La Légion Étrangère fait partie intégrante de l’armée française. C’est aussi un des corps d’armée les plus prestigieux au monde, sujet de nombreux fantasmes. Certains sont exagérés, d’autres sont authentiques.
Elle se différencie de l’armée française sur deux points. Elle accepte des soldats étrangers dans ses rangs et elle est exclusivement masculine.
La discipline, plus stricte qu’ailleurs, permet d’agglomérer une mosaïque culturelle dans un ensemble homogène et efficace. Sans surprise, l’activité physique fait partie du quotidien de ces soldats d’élite.
Après avoir suivi une formation à l’École des Officiers de l’Armée de Terre (Saint-Cyr), j’ai intégré un régiment de Légion Étrangère. Sur place, j’ai pris la responsabilité d’une partie de l’instruction des recrues du régiment. Au programme : cours de français, formation au maniement des armes et au combat. J’encadrais aussi les séances d’activité physique.
Dans cet article, je te raconte certains épisodes tirés de mon expérience militaire. On verra comment partir de ces anecdotes épiques pour en extraire des principes applicables partout.
À la fin de l’article complet, je te partagerai des outils concrets pour mettre en place ces principes dans ton quotidien.
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Vivre le mythe de la Légion
Mais d’abord il faut comprendre la place qu’occupe l’activité physique à la Légion Étrangère. On ne devient pas un des corps d’armée les plus respectés au monde sans des soldats affûtés physiquement.
Par conséquent, chaque jour le programme commence par au moins une heure de sport effectuée en groupe. Le programme varie entre footing, parcours d’obstacles, renforcement musculaire, natation, méthode naturelle, etc…
On y pratique des activités classiques qu’on retrouve dans le civil mais également des entraînements plus spécifiques qui se pratiquent en treillis et rangers.
L’intensité est généralement haute et l’ambiance pousse au dépassement de soi en permanence.
Pour faire un vrai légionnaire, il ne suffit pas de boire un coup, ça tout le monde sait le faire, faut être aussi premier partout. ~ Refrain du chant de Légion “Pour faire un vrai légionnaire”
Beaucoup de légionnaires pratiquent également une activité physique en plus de ces séances d’entraînement obligatoires. Le régiment dans lequel j’ai servi avait une équipe de cycliste, des triathlètes, des boxeurs, des lutteurs pour ne citer qu’eux.
L’activité physique rythme donc les journées de travail mais aussi le temps libre à la Légion. Et si en tant qu’instructeur, j’exigeais beaucoup des recrues, je m’appliquais la même exigence. Pour encadrer ces hommes, il faut leur montrer qu’on en est digne. Et cela passe, en partie, par la capacité physique.
On n’envoie pas les hommes faire un footing le matin. On les emmène en courant devant eux. Je m’entraînais à nouveau quand ma journée de travail était terminée.
La première idée que nous aborderons dans cette série d’articles est la rusticité, un concept fondamental dans l’armée française et encore plus à la Légion Étrangère.
Dîner froid et chaussettes mouillées
Cette idée de rusticité fait référence à la capacité du soldat à évoluer dans des conditions inconfortables. Ça peut prendre différentes formes :
- Le froid
- La chaleur
- La faim
- Le manque de sommeil
- L’effort physique
Dans la vie, la plupart d’entre nous sont rarement dans ces situations… Tu te dis peut-être :
“J’ai froid quand je sors dans la rue en hiver”
“J’avais faim hier en rentrant de ma journée de travail…”
Et tu as raison d’une certaine manière. Alors je vais te raconter une anecdote pour illustrer mon propos.
Nous sommes début janvier. Après avoir passé la fin d’année en famille, on se retrouve au régiment. Avant de nous laisser partir en permission, notre capitaine nous avait prévenus :
“À votre retour, vous partez pour 2 semaines d’aguerrissement.”
L’aguerrissement, dans la tête d’un militaire c’est froid, c’est humide et ça manque de sommeil.
Quand je retrouve mes camarades, je sais que les prochaines semaines vont être rustiques. Et je ne m’étais pas trompé.
Ce mois de janvier a été l’un des plus froids de ces dernières années. 10 centimètres de neige dans les forêts où nous avons passé deux semaines. À dormir dehors, sans tente, nos sacs de couchage dans la neige.
Nous étions en “mode furtif”. Une fois la nuit tombée, la consigne était de rester le plus discret possible. Et dans la nuit, ce qui te fait repérer à des kilomètres, c’est la lumière.
Donc pas de lampe, nous évoluions dans l’obscurité. Et surtout interdiction d’utiliser nos réchauds le soir. On dînait nos rations de combat, assis dans la neige. Sans réchauffer les plats en conserve. Pendant 10 jours.
À notre retour, on a découvert avec un œil neuf, trois choses :
- La douche chaude
- La pizza qu’on a mangée le premier soir
- La nuit dans un lit
“On boit avec plus de plaisir quand on a soif, et l’affamé trouve les mets bien plus savoureux : toute jouissance qui suit la privation est plus avidement saisie.” ~ Sénèque, Lettres à Lucilius
Cette première anecdote montre la beauté qui suit la privation. Cela nous permet de recalibrer notre compteur de plaisir, saturé en permanence par trop de nourriture et de confort. On devient de plus en plus difficile à satisfaire.
Encore aujourd’hui, je me rappelle du regard porté sur mon lit de caserne ce soir-là. Il n’était pas particulièrement confortable mais son accueil fut particulièrement doux cette fois.
Pendant ces dix jours d’aguerrissement, j’ai cherché à alléger au maximum le sac que je portais en permanence. J’avais décidé de ne prendre avec moi que deux paires de chaussettes en laine mérinos car elle reste chaude, même mouillée. Vu l’imperméabilité relative de nos chaussures, c’était une bonne option.
Je savais que chaque jour, les chaussettes que je portais finiraient inévitablement trempées. Chaque soir je les plaçais au fond de mon sac de couchage. On appelait cette technique le sèche-linge de campagne. La chaleur dégagée par le corps à l’intérieur du duvet séchait les affaires pendant qu’on dormait.
Souvent elles étaient encore un peu humides au réveil. Donc je les plaçais entre les couches de vêtement que je portais la journée. Comme ça, elles continuaient à sécher avec la chaleur produite par mon corps.
Je savais que si chaque matin, je pouvais enfiler une paire de chaussettes sèches. Tout irait bien.
Mettre en pratique
Pas besoin d’aller dormir au fond des bois pour devenir plus à l’aise dans l’inconfort. Tu peux adopter cet esprit dans ton quotidien.
C’est pour cette raison que dans cette partie, on va être terre à terre pour comprendre la marche à suivre pour intégrer un peu de cette rusticité dans ta vie.
Et cela, que tu sois une mère de famille très occupée, un étudiant sportif ou un retraité avec du temps libre.
Cela ne veut pas dire que cela sera plus facile pour autant. S’il n’y a pas une forme de renoncement, si cela ne te coûte pas, c’est que tu restes dans ta zone de confort. Là où la rusticité ne grandit pas.
Commencer petit
La rusticité est un muscle. Plus tu l’utilises, plus elle devient forte. Mais cela veut aussi dire que si tu y vas trop fort, trop vite, c’est contre-productif.
Je te recommande de commencer petit. Choisis une petite privation et garde le gros sommet à gravir pour plus tard.
Si tu sais que le challenge est accessible, tu pourras plus facilement t’y attaquer. Alors que si tu te mets face à l’Everest de la rusticité, tu vas inventer une longue liste de raisons toutes plus “valables” les unes que les autres pour ne pas commencer.
Au début de l’article, j’expliquais que la rusticité se développe en évoluant dans des situations inconfortables comme :
- Le froid
- La chaleur
- La faim
- Le manque de sommeil
- L’effort physique
Je te déconseille de te priver de sommeil. Cela serait au détriment de ta santé. Pour les autres options, c’est la dose qui fait le poison.
Par exemple le jeûne a des effets bénéfiques à condition qu’il ne dépasse pas une certaine durée. Sinon tu meurs de faim.
Se fixer un objectif clair
Pour atteindre un objectif, il faut le définir. Sinon les actions mises en place fluctueront selon tes envies du moment.
Si tu décides de développer ta résistance au froid, définis clairement les moyens que tu vas mettre en place pour y arriver, ainsi que la fréquence.
Exemple : “Je finirai chaque douche par une minute d’eau froide (pas tiède).”
Cet énoncé transmet deux instructions claires :
- Quand exécuter ton action “chaque fois que tu te douches”
- Comment exécuter ton action “finir par de l’eau froide et pas tiède”
Définir une durée
On peut endurer beaucoup de privations quand on sait à quel moment elles vont s’arrêter.
C’est d’ailleurs ce qui rend les entraînements militaires si difficiles mentalement. Il n’y a que les instructeurs qui connaissent le programme et les recrues ne savent pas à quel moment elles pourront manger ou se reposer.
Quand tu formules ton objectif, inclues une durée qui représentera une ligne d’arrivée.
Exemple : “Pendant 30 jours, je finirai chaque douche par une minute d’eau froide (pas tiède).”
Choisis une durée suffisamment longue pour créer un réel changement. Mais pas trop pour que tu puisses avoir la ligne d’arrivée en visuel. Se lancer un défi trop long, c’est décourageant et tu risques de laisser tomber rapidement face à l’ampleur de la tâche.
30 jours me semblent être une bonne mesure. Si cela te paraît complètement hors de portée, ton objectif est peut-être trop ambitieux pour le moment. Commence par quelque chose de plus petit. Tu pourras y revenir plus tard.
Augmenter progressivement
Si un objectif trop raisonnable ne te motive pas. Il y a une alternative.
Tu peux introduire une augmentation progressive au fil de la période.
Cette tactique aura plusieurs avantages :
- Te permettre de commencer facilement
- Augmenter petit à petit la difficulté
- Te motiver en pensant à ce que tu auras accompli à la fin de la période
Ici on suit le principe de surcharge progressive, bien connu en préparation physique. J’aime bien l’illustrer avec l’histoire de Milo de Croton.
Milo était un champion de lutte dans la Grèce antique. Un matin, un veau naît dans l’étable à côté de sa maison. Le voyant, Milo le charge sur ses épaules et marche en portant le veau pour s’entraîner. Chaque jour, il recommence. Au fur et à mesure que le veau grandit, Milo devient plus fort. Au bout de plusieurs mois, Milo est capable de porter un bœuf sur ses épaules.
Cette histoire illustre parfaitement le principe de la surcharge progressive.
Dans le contexte de notre douche froide, tu peux compléter ton objectif de cette manière :
Exemple : “Pendant 30 jours, je finirai chaque douche par une minute d’eau froide (pas tiède). Chaque semaine, je resterai une minute de plus sous l’eau froide.”
Repartir en cas de sortie de route
Il y a une possibilité à prendre en compte. Celle de la sortie de route. C’est quand tu ne respectes pas ton engagement vis-à-vis de l’objectif formulé.
Si cela t’arrive, ne culpabilise pas. Ne te lamente pas. Ne te dis pas que tu as tout gâché. Reprends immédiatement les choses en main.
Ne laisse pas un écart se transformer en une suite d’écarts. Reconcentre-toi sur l’objectif et reste dessus. Tu échoues au moment où tu abandonnes, pas avant.
Dans la partie suivante, on va parler du passage à l’action dans des situations difficiles.
Matérialiser tes succès
Quand on fait des efforts, il est important de voir ses progrès. Parce qu’il y a des jours où cela va être difficile. Tu ne seras pas motivé et tu inventeras plein de raisons de lâcher.
À ce moment, il est important d’avoir quelque chose vers lequel revenir pour se rappeler de ce que tu as déjà accompli.
Voir le chemin déjà parcouru va t’inciter à continuer pour atteindre ton objectif et respecter ton engagement.
Ici je te donne mon meilleur outil pour y arriver ! C’est un calendrier spécial avec 30 cases à cocher pour chaque jour où tu as rempli le contrat. En l’affichant de manière visible chez toi ou à ton bureau, il te rappelle ce que tu es en train d’entreprendre et ce dont tu es capable.
Et il y a un vrai sentiment de satisfaction à tracer une croix, quelque chose de physique.
J’ai créé un calendrier spécialement pour ça. C’est celui que j’utilise encore aujourd’hui pour me lancer des défis et continuer à sortir de ma zone de confort.
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6 comments
Martin Haas
J’espère que cet article vous plaira ! Posez moi vos questions et j’y répondrai avec plaisir.
Slim
Merci pour ce super article mon Martin 🙏🏾
Coach Slim
MERLE Laurent
Bonjour. Excellent article clair et précis. Je suis dans cette démarche de stimulation par l’inconfort pour une adaptation et une évolution permanente. Ça ne fait que renforcer mon idée de comment l’homme moderne doit (ou devrait) se comporter. Merci beaucoup. Bonne continuation…
Slim
Merci pour ton retour.
Oui, c’est à nous de combattre les effets néfastes de cette sédentarité et de ce mode de vie ultra-confortable moderne.
IL y a énormément de bons, mais il est important de se rendre compte de ce dont nous prive ce confort et d’essayer d’y remédier 🙂
Très belle journée Laurent,
Coach Slim
Martin Haas
Merci pour ta réponse Laurent !
Je crois que notre erreur est de penser qu’il existe un Homme moderne qui s’opposerait à un Homme plus ancien. L’Homme n’a pas changé, seulement le mode de vie qu’on lui propose.
Je t’encourage dans ta démarche en tout cas !
Fenrir
Effectivement la restriction est bénéfique pour se préparer pour toutes situations ou votre “addiction” est indisponible. L’être humain recherche le confort et les pics de dopamine avant toute chose, je pense donc qu’il est important de pratiquer ceci surtout avec une sociétée de plus en plus toxique ou tous nous est simplifié pour nous appauvrire et nous rendre faible, l’homme qui a perdu son rôle de chasseur (les métier actuel font pâle figures a côter) les femmes qui ont un rôle qu’elle ne devraies pas avoir, mais surtous le fais d’être dominer par des “élites” sociopaths qui ne pensent qu’à l’argent et aux chiffres. C’est pour cette raison que la voie de l’hermitage est la voie royale.Plus vous ête loin de cette société moins vous pourrez être contrôlé.