous sommes tous différents : certaines personnes vont être unidimensionnelles et auront besoin de se concentrer sur une chose précise. D’autres seront pluridimensionnelles à cause de leur besoin de nouveauté. Chaque cerveau est unique. On n’est pas égaux, il faut s’adapter selon ce que l’on a.
L’idée est de caler son mental et de faire des choses en concordance avec soi.