MOUVERS #71 – Pratique du Mouvement, Pensées Limitantes et Sédentatrité. Apprende à faire du mieux qu’on peut avec le temps qu’on a avec Clément Lamirel (Movement Practice Dijon)

Nouvelle conversation cosmique avec un professeur en mouvement, Clément Lamirel, de Movement Practice Dijon, qui revient sur son aventure personnelle vers la liberté et l’autonomie physique grâce à la pratique du mouvement, aux enseignements de son mentor, à la naissance de son enfant, aux changements de paradigme quant à la relation à sa santé, sa longévité et surtout quant à la manière de dépenser le temps de vie précieux qui nous est donné chaque jour. Un bel échange pour de nouveau bouger le corps, le cœur et l’esprit !

Publié le 21 avril 2022

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Chapitres

00:00 Quelle est l’approche de Slim et de Clément face à leurs addictions ?
09:21 Pourquoi est-il nécessaire de remettre en question la station assise sur un mobilier (chaise, canapé…) ?
14:01 Quels sont les biais possibles pour se sortir d’un schéma d’addiction ? La différence entre la motivation et la discipline.
22:52 Pourquoi faut-il souvent en venir à la raréfaction du temps pour en saisir sa pleine valeur ?
26:55 Pourquoi est-il fondamental de comprendre que la pratique du mouvement ne doit pas être cloisonnée et qu’il est important de remettre un peu de chaos nécessaire dans son quotidien ?
31:58 De quelle manière la société japonaise est-elle une excellente illustration, sur une utilisation efficiente des temps d’attente dans nos vies de tous les jours ?
36:46 L’importance de distinguer l’esthétique des réelles aptitudes du corps humain
41:48 De quelle manière peut-on reprendre sa santé en main dès maintenant, sans attendre qu’un point de rupture ne survienne (burnout, blessure…) ?
51:47 L’importance du travail d’éducation dans la pratique du mouvement.
57:58 De quelle manière un accompagnement dans sa pratique physique peut-il contribuer à accroître nos capacités ?
01:03:02 Les notions de “qualité” dans la pratique physique : Pourquoi faut-il distinguer le pratiquant loisir de l’athlète dans la pratique du Crossfit ?
01:07:29 Comment réussir à prendre du recul pour remettre en question son hygiène de vie ?
01:12:24 Pourquoi la Movement Culture portée par Ido Portal peut-elle être culpabilisante ?
01:17:02 Pourquoi est-il important d’identifier le temps perdu au sein d’une journée ?
01:19:53 Apprentissage : L’importance de distinguer la progression de l’objectif. Pourquoi est-il important de travailler sur ses points faibles ?
01:27:20 L’importance d’encourager les enfants à faire ce qu’ils aiment
01:33:42 Pourquoi est-il important de conscientiser qu’un choix de vie est toujours évolutif ?
01:40:48 Comment la pratique physique permet-elle de booster la confiance en soi ?
01:50:58 Comment veiller à entretenir une relation saine avec sa pratique physique ? L’importance de l’intention.
01:55:53 Comment mettre son mental en veille pour enfin oser se lancer ? L’importance de choisir avec parcimonie les émotions que l’on alimente au quotidien.
02:00:21 Le livre que Clément recommande à tous.
02:01:45 Le message de Clément pour l’humanité.
02:03:08 La routine matinale parfaite de Clément.
02:04:53 Comment connecter avec Clément et aller plus loin ?
02:05:42 Les dernières paroles que Clément souhaite nous adresser.

L'invité : Clément Lamirel

MOUVERS #71 avec Clément Lamirel (Movement Practice Dijon) Portrait | MOUVERS Nomadslim Movement

Un pur moment de joie, de bon sens, d’humour et d’inspiration avec un nouveau collègue, enseignant et enthousiaste du mouvement, Clément Lamirel de Movement Practice Dijon.

Élève de Alain Couturier de Movement Practice Paris, qu’on a également reçu sur le podcast, Clément démarre l’aventure de rassembler une communauté,

De curieux, de praticiens, d’élèves, d’enthousiastes et de personnes qui pensent différemment le corps, le mouvement et la pratique physique, à Dijon.

J’ai été ravi d’accueillir Clément pour cet échange spontané autour de la pratique du mouvement, de la longévité, du mieux-bouger,

“Tu n’as qu’un corps et c’est quand même dommage d’en faire une prison !“ ~ Clément Lamirel

Mais également, sur comment reconnecter le corps et l’esprit afin de sortir de ses schémas de pensées et comportements destructifs.

On aborde le thème des addictions, de la comparaison permanente aux autres, de la motivation passagère, du fatalisme, du conditionnement scolaire et sociétal…

Et comment on peut tous apprendre à reconnaître ces travers et sortir progressivement de la prison de nos propres pensées et de nos jugements,

Grâce à l’instauration d’une discipline, à une meilleure utilisation de notre temps dans la journée, intégrer sa pratique personnelle à sa vie de papa,

Et bien sûr, grâce à une introspection honnête de son être.

La Santé est le plus beaucoup cadeau qu’on possède et c’est la fondation pour tout changement de vie :

“La santé de ton corps t’ouvre le champ des possibles, ou en tout cas la maladie de ton corps va refermer plutôt ce champ des possibles là !“ ~ Clément Lamirel

C’est ça que j’ai adoré dans cet épisode : la simplicité, l’authenticité et surtout la bienveillance avec laquelle Clément nous partage ces aventures personnelles et professionnelles.

Une vraie dose d’inspiration pour celles et ceux qui se sentent parfois bloqué par les impératifs de la vie de parent, la sédentarité, le salariat, la pression familiale.

Pour citer Clément, qui citait lui-même, le grand Gandlaf le Gris“Tout ce qui compte, c’est quoi faire du temps qui nous est imparti.”

Voilà, le ton est donné pour une conversation profonde avec beaucoup d’humour.

Une invitation à se remettre en mouvement pour sortir de ces méta vies sous optimales, que l’on mène parfois.

“Essayez de bouger, ne vous limitez pas ! Les seules limites qui existent, c’est vous !“ ~ Clément Lamirel

Notes, Liens, et Resources dans cet épisode

Quelle est l’approche de Slim et de Clément face à leurs addictions ?

Ce podcast a lieu en plein dans ma phase d’arrêt du café. C’est un moment intéressant pour voir ce qui se passe à l’intérieur. Pour moi, il s’agit aussi d’une reprise du contrôle sur mon corps et de vérifier la réponse à cette question : Ai-je vraiment besoin de café ou pas ?

Clément résonne avec ce questionnement, lui qui a arrêté et recommencé la cigarette plusieurs fois.

Mais nos raisons respectives d’arrêter sont différentes. Pour moi, le café ayant été une habitude créée avant le besoin, c’est la curiosité de retrouver cette sensation de vie que j’avais enfant qui m’a poussé à arrêter. Pour Clément, c’était en pensant à son avenir. Après ses 19 ans, il a fait un long arrêt de la cigarette après la mort d’Alain Bashung. Pour lui, mourir plutôt jeune d’un cancer du poumon n’était pas ce qu’il voulait pour lui.

Il nous raconte aussi ses aventures avec l’alcool, l’habitude sociale qu’elles incarnent, et son manque de conscience sur ce qu’il consommait. “C’est un peu le réflexe de Pavlov : tu t’assois à une terrasse, tu prends une bière !Tu te lèves le matin, tu prends un café ! Tu finis de manger, tu fumes une clope ! Sans te poser la question de savoir si tu en as vraiment l’envie… “

Pour lui, face à nos automatismes, il est important de reprendre de la conscience et du contrôle sur ses habitudes mais aussi sur soi.

Pour approfondir le sujet des addictions, Prosper Matussière nous offre un éclairage sur le sujet en nous confiant son propre parcours.

Pourquoi est-il nécessaire de remettre en question la station assise sur un mobilier (chaise, canapé…) ?

Nous ne remettons pas en question l’habitude d’être tout le temps assis. La chaise est un objet tellement ancré dans notre quotidien qu’on ne se rend pas compte de son côté néfaste.

Clément nous raconte son retour au bureau après le confinement et les douleurs au dos qu’a réveillé le fait de travailler assis sur une chaise. Il s’est mis à travailler debout mais a dû faire face à la perplexité de ses collègues. “Je leur expliquais simplement que ça me faisait mal d’être assis !”

Depuis qu’il a commencé le mouvement, Clément essaie de réfléchir sur ce qu’il fait, ou pas, et sur l’impact que cela peut avoir sur son quotidien. “Ce n’est pas tant de savoir si je peux tenir 60 secondes sur les mains, mais quelle liberté de mouvement j’ai au quotidien !“ Il nous explique avoir réussi à dépasser les raideurs de sa jeunesse. Car pour lui, un corps non mobile rend le quotidien encore plus difficile. Nicolas De Paoli adresse lui aussi ce sujet car, pour lui, faire des efforts, aller vers ce qui est le plus difficile, nous rend la vie plus simple sur le long-terme. Il faut voir l’activité physique non pas comme une pratique, mais comme une hygiène de vie !

Nous poursuivons sur les termes d’inactivité et de sédentarité, puisque de plus en plus de recherches sont faites sur le sujet. JB Bourgeois nous explique aussi la différence et insiste sur le fait que même en ayant une activité physique, nous ne sommes pas à l’abri des dangers de la sédentarité.

Quels sont les biais possibles pour se sortir d’un schéma d’addiction ? La différence entre la motivation et la discipline.

Clément admet avoir une tendance aux addictions. “Je suis un peu tout ou rien… Pour moi, qui ai été fumeur, c’est plus facile de ne pas fumer du tout que de fumer une clope ! C’est plus facile pour moi de dire que je vais boire un verre d’eau, plutôt que juste une bière !“

Puisqu’il buvait énormément par le passé, c’est comme si c’était ancré dans ses papilles. Mais aujourd’hui qu’il boit beaucoup moins, il arrive à se limiter quand cela arrive une fois : il sait ce que le manque de contrôle implique et surtout il a envie d’être en forme et de profiter de ses journées le lendemain !

Je me questionne sur la question de maîtrise avec les gens sensibles aux addictions: peut-on arrêter petit à petit si l’on a plein de mauvaises habitudes ? Ou est-il préférable d’arrêter d’un coup ? Pour moi, il s’agit surtout d’aligner son pourquoi et son comment pour s’en sortir !

Pour Clément, c’est aussi une question de discipline et de force mentale. “C’est aussi la question de ne pas se poser la question”

Nous pouvons devenir ce que nous voulons selon lui. Mais il faut bien distinguer la discipline de la motivation pour cela :

  • La motivation est ce qui va nous faire démarrer quelque chose : c’est se dire “Je veux devenir comme ça ou je veux devenir telle personne !”
  • La discipline, c’est ce qui va faire qu’on ne va pas retomber dans l’addiction : nous devons nous demander ce que ça implique de devenir la personne que nous voulons être et s’y tenir ! “OK là j’ai envie d’une clope, mais non j’ai choisi d’arrêter parce que je n’ai pas envie de claquer à 60 balais d’un cancer des poumons…”

A cause de nos habitudes de consommation, notre cerveau s’accoutume à consommer des choses de manière compulsive. A partir du moment où il trouve sa récompense, comme avec le sucre, le café, la coke, le tabac, il ne va pas cesser d’en vouloir encore plus.

A partir du moment où on comprend cela, cela rend plus facile le fait de se dire que, même si, sur le moment, consommer ces produits nous intéresse, on sait que l’on va se mettre en difficulté si on le fait, alors on l’évite.

Prosper Matussière parle aussi de ce travail sur soi, à faire sur tous les domaines : psychologique, émotionnel et énergétique. Mais pour lui, l’entourage compte aussi : pour se défaire d’une addiction, il est important de s’éloigner de ce/ceux qui la provoque.

Pourquoi faut-il souvent en venir à la raréfaction du temps pour en saisir sa pleine valeur ?

J’explique que je ne consomme rien en terme de drogues car je sais que si je commence, je voudrais tout essayer sans pouvoir m’arrêter.

“C’est une question de choix, c’est-à-dire que tu fais tes choix, mais après, il faut bien être conscient du prix que tu peux être amené à payer… “

On a tendance à oublier l’impact de notre consommation. Par exemple, si Clément ne fait pas la fête, il dort à la place. Mais certaines personnes n’ont pas cette sagesse : qu’est-ce que cela nous apporte de faire la fête ou de regarder des séries jusqu’à 3 heures du matin en semaine, à part être crevé le lendemain matin ? “Pendant quelques temps, j’en ai regardé des séries sur Netflix et j’ai bien kiffé, mais à l’époque, je n’avais pas d’enfant et la notion du temps a beaucoup changé quand mon enfant est arrivé ! “

En devant parent, il s’est rendu compte de la valeur du temps. Car il en a très peu ! Et cela le pousse à se questionner sur la manière dont il va l’utiliser : d’où l’importance de prioriser et de voir ce qui est vraiment important pour soi. “La raréfaction de ce temps-là te fait apprécier encore plus le fait d’en avoir !“

C’est un exercice intéressant de se demander : Avec un temps donné, qu’est-ce que je vais en faire ? Si je meurs dans six mois, qu’est-ce que je vais faire ?

Dans la thématique du temps et de la parentalité, Jérémy Coron nous livre son approche de s’organiser et de composer autour du chaos qui existe depuis l’arrivée de son enfant.

Pourquoi est-il fondamental de comprendre que la pratique du mouvement ne doit pas être cloisonnée et qu’il est important de remettre un peu de chaos nécessaire dans son quotidien ?

Le système scolaire tel qu’il est aujourd’hui contribue à accentuer nos raideurs : dès la maternelle, on nous apprend à nous asseoir sans bouger. C’est pour cela qu’il est difficile pour la plupart des gens de s’asseoir par terre, de poser leurs mains au sol, de bouger : on leur a appris qu’il ne fallait pas !

“Si tu entraînes ton corps à ne pas bouger, il va être très bon à ne pas bouger !”

Pourtant, pour Clément, il est important également de ne pas dire aux gens de bouger 10 heures par jour : non seulement ce n’est pas possible, mais cela posera des problèmes car les gens ont aussi besoin de travailler. L’important est de comprendre que la pratique du mouvement n’est pas cloisonnée : Il ne s’agit pas de faire du sport intensif pendant 1 heure et puis après plus rien du tout… c’est plutôt se dire, “Là, ça fait 1h que je suis assis au bureau, je me lève, je prends 5 minutes, je fais des vagues, je bouge un peu ma colonne, je bouge mes bras, je vais prendre l’air”. C’est exactement l’approche d’Alain Couturier, lui aussi papa et grand ami de Clément, qui invite à pratiquer pour le plaisir de pratiquer sans protocoles stricts : bref, avoir une pratique lifestyle du mouvement et de l’intégrer comme on peut, quand on le peut !

La problématique des enfants est particulière : ce n’est pas tellement leur apprendre à bouger, mais plutôt les encourager à le faire sans chercher à les retenir, malgré les risques de se faire mal. J’explique que c’est ainsi que ma mère m’a élevé avec ma sœur, à nous laisser bouger, laisser faire le chaos sans filet de sécurité. Pour Clément, l’idée est d’effectivement laisser ses enfants jouer, mais aussi d’être en mesure de jouer avec eux aussi !

De quelle manière la société japonaise est-elle une excellente illustration, sur une utilisation efficiente des temps d’attente dans nos vies de tous les jours ?

Au Japon, il n’y a pas de bancs dans les rues. Pour attendre le bus, pour fumer ou bien patienter en général, ils s’assoient donc en deep squat. En France, cette position est connotée et génère donc des réactions négatives. C’est le cas d’autres mouvements, qu’on a du mal à distinguer d’images sexualisées des corps humains tel que le marketing le véhicule, comme les spinal waves.

Clément nous parle justement d’une salle de Crossfit où il s’est mis à aller après son emménagement et des réactions des personnes face à sa pratique atypique. “Les gens me demandent : qu’est-ce que tu fais pieds nus, à faire des vagues, tu te prends pour un poisson, qu’est ce qui se passe ?“

Mais être pieds nus et faire des mouvements fluides, n’est-ce pas ce que l’on retrouve dans les parcs à Paris, parmi les groupes d’asiatiques venus de retrouver pour pratiquer ?

L’importance de distinguer l’esthétique des réelles aptitudes du corps humain.

Même si nous avons une idée de ce qu’est vieillir avec grâce, c’est-à-dire être toujours en mesure de faire des mouvements fluides et gracieux, comme avec le tai chi par exemple, nous vivons dans un monde où l’esthétique est prédominante.

Clément est très sec naturellement, ses abdos se voient et il a souvent des remarques sur le sujet. Mais c’est simplement parce qu’on les voit… mais est-ce que cela lui sert au quotidien ? Est-ce que les voir laisser penser que c’est pour cela qu’il peut bouger ?

L’esthétique n’a pas d’incidence sur la capacité à bouger son corps. Ce qui inspire d’ailleurs Clément, c’est davantage la liberté de mouvement que le reste. “ Tu n’as qu’un corps et c’est quand même dommage d’en faire une prison !” Il nous donne l’exemple d’un homme de 25 ans au Crossfit, capable de squatter en portant des charges de 160 kilos, mais incapable de se mettre accroupi.

David Manise nous parle de cette problématique : parce que les personnes sont en quête d’un corps avant tout esthétique, ils se créent des obstacles eux-mêmes. Les hommes vont sculpter leur corps sans être capable de bouger correctement et les femmes ne vont pas développer leur force par peur de gonfler.

Bien pratiquer, c’est aussi se demander : de quoi ai-je réellement besoin dans mon quotidien ?

“Est-ce que dans ton quotidien, tu as besoin de squatter à 180 kilos ou bien est-ce que tu as besoin de t’accroupir pour ramasser ta paire de chaussette ou pour récupérer ton gosse ? Est-ce que tu as besoin de savoir faire 20 tractions ou est-ce que tu as besoin de savoir escalader un mur ? Est-ce que tu as besoin de faire 20 pompes, ou de savoir ramper un petit peu pour jouer avec ton môme ?”

De quelle manière peut-on reprendre sa santé en main dès maintenant, sans attendre qu’un point de rupture ne survienne (burnout, blessure…) ?

Pour Clément, il faut se questionner pour savoir ce que l’on veut et de quoi on a besoin. Et ensuite, observer ce que l’on fait et comment on se sent par rapport à cela.

C’est ainsi qu’il a arrêté un emploi qui lui plaisait pourtant et qui avait du sens pour lui. Mais puisque cela le forçait à rester assis dans un bureau toute la journée, en tant que “personne corporelle”, ce n’était plus possible pour lui.

Ce que Clément souhaite partager, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour faire les choses et pour s’améliorer. Bien sûr, il faut prendre conscience que si on commence à bouger tard, on n’aura pas la même liberté que quelqu’un qui le fait depuis l’âge de 10 ans. Il en est lui-même la preuve : il sait qu’il y a des choses que son corps ne pourra jamais faire. Mais il le prend avec philosophie : le passé est passé, ce qui compte c’est maintenant et ce qu’il fait.

Pour moi, de ce que j’ai vu, c’est que le burnout, la rupture, a souvent été un déclencheur pour se reprendre en main. En tant que coach, j’estime que c’est notre rôle de pouvoir prévenir ces urgences. C’est un avis que partage Pascal Lafleur qui essaie de faire pré-expérimenter des changements à ses coachés avant qu’ils ne souffrent de leurs habitudes de vie.

Clément parle de son propre déclencheur, qui a été d’avoir des courbatures à 22 ans après avoir monté et descendu des escaliers. C’est cela qui l’a poussé à commencer à courir deux ou trois fois par semaine. Et les progrès sont rapides quand on part de rien : “même quand tu fais un petit quelque chose, ce sera déjà énorme !” Il a vu les limites de son corps en s’essayant au Parkour : après plusieurs blessures, il a dû s’arrêter, s’est mis à chercher des moyens de renforcer son corps et est tombé sur le travail d’Ido Portal. La pratique du mouvement lui a apporté un aspect très libre de pouvoir en faire partout et tout le temps. “Tu as juste besoin de toi et c’est tout !”

C’est ainsi que tout le temps qu’on considère “perdu”, comme lorsqu’on est dans une file d’attente, lui le remplit avec quelque chose qu’il avait de toute manière à faire : du mouvement ! Deux heures à l’aéroport ? 20 minutes dans une file d’attente ? Ce temps est un prétexte pour pratiquer. “Tu as 5 minutes ? Vas-y, fais des vagues !”

L’importance du travail d’éducation dans la pratique du mouvement.

Pour moi, tout le monde va parvenir à faire des mouvements au bout d’un moment si on leur enseigne correctement. Mais l’important est de leur expliquer pourquoi ils font cela, les impacts que cela a sur leur corps. J’essaie de rendre autonome les élèves, et de leur expliquer que la pratique, c’est quand on peut parce qu’on le veut.

C’est le parti qu’a pris également Pierre Dufraisse dans ses vidéos de naturopathie où il se cantonne à partager des principes généraux pour que ceux qui l’écoutent puissent établir leurs propres règles de vie. Il ne souhaite pas imposer celles qui ont fonctionné pour lui, puisqu’elles ne fonctionneront peut-être pas pour les autres.

“Cette pratique-là, c’est pour tous les humains !” Travailler ses capacités cognitives est important : se donner la possibilité de croire qu’on peut y arriver enlève beaucoup de barrières à l’apprentissage. Même si c’est dur, même si ça prend du temps. Avec du temps, du travail et de la patience, les choses avancent.

De quelle manière un accompagnement dans sa pratique physique peut-il contribuer à accroître nos capacités ?

“Il m’arrive de me dire que je n’ai pas assez progressé et Alain est là pour me le rappeler. Il me dit : Souviens-toi d’où tu viens… Souviens-toi où tu en étais il y a 2 ans !”

On est dans une société de comparaison constante. C’est à soi qu’il faut toujours se comparer.

Par ailleurs, il est important de se responsabiliser en tant que personne : on ne peut pas attendre que quelqu’un te soigne ou te guérisse. “J’ai une responsabilité sur mon corps !” Dans le cadre de la santé, c’est le message que cherche à transmettre JB Bourgeois : nous sommes responsables de notre propre santé et de s’éduquer en ce sens.

Mais, ce qui est important aussi, c’est d’être accompagné ! Avoir quelqu’un qui nous guide et nous conseille facilite le fait de faire des choses qu’on n’aurait pas fait tout seul.

Les notions de “qualité” dans la pratique physique : Pourquoi faut-il distinguer le pratiquant loisir de l’athlète dans la pratique du Crossfit ?

Clément nous invite à prendre conscience de ses ressentis. “Quel est l’intérêt de faire une session pour faire une session ou est-ce plutôt utile de ressentir ce que tu fais vraiment ?”

Il nous parle alors du Crossfit qui, même s’il y a du positif dans cette pratique, pèche sur le côté “conscience”. Faire des répétitions mal exécutées, au-delà du risque de blessure, c’est aussi s’empêcher de se demander ce qui se passe dans notre corps : Qu’est-ce que je viens de faire ? Est-ce que c’est bien ou non ? Comment est-ce que je peux l’améliorer ? La notion de qualité y est inexistante !

Mais il est important de faire la distinction entre le quotidien, le pratiquant loisir et l’athlète. Les pratiques sont différentes selon nos objectifs. Un athlète fera des entraînements intensifs avant une compétition. Quelqu’un qui veut faire de la mobilité quotidiennement pourra se contenter de quelques minutes par jour.

Comment réussir à prendre du recul pour remettre en question son hygiène de vie ?

Le temps tourne vite quand on a une vie de famille. Il est difficile de sortir la tête de là pour prendre du recul. Mais quand les gens disent qu’ils n’ont pas le temps, ce n’est pas toujours vrai : souvent, dans la journée, il y a du temps, c’est juste qu’ils ne l’utilisent pas à bon escient.

Clément explique son changement de rythme après la naissance de son fils et de l’habitude qu’il a prise de se lever plus tôt, avant que son fils se réveille, pour faire ses routines. “Tu commences la journée par t’occuper de toi !” L’idée de s’offrir du temps pour soi dès le matin est pour Johanne Cammarata une manière de redonner du sacré à son quotidien.

Cela permet de mettre de la conscience dans ce qu’on fait : aller au boulot, avoir des enfants peut vite ressembler à des contraintes qui nous rendent prisonniers. Et même si on peut aller à la salle de sport le soir, l’intention ne sera que de se défouler, il n’y aura pas de conscience car c’est difficile d’en mettre après une journée difficile.

Et le fait est qu’on s’habitue à tout, même au mauvais ! Et il est important de se demander si nos habitudes de vie, de consommation, de pratique sont saines ou non. Tout est dans la modération.

Pourquoi la Movement Culture portée par Ido Portal peut-elle être culpabilisante ?

“La Movement Culture te dit que si tu es debout 12 heures par jour, il faut que tu bouges pendant 10 heures et le reste du temps, tu as le droit de bouffer.” Pour Clément, ce n’est pas viable, tout simplement parce que ce n’est pas la vie et qu’il y a des tas de gens que ça ne va pas intéresser.

Ce côté culpabilisant, Clément l’a senti pendant le premier confinement. Il se mettait la pression pour pratiquer parce qu’il se sentait l’obligation de le faire. Mais cela le poussait à ignorer la fatigue et les tensions dans son corps ! “Ce côté culpabilisation peut parfois être carrément néfaste et plus néfaste que si tu ne faisais rien…”

Le côté souplesse dans l’approche de la vie est important. Si on prévoit de faire quelque chose en 1 heure mais que finalement on n’a qu’une demi-heure, ce n’est pas grave ! C’est la même chose si une douleur nous empêche de travailler un exercice : on va aller nourrir son corps et son cerveau autrement.

Même si beaucoup de Mouvers, dont moi-même, se sont épanouis un temps dans la Movement Culture et les préceptes d’Ido Portal, il est important de garder de la lucidité et de savoir reconnaître ce qui est bon et ce qui l’est moins. Avec Raphaël Berkane, nous partageons nos critiques sur le sujet, suite à un workshop avec Roye Gold.

Pourquoi est-il important d’identifier le temps perdu au sein d’une journée ?

Clément, comme moi, avons l’envie de transmettre des outils accessibles pour initier un maximum de monde au mouvement. Mais si, malgré l’accessibilité, ils cherchent à négocier, c’est qu’ils ne comprennent pas l’art de l’entraînement.

“Quand je dis aux gens : fais des vagues 5 minutes le matin, 5 minutes le soir, ça va changer ta vie ! Et quand tu demandes un retour et que l’on te répond : Je n’ai pas eu le temps… Si tu n’as pas 10 minutes dans ta journée pour prendre soin de ta colonne vertébrale, c’est que tu n’as pas envie !”

Il est important d’avoir l’honnêteté de se demander où est-ce qu’on met notre temps et d’en libérer pour faire des choses qui nous font du bien.

Apprentissage : L’importance de distinguer la progression de l’objectif. Pourquoi est-il important de travailler sur ses points faibles ?

Pour Clément, si le temps passe plus lentement à partir de l’âge adulte, c’est parce qu’on commence à bosser et qu’on arrête d’apprendre. “Apprendre, ça s’apprend.” C’est avoir la curiosité d’aller chercher et de tester !

Il parle aussi de l’importance de viser ses points faibles. C’est Ido qui disait “Ne fais pas ce que tu aimes faire, fais ce que tu n’aimes pas faire, là où tu es une merde”. Aller vers la difficulté rend la vie plus facile par la suite !

Les gens oublient que ce n’est pas quand on commence une activité qu’on prend vraiment du plaisir. Souvent, on a tendance à avoir l’objectif en tête, mais les étapes sont intéressantes aussi !

Il veut rappeler aussi qu’on peut s’améliorer très facilement tant dans la pratique physique que cognitive. Il nous parle de la manière dont il a appris à jongler à 3 balles, en pratiquant 5 minutes par jour pendant 30 jours. Prendre 5 minutes à jongler au lieu de regarder la télé, c’est permettre une fenêtre d’apprentissage, où son cerveau va créer des connexions et se développer. “Plus tu pratiques et moins tu galères !”

Pour Clément, ce qui nous rend satisfait de nous-même c’est de se concentrer sur ce que l’on veut accomplir et de se voir progresser chaque jour. Il invite à ne pas aller toujours dans la surenchère de compétence et d’aller explorer de nouvelles choses : quoi qu’il arrive, une pratique apportera quelque chose, que ce soit sur la mobilité, sur la compréhension de son corps, sur des techniques ou sur sa résilience.

L’importance d’encourager les enfants à faire ce qu’ils aiment

Petit, Clément n’a pas eu le sentiment qu’on lui ait expliqué qu’il pouvait tout faire. Pour lui, c’est une réelle problématique de ne pas dire aux enfants qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils veulent. Bien sûr, certains auront peut-être plus de capacités que d’autres, mais si on leur apprend la valeur du travail et de l’effort, ils peuvent arriver quelque part.

Mais arriver quelque part ne signifie pas s’enfermer dans une prison : il faut faire des choses qu’on aime, à tout prix !

“Aujourd’hui, j’ai fait le choix de mener la vie que je mène, de pratiquer, de transmettre et de me sentir plus libre, quitte à avoir moins de confort ou en tout cas moins de confort financier, mais d’être mieux dans ma peau !”

S’aligner avec ce qui nous fait vibrer est une notion chère à David Nicolas : avoir le courage de changer de cap s’il le faut nous permet de rendre le monde meilleur car en s’élevant, on élève le monde autour de nous.

Pourquoi est-il important de conscientiser qu’un choix de vie est toujours évolutif ?

Peut-on réellement faire confiance à un choix de vie pris à 18 ans et qu’on va suivre pour le restant de nos jours ? Pour ma part, je préfère aller expérimenter plusieurs domaines et me laisser la possibilité de me réinventer. Je suis conscience de faire telle activité aujourd’hui, mais peut-être que dans 5 ans, cela ne m’intéressera plus. Mehdi Jaouadi aborde le sujet car il souhaite rester ouvert à toutes les opportunités qui peuvent survenir. Si, à cause d’une blessure ou d’un quelconque aléa du destin, tout s’arrête, il faut savoir rebondir et se donner la possibilité d’être autre chose.

Il est aussi important de profiter de la vie que nous menons maintenant, sans avoir à attendre 65 ans. Avec quel corps allons-nous profiter alors ?

Prenons soin de nous et de notre santé : c’est elle qui ouvre un champ des possibles – et la maladie qui en referme !

Comment la pratique physique permet-elle de booster la confiance en soi ?

Dans les trois/cinq années à venir, Clément se verrait développer une communauté à Dijon. Il trouve qu’il y a un côté social à transmettre son style de vie. Il a envie d’élever les gens, de les aider à être serein et en bonne santé. Pour lui, il s’agit même d’une mission d’utilité publique: “Le coût économique et social de l’inactivité est faramineux !”

Il a aussi envie d’aller dans les écoles. Si les cours de sport sont toujours les mêmes qu’avant, il faut un changement car on propose des choses trop classiques et pas adaptées aux élèves. Il faut leur donner une autre perspective du corps pour qu’ils gagnent en confiance.

“Quand j’étais môme, pour moi être grand et être fort, c’était fumer des clopes. Mais si quand tu es gosse, on t’apprend à maîtriser ton corps, à maîtriser l’environnement qui t’entoure, même si tu ne peux jamais le maîtriser totalement, tu vas avoir de l’estime pour toi !”

Clément a quand même conscience que le côté esthétique dans lequel on baigne est très difficile à enlever. “Si ce que tu vois dans le miroir ne te plaît pas, ça peut être parfois difficile.” Mais peut-être que, justement, apprendre à bouger pour être plus à l’aise dans son corps et faire des choses qu’on aime et dont on est fier peut être une grande source de joie au-delà de l’esthétique !

Comment veiller à entretenir une relation saine avec sa pratique physique ? L’importance de l’intention.

La pratique doit nous satisfaire personnellement, sans forcément ne demeurer qu’un simple défouloir. Bien sûr, il peut l’être, mais il faut voir plus grand, une pratique peut être un outil, un guide pour l’exploration de soi. “C’est mon moment, je rends grâce à ce moment”

Avoir une relation saine permet de développer l’envie de bouger. Clément sent très vite la différence quand il passe des journées sans bouger : il y a une demande de mouvement de la part de son corps. Et pour lui c’est un bon signal : ça lui rappelle que c’est important pour lui et qu’il doit le faire !

Il mentionne aussi l’intention derrière l’entraînement, un concept qu’il a développé après un workshop passé avec Jonathan Schmid. Désormais, il cherche à avoir l’intention de sentir la connexion entre ses membres, sa main, son pied. S’il est accroché à un mur, de sentir le contact entre la main et le mur. Ressentir ces liens fait la différence : “Tu prends conscience de ce que tu veux faire et de ce que tu veux ressentir !”

Comment mettre son mental en veille pour enfin oser se lancer ? L’importance de choisir avec parcimonie les émotions que l’on alimente au quotidien.

Clément est plutôt quelqu’un qui a tendance à beaucoup réfléchir et penser. “J’apprends depuis pas si longtemps que ça à débrancher un peu et à me dire : Vas-y fais ! Arrête de réfléchir 120 ans et fais !”

C’est Alain qui l’a beaucoup poussé à agir sans trop se poser de questions. Selon lui, il faut faire quitte à commettre une erreur, puis bricoler, s’adapter et trouver son chemin.

Simplement f-a-i-r-e !

C’est à travers le concept de la Praxis que Micka Illouz nous parle de cette idée de se focaliser sur l’action, sans se poser de questions, sans avoir d’attentes : simplement de pratiquer et rien d’autre !

En termes de pratique, la méditation l’aide à gérer ses émotions et ses réactions. Nous sommes ceux qui décidons de nos réactions par rapport aux événements, c’est nous qui décidons de garder de la colère. “Moi je n’ai pas de temps pour être en colère, ça ne m’intéresse pas !” Clément a envie de profiter et si quelqu’un ne lui plaît pas ou le met en colère, il lui dit simplement qu’il n’a pas de temps à lui accorder.

Avoir des émotions, c’est normal. On peut avoir de la tristesse, de la nostalgie ou de la colère : l’idée est d’accepter qu’elles soient là et de se dire : maintenant, qu’est-ce que je vais essayer d’en faire ?

Le livre recommandé par Clément Lamirel

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“Tout ce qui compte, c’est quoi faire du temps qui nous est imparti…“
~ Clément Lamirel ~

La Routine Matinale Parfaite de Clément Lamirel

La routine que je fais dure entre 45 minutes à 1 heure et se décompose ainsi :

  • Faire quelques minutes de Shaking dès le réveil.
  • Boire une pinte d’eau pour me réhydrater.
  • Faire des vagues durant une vingtaine de minutes environ.
  • Finir par de la mobilité.

“Si tu n’as pas 1 heure car c’est un luxe, même 10 ou 15 minutes, ça change la journée et je ne peux que le recommander !”

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