Quel a été le parcours de David avant de remettre en question son alimentation végétarienne ?
Le parcours alimentaire de David a été une longue procession d’aller-retour :
Après avoir découvert les spiritualités orientales, il est devenu végétarien par souci moral. Pendant une longue période, ce mode de vie sain lui convenait, il ne sentait pas de différence majeure dans son énergie.
C’est en suivant les formations des CREPS, qui lui ont valu de s’entraîner toute la journée, qu’il a commencé à se sentir fatigué. Suite à des remarques de ses amis, il a repris la viande, ce qui lui a valu de retrouver son énergie. “On croit des fois que parce qu’on a de bonnes intentions que c’est la vérité. Mais l’intention ne fait pas la vérité !”
Plus tard, en 2012-2013, lorsqu’il a lancé sa chaîne Youtube, Thierry Casasnovas et Gilles Lartigot s’étaient imposés dans la thématique de l’alimentation vivante qui valorisait le végétal et visait à réduire la part animale. David est redevenu végétarien sous leur influence.
Sa vie se poursuit, il diminue les entraînements après être devenu père, mais il sent que son corps se dégrade, qu’il perd sa masse musculaire, devient plus anxieux. Même s’il s’entraîne moins, ce n’est pas normal. Il tombe alors sur le naturopathe Robert Masson, partisan d’une alimentation carnée. David réincorpore donc les animaux dans sa diète et, en développant ses recherches sur les produits carnés, il tombe sur Sv3rige qui parle d’alimentation 100% carnée.
Trouver son chemin dans l’alimentation n’est pas toujours simple : sur le blog, j’ai fait le résumé des arguments des adeptes du régime carnivore ou végétal pour essayer d’ajouter de la perspective dans un débat souvent houleux !
Comment l’anthropologie nous aide à mieux comprendre quelle est l’alimentation la plus adéquate pour l’homme ?
C’est devant toutes les possibilités qu’il avait découvertes que David a tenu à s’intéresser à une alimentation plus traditionnelle. Il s’est donc tourné vers l’anthropologie et l’évolution de l’Homme.
Il découvre qu’il y a 6 millions d’années voit l’arrivée des premiers hominidés lorsqu’ils se séparent du chimpanzée et descendent au sol. Contrairement à l’alimentation végétale des grands singes, celle de ces premiers hominidés aurait été carnée.
David émet la théorie qu’ils s’alimentaient selon une technique de charognard : ils arrivent à la fin du festin des fauves, mangent les entrailles, utilisent des cailloux pour casser les os et manger la moelle.
Cette théorie expliquerait la forte acidité de notre estomac, qui sert à nettoyer en profondeur des aliments pour ne pas nous empoisonner : est-ce parce qu’on a pris le risque de consommer une viande avariée ?
Dans un extrait de conversation avec Jérémy Dalzon, ce dernier nous explique que notre système digestif n’est justement pas optimal pour digérer les végétaux !
David a écouté la partie qu’il l’intéressait le plus sur les périodes les plus anciennes, proto-historiques. Dans le livre, la théorie de l’auteur sur l’alimentation de ces premiers hommes est qu’elle est majoritairement le fruit de la cueillette, et un peu de la chasse.
Pour moi, l’idée que leur mode d’alimentation ait été majoritairement végétarienne ne me convient pas : la cueillette ne permet pas le développement du cerveau.
De quoi a-t-il besoin alors?
- D’une nutrition riche : le cerveau est un gros consommateur d’énergie, il a besoin de nutriments pour se développer comme il l’a fait.
- De la réflexion : les plus malins survivent par la sélection naturelle. La cueillette ne permet pas une grande stratégie, contrairement à la chasse qui demande de s’adapter et de trouver des solutions. C’est aussi la chasse qui nous a apporté la technologie (les armes en silex).
Les primates qui se contentaient de la cueillette sont restés des primates qui se contentent de la cueillette. Les Hommes, eux, ont évolué.
Pourquoi la chasse peut être vue comme un outil de développement humain ?
La chasse permet de développer une vie sociale : l’Homme chasse traditionnellement en groupe, car personne ne survit seul dans la nature.
Pour le justifier, David nous parle de la structure de nos yeux et notamment de la taille de la sclérotique “le blanc des yeux”, très grande par rapport aux yeux d’autres animaux. Elle permet de communiquer silencieusement car on voit là où on regarde !
Les défenseurs de l’alimentation végétale pensent qu’il faut des griffes et des crocs pour manger de la viande. Mais ce sont des armes comme les autres.
Celles de l’Homme sont le cerveau et les mains. On se fabrique nous-mêmes nos armes, qui sont nos dents et nos griffes à nous, et on peut même les remplacer une fois qu’elles sont cassées. C’est ça, la puissance de l’être humain !
La comparaison ne peut pas se faire d’un point de vue athlétique : c’est la collaboration qui nous a sauvés.
Comment David a vécu l’expérience de devenir 100% Carnivore pendant 6 mois ?
Après avoir découvert la possibilité d’une alimentation 100% carnée, David s’y essaie, tout en arrêtant de consommer du café en même temps. Au bout de deux-trois semaines, il se sentait frais, énergique, d’une bonne humeur constante. Il a continué pendant six mois, avant d’arrêter par souci social.
Car la question de la vie en société se soulève : est-ce qu’il a envie de se radicaliser dans la nourriture et de ne pas partager un même repas avec les autres ?
Aujourd’hui, David est sur une dominante animale mais pas à 100%. Pour lui, on est une créature sociale faite pour partager : il faut vivre dans le monde dans lequel on vit.
Il n’y a pas de mal à se faire plaisir, surtout quand il s’agit de partager un même repas et de pouvoir en parler, comme quand il mange ponctuellement des crêpes avec ses enfants. “C’est la dose qui fait le poison”.
Comment gérer les différentes phases de choix alimentaires (Omnivore – Vegan – Crudivore – Carnivore) ?
J’ai moi-même expérimenté un grand éventail de diètes : végan, crudivore, 100% carnivore… mais surtout dans un souci de performance !
Mais en même temps, c’est normal de passer par plusieurs cycles et de tester ce qui nous convient ou non. Souvent, on en sort par contraintes sociales, sous l’obligation de la vie en société ou d’une volonté de partage. Mais a-t-on besoin d’idéaliser un passé glorieux ? Vivre en société, c’est aussi s’adapter et trouver un équilibre.
David cite Morpheus de Matrix, “Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin” : Sans expérimentation, la connaissance n’est pas palpable!
Jérémy Pigeon a eu un parcours similaire au nôtre, puisqu’il est lui aussi passé d’une alimentation vegan à remettre de la viande dans son régime alimentaire. Il nous raconte son expérience, la réception de son audience sur ce changement et la manière de retrouver un équilibre dans son alimentation.
Alimentation : Comment distinguer l’idéologie des faits observables sur notre corps (humeur, perte de cheveux, maigreur, libido…) ?
Aujourd’hui, l’alimentation et l’idéologie sont trop souvent mêlées, au détriment des signes factuels et observables sur notre corps.
Pendant sa période végétarienne, David a connu une grande fatigue et a eu une chute brutale de cheveux. Or, il avait décidé d’ignorer ces signes. Il y avait de la moralité dans son alimentation, un carcan éthique qui l’empêchait de voir les dégâts de son alimentation sur lui.
C’est aussi le cas dans les religions : les praticants de l’Islam sont parfois bien plus attachés au respect de ne pas manger de porc qu’à d’autres valeurs sociales.
Mais également de régime alimentaire plus strict : “Pour qu’un végan mange de la viande, il faut qu’il soit au fond du trou.”
Ayant moi-même été végan, je partage les signes que j’ai pu constater : le manque de gras me faisait switcher dans les apports en glucides, j’allais aux selles trop de fois par jour. Le problème, c’est que par souci de priorité, le cerveau met ces signes-là dans la case “normale”, or ce n’est pas le cas !
Même si son alimentation n’est plus considérée comme éthique, David s’en moque : “Je suis très égoïste comme personne, c’est-à-dire que je pense à moi d’abord, tout le temps, mais je pense à moi parce que je pense aux autres.”
Il appelle cela un égoïsme sage : s’il ne va pas bien, il ne peut rien apporter aux autres.
Quels sont les grands principes à respecter pour vivre longtemps en pleine santé ?
- L’activité physique : quelle qu’elle soit, tant qu’elle sollicite l’organisme, fait circuler la lymphe, permet de bouger…
- Le sommeil : il est important d’écouter son corps sur la quantité de sommeil dont il a besoin. David a besoin de 8h de sommeil. Il a mis longtemps à l’accepter parce qu’impression de perdre du temps. Or, le bénéfice sur l’humeur en vaut la peine: “On fait peut-être moins de choses, mais on les fait mieux !”
- L’alimentation: quel que soit le régime, David recommande une alimentation brute, de réapprendre à apprécier les goûts simples et d’éviter de grignoter : la digestion doit être ponctuelle.
- Les relations sociales : l’Homme a besoin de tisser des relations saines et profondes et de partager des bons moments. Si se mettre en contact avec les autres est difficile, David conseille de s’inscrire dans un sport de contact ou une activité de ce genre pour rencontrer des gens.
Est-ce important de prendre des métriques chiffrées (prise de sang, cahier d’entraînement, repas…) ?
David ne mesure pas ce qui se passe dans son organisme. C’est certes toujours plus performant de le faire, mais ce n’est pas dans son caractère.
Il admet qu’être toujours dans le feeling est peut-être ce qui a contribué à ce qu’il ait toujours été quelqu’un de moyen. Il a toujours eu accès très rapidement à un niveau “moyen+”, mais comme il ne s’investit pas, il n’atteint pas l’excellence.
“On peut être un génie, mais les génies se font toujours dépasser par ceux qui bossent”. On peut avoir des facilités, mais faut-il s’en contenter ? Cela dépend de ses objectifs ! Il y a un équilibre à trouver entre la mesure à outrance sans écouter son corps et n’y aller qu’aux ressentis de son corps.
Sapiens : Qu’est-ce que la révolution cognitive ? Comment l’humanité a conquis le monde ?
Le livre aborde la théorie du mystère du basculement de Sapiens par la révolution cognitive. Sur le podcast de Joe Rogan, une théorie a été émise sur le fait que l’usage accidentel des psychédéliques – soit un élément de la nature – nous a aidés à déclencher cet effort de conscience.
Parce que quel est l’intérêt pour la survie de prendre conscience de l’art, de la mort et de la métaphysique ?
Les êtres humains font des choses sans raisons, ont une liberté d’action bien plus grande que les autres animaux, tout en ayant un sens de la survie amoindri.
Pour David, l’être humain est peut-être un bug, une aberration du règne animal, comme le suggère Bernard Werber dans son livre Le père de nos pères qui émet la théorie que la race humaine a été engendrée par l’accouplement d’un singe et d’un cochon.
Nous émettons aussi l’hypothèse qu’il y a eu d’autres sursauts de civilisation : Sapiens là depuis 2 millions d’années, mais les débuts de l’agriculture datent d’il y a 10 000 ans. Et s’il y avait eu des cycles de civilisations élevées qui se sont effondrées ? Si demain, notre civilisation s’effondre, dans 30 000 ans, il n’y aura plus de traces de nous. Et qu’est-ce que 30 000 ans sur 2 millions d’années ? Devrait-on croire que pendant 2 millions d’années, on n’a rien inventé et que, d’un coup, on ne s’arrête plus ?
L’idée de toujours chercher à remettre en question ce que l’on estime vrai sur le passé, nous l’avons beaucoup abordé avec Will Janssens en abordant différentes civilisations anciennes sur le prisme de leur sédentarité, de leur découverte des psychédéliques, de leur rapport au sacré et au monde.
L’importance de renouer avec la nature
Quand on se coupe de la nature, c’est un drame. Pourtant, on s’urbanise rapidement : les jeunes habitués des villes n’ont pas le même attrait pour la campagne. Or la nature ressource, même si on ne s’en rend compte que plus tard. C’est pourtant l’environnement dans lequel on a évolué pendant des milliers d’années. On s’y sent naturellement bien.
David invite à aller plus souvent en nature, d’aller faire des randonnées, d’aller se promener dans des parcs, d’aller marcher pieds nus par terre…
De nombreux Mouvers ont cette vision régénératrice de la nature et conseillent eux aussi de s’y tourner. Certains, comme Will Janssens, ont sauté le pas pour y vivre pleinement jusqu’à devenir totalement autonomes.
D’autres, comme JB Bourgeois, cherche l’équilibre entre l’émulation urbaine et la sérénité de la nature.
Léonardo Pelagotti nous donne des conseils sur la manière de renouer avec la nature quand on vit en ville.
Certains mêle leur pratique physique à la vie en nature, comme Alexandre Borne avec l’hébertisme ou Jérôme Rattoni avec MovNat.
Parentalité : Comment transmettre son savoir à ses enfants ?
C’est une question que je me pose souvent : quand on sait tellement de choses, comment ne pas s’empêcher de tout transmettre à ses enfants ?
Pour David, c’est simple : les enfants ont leurs propres aspirations. Ils sont des individus à part entière, il faut qu’ils aient des moments à eux et les laisser les avoir. Quand ses enfants s’ennuient, David leur trouve des activités, et s’ils ont des questions, il y répond. Mais il ne veut pas intervenir, même quand ils se dirigent vers des activités qui ne lui plaisent pas personnellement.
Il rejoint en ce sens l’approche de transmission de Stéphane Rodrigues qui nous disait simplement à propos de son enfant : “Je suis son mentor de vie, mais son itinéraire de vie est le sien”.
Du côté de l’alimentation, il n’impose pas ses régimes stricts non plus. Il souhaite simplement que ses enfants aient une assiette remplie de produits bruts cuisinés et d’une portion de protéine. Il ne veut pas non plus refuser à ses enfants les plaisirs qu’il a eus plus jeune, comme les glaces ou les crêpes au chocolat…
Quant au reste, même s’il n’a pas de TV, il a un rétroprojecteur sur lequel il leur fait visionner des dessins animés : c’est important que ses enfants connaissent ce que les autres enfants connaissent pour ne pas être isolés. Mais cela ne signifie pas tomber dans l’outrance et les laisser seuls devant. Ces projections peuvent être un prétexte pour tisser un lien avec ses enfants en regardant ces choses-là avec eux.
En résumé, les enfants doivent vivre leur enfance, même si certaines choses sont mauvaises : il faut savoir jongler entre la vie en société et les bonnes habitudes.
David s’inspire de ce que Jocko Willink disait : “On peut se comporter comme un tyran avec soi-même mais pas avec les autres.” Les enseignements se font toujours par l’exemple : ce n’est pas la peine de l’imposer aux autres.
“La perfection c’est l’équilibre, sinon ce n’est pas de la perfection, c’est de la tyrannie”.