Dans cet article extrait du Mouvers Podcast nous allons aborder le thème de la chasse avec mon ami Nicholas Mercadier, cet échange est extrait de l’épisode 28 du Mouvers Podcast.
Nicolas a bien voulu aborder le thème controversé de la chasse.
“ Pourquoi la Chasse est-elle nécessaire et utile pour préserver la Biodiversité ? ”
Très bonne lecture à toi mon Mouver !
Comment la chasse permet de réguler les animaux qui nuisent à l’agriculture ?
NICOLAS : Pour revenir à la chasse, en fait la chasse c’est la biodiversité…
L’être humain est arrivé au sommet de la chaîne alimentaire et a, de ce fait, éliminé énormément de prédateurs qui existaient naturellement, comme les loups par exemple, qui pouvaient s’attaquer éventuellement à des sangliers, à des cerfs, à des chevreuils etc.
Ce sont à présent des animaux qui n’ont plus de prédateurs, naturellement…
Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui vont être contre la chasse mais en fait, si on ne régule pas cette biodiversité, ça va se répercuter sur d’autres choses !
Un sanglier par exemple va faire des dégâts pas possibles, déjà dans les cultures, c’est-à-dire que si tu cultives des fruits, des légumes ou des céréales et qu’un sanglier arrive et détruit un peu tout…
Donc cela impacte directement la ferme, notre élevage.
Alors certes, tu vas peut-être te dire :
“ Oui bon, ce n’est pas si gros que ça… “
Sauf qu’en fait, quand ce sont des gens qui galèrent déjà pour survivre, parce que les agriculteurs franchement, moi je le vois avec mon père, s’il n’a pas d’aide, c’est mort, on ferme demain et je trouve ça terrible mais bon bref, ce n’est pas le sujet !
Un sanglier, il va retourner la terre, il va retourner le sol, ce qui fait que si la population de sangliers imaginons, grandit énormément, elle va détruire énormément de choses…
Comment la chasse permet de réguler les animaux qui nuisent à la biodiversité ?
Certains oiseaux nichent au sol, je le précise car peut-être que les gens ne le savent pas !
Donc, il y a des oiseaux qui nichent au sol et les sangliers vont détruire ces nids, à nouveau, ils ne vont pas se poser la question, ils vont simplement retourner la terre, donc ça va détruire des plantes, ça va détruire énormément de choses…
Je vais chercher des champignons et à certains endroits, tout est explosé, je vois les champignons qui sont éclatés, partout, parfois des girolles qui sont supers bonnes…
Mais le sanglier ne s’est pas posé la question, je ne sais pas ce que lui est allé bouffer dans la terre !
Cette illustration, ce n’est pas grand chose à cette échelle, en revanche, si ce n’est pas régulé, s’il n’y a plus de régulation,
Je pense que ce serait une destruction totale de la biodiversité parce que certaines espèces ont la capacité de se multiplier, de croître énormément, très rapidement et vont être très invasives…
On a beaucoup de marées vers chez moi et l’homme a amené deux espèces qui n’étaient pas là, à la base :
Le ragondin et l’écrevisse.
Deux espèces qui n’ont rien à foutre ici car en plus de détruire les berges, c’est-à-dire qu’à la base, il y avait un fossé d’un mètre de large, à présent il en fait quatre, du fait que les ragondins creusent des galeries et que tout s’effondre,
Ces espèces introduites par l’homme détruisent aussi tout le reste de la biodiversité de cet environnement !
En effet, quand j’étais petit, il y avait tout le temps des grenouilles et des poissons dans les mares et il y avait plein de poissons, maintenant, il y en a beaucoup moins, il y en a de moins en moins…
Les grenouilles d’ailleurs, je n’en vois plus du tout !
Ces petites choses, que la plupart des gens déconnectés de la nature, ne mesurent pas.
Si par exemple, pour ces ragondins, il n’y a pas de chasseurs pour les tuer, l’espèce va se démultiplier jusqu’à ce que le marais ne soit plus occupé que par des ragondins, donc jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune autre espèce !
Je pense que c’est quelque chose que les gens ne voient pas, qu’ils n’en ont pas conscience et c’est normal, je ne peux pas en vouloir aux gens, mais comme tu le précises, comme toujours, le plus important, c’est la conscience !
Il faut avoir conscience des choses et s’informer un maximum !
Si tu n’as pas conscience des faits, tu ne peux pas débattre, tu ne peux rien comprendre, tu es juste dans ton idéologie, où tu dis :
“ Non, il tue un animal, je trouve ça terriblement cruel… On n’est plus à l’âge de pierre, il ne faut plus faire ça ! “
Oui, mais en même temps, si tu n’as pas cette régulation…
Certes, je suis tout à fait d’accord, certains animaux n’auraient pas besoin d’être régulés, mais je pense aussi, à titre personnel, que la chasse est quelque chose de relativement naturelle pour l’homme car elle est pratiquée depuis des milliers d’années…
Et moi, je trouve ça tout à fait louable que quelqu’un veuille chasser !
Mon père, je l’ai toujours vu chasser, même si je n’ai jamais été attiré par ça…
Je ne me mets à la chasse que maintenant, mais à l’arc car c’est un peu plus chevaleresque !
À force de jouer à Skyrim, j’avais envie d’avoir un arc !
SLIM : (rires)
NICOLAS : Qu’est-ce qui est le plus terrible pour la biodiversité ?
Quelqu’un qui va chasser et qui ramène son gibier pour le manger entièrement ?
Ou
Quelqu’un qui va au supermarché, acheter un steak végétal, pour un vegan, ou un blanc de poulet, qui le mange, sans l’avoir tué ?
Pour le steak végétal, comme je te le disais, pour moi, avec ce type de production, tu tues énormément la biodiversité en consommant de cette façon parce qu’il faut des usines pour les produire,
Il faut des champs pour cultiver les céréales présentes dans ces steaks végétaux et dans ces champs il n’y a pas de nature, aucune biodiversité du moins !
Qui est le plus cruel dans l’histoire ?
Sur le papier, effectivement, ça paraît être le chasseur car il va tuer un animal, il va le dépecer pour le manger !
Et tu peux te dire :
“ Oh c’est horrible, c’est terrible… “
Mais en fait, si tu prends le temps de te renseigner et d’adopter une vision qui soit la plus globale possible, tu réalises qu’en réalité, le plus terrible, ce n’est certainement pas ça…
Ce qui est dramatique, c’est toute la merde qu’il faut pour acheminer ton steak végétal emballé sous plastique, etc.
Ce qui est bien plus délétère pour toute la biodiversité, que quelqu’un qui va chasser un animal qui, quoi qu’il arrive, à nouveau, lui, quand il s’est levé le matin, il s’est dit :
“ Bon, faut que je sois chaud, parce que je peux mourir aujourd’hui ! “
Les animaux ne sont pas comme nous, en mode “pépère”, posés dans le canapé…
Non, les animaux sont toujours un peu sur leur garde car il y a un renard qui peut leur sauter dessus, il y a si, ça, ça, etc.
Enfin bref, tout ça pour dire que la chasse est un sujet important, parce qu’on en parle d’une très mauvaise manière !
SLIM : Oui, c’est clair…
Comment notre rapport à la mort influence notre façon de penser vis à vis de la chasse ?
Et puis, pour rebondir sur le thème qui revient assez souvent, quand tu parles de l’impact de l’agriculture moderne, de comment préserver la biodiversité et même là, de l’exercice de la chasse, c’est en fait je pense, ce rapport à la mort…
Comme tu le précisais, la conscience vient de cette conscience de la mort, de méditer sur l’idée de la mort, de notre mort, de celle des autres, de celle des animaux…
Si on avait peut-être un meilleur rapport avec celle-ci, un rapport beaucoup plus axé sur une compréhension cyclique des choses, dans le sens où :
“ Ça doit arriver parce que par la suite, il y a d’autres choses… “
Comme les animaux la vivent en fait !
Fondamentalement, je te rejoins quand tu dis que les animaux ont une sorte de sensibilité, de conscience, parce qu’en fait, eux, ne sont jamais sortis du cadre de la nature…
Nous, on s’en est extrait !
NICOLAS : Exactement !
SLIM : Mais eux, dans leur système, sans me mettre à penser à la place d’un animal, je me dis simplement que du point de vue de la vie d’un animal ou de la vie de quelqu’un qui n’a pas quitté justement ce monde, cet état de nature, en fait, il se dit :
“ Je ne suis pas sur la nature, c’est moi la nature…
Je suis la nature, j’en fais partie !
Je bouge dans la nature comme un animal !
De la même manière que là, je mange cet insecte ou que je mange cette petite grenouille, moi aussi je vais être mangé par quelqu’un d’autre, je suis consommé par quelqu’un d’autre. Si je meurs, les champignons vont me réingurgiter, me ramener à la terre…
Je fais partie intégrante de cet écosystème, je ne suis pas dessus ! “
Et nous, on n’a plus cette conscience de la mort et ce rapport à la mort, à l’immédiateté aussi de la mort, c’est-à-dire que l’on vit avec l’illusion de l’immortalité…
Les gens, quand ils sortent de chez eux, ils ne se disent jamais qu’ils vont mourir…
Mais mec, un accident, ça arrive instantanément, ça peut arriver très vite !
On sort comme si on était au-dessus des choses, on a du béton sous nos pieds, on a des baskets, on ne sent plus la terre, on ne met jamais les mains sur le sol donc au final, non, on n’est pas vraiment sur terre…
On a construit des trucs dessus, mais la planète, tu peux passer une vie entière à ne jamais la toucher, à ne jamais mettre le doigt dans la terre…
C’est tout à fait probable, si tu vis en ville et que tu ne la quittes jamais, que tu passes une vie entière, totalement déconnecté de la nature…
Et par “nature”, je ne l’entends pas au sens d’aller dans le désert ou en Amazonie, mais au sens de toucher un arbre, de s’accrocher, de s’allonger dans l’herbe, toutes ces petites choses…
Et comme tu le dis, je pense que le point le plus marquant, c’est ce rapport à la mort et cette peur de la mort, à quel point elle nous anesthésie…
Je vais raccrocher les wagons avec la chasse, notamment la chasse à l’arc et je vais même raccrocher un second wagon, avec le bon Dom !
NICOLAS : Raccroche, raccroche !
Comment la chasse et la cueillette augmente notre proximité avec la nature ?
SLIM : Avec Domi, qui lui, chasse justement à l’arc et au harpon…
Comme tu le dis, en fait :
Tu te lèves le matin, tu vas dans l’océan, tu utilises ton corps pour aller sous l’eau, c’est-à-dire que ce sont tes poumons, ta capacité athlétique, ta compréhension des choses.
Tu es dans le flow, tu es sous l’eau, il n’y a pas de bruit…
Tu prends ton harpon, tu tues un poisson, déjà, ça t’a pris trois heures pour le faire mais tu ne vas pas tuer tout un banc poisson, tu en as pris un ou deux, tu rentres, il est déjà 14h, tu grilles ton poisson, tu le manges et c’est terminé !
Tu auras mangé un repas, tu auras jeuné, tu auras utilisé ton corps pour aller chasser, tu auras communié avec la nature pendant des heures et des heures,
Tu auras été avec elle et tu vas rendre grâce à cet aliment, à cet autre élément de la nature, à cet animal parce que tu vas le finir entièrement et ton corps tu ne vas pas le blinder de sucre ou d’autres merdes !
Tu auras mangé une fois et toi quand tu vas mourir, tu vas rendre tout ça à la terre…
Je veux dire que ça, pour moi, c’est le cycle !
Un gars qui fait ça, il respecte la nature, il est la nature !
À l’opposé, tu prends tes trois repas par jour où il y a trois fois du blanc de poulet que tu as acheté tout plastifié…
Alors oui, c’est pratique, c’est dans le frigo, c’est bien rangé.
Même sans cette idée de comparaison, c’est vraiment :
- À quel point, tu es la nature ?
et
- À quel point, tu n’es pas la nature ?
C’est ça qui me marque surtout dans cet exemple-là !
Comment l’urbanisation et la modernité nous ont séparé de nos rythmes et réflexes naturels ?
NICOLAS : Bien sûr et après, on n’est pas là pour stigmatiser les gens…
C’est tout à fait naturel que si tu vis en ville, tu aies acheté ta protéine toute emballée car tu as toujours vu ça comme ça et tu ne vois pas les choses autrement…
Mais là justement, je pense que c’est ce que tu cherches dans tous tes podcasts, c’est d’amener une autre vision et je pense que ça, c’est primordial !
Je t’avoue que, quand j’étais à Bali en fait, je suis parti en me disant :
“ C’est la liberté, je pars ! “
J’ai quitté la France très tard pour la première fois parce que je ne suis jamais parti en vacances avec mes parents, on est toujours restés ici car quand tu es agriculteur, c’est un boulot où tu n’as pas l’opportunité de partir !
À la base, on devait enregistrer le podcast hier mais j’ai eu un problème avec une vache et finalement, je n’ai pas pu parce que c’est ça en fait la vie…
C’est de l’immédiateté, comme tu dis, c’est être dans l’instant présent, tout le temps !
Je ne peux pas me dire :
“ Tiens, je prends quinze jours, dans trois mois… “
Ce qui me convient car je n’aime pas les choses toute carrées !
C’est impossible, dans trois mois, je n’en sais rien, si ça se trouve, il y aura un gros problème ou peut-être qu’il n’y aura rien…
Tu vois ?
En fait, tu ne peux pas prévoir…
Et dans la nature, tu ne peux rien prévoir !
Il est vrai que l’on s’est construit un monde, comme tu le dis qui est un peu faux, enfin, du moins complètement déconnecté de la base et on est là :
“ Houston, répondez s’il vous plaît… “
Mais, il n’y a plus personne !
Je suis sûr qu’il y a des gens qui vont mourir sans jamais avoir mis leurs mains dans la terre, c’est sûr et certain et c’est triste…
Je pense que l’on manque une chose très importante, c’est pourquoi j’inviterais simplement les gens à se poser les bonnes questions, à revenir un peu aux fondamentaux et à essayer de tendre vers ça…
Quand je vais aller en forêt pendant des heures, cueillir des champignons, je vais juste aller marcher et à nouveau, je vais dépenser de l’énergie car on a perdu ce truc aussi, de dépenser de l’énergie, pour en recevoir…
À présent, on est dans la simple dynamique de :
Je dépense de l’énergie, mais au sens de l’argent !
On ne dépense plus d’énergie physique pour aller chercher notre nourriture, ça ne nous demande plus aucun effort…
On est dans une société du moindre effort, quoi qu’il arrive !
On perd cette notion de mort, on perd cette notion d’effort et du coup, les récompenses que l’on obtient, n’ont plus aucun sens !
Je trouve clairement, qu’il y a une perte de sens dans la vie des gens !
Nos ancêtres, pendant des millions d’années, leur seule préoccupation était :
“ Aujourd’hui, je vais chercher à bouffer pour nourrir ma famille ! ”
Et c’est tout !
Ils ne se disaient pas :
“ Tiens, il faut absolument que je finisse cet Excel ce soir, sinon le patron va me gronder ! “
C’était juste :
“ Il faut que je me grouille, sinon je vais crever et tout le monde va crever ! Et il faut que tout le monde soit utile… “
Et là, on a créé une société, où beaucoup de gens sont inutiles car ils ne produisent pas, mais ne font que consommer !
C’est un cercle très vicieux effectivement, mais je comprends qu’en plus, quand tu vis en ville, ça peut être extrêmement compliqué de t’en extraire et de renoncer à ce que j’aime appeler, l’appel du diable…
Tout ce que l’on a, à portée de main, là, c’est notre pente en fait, c’est-à-dire que naturellement, on a envie de faire le moins d’efforts possibles et c’est normal parce que l’on a évolué pour faire le moins d’efforts possibles…
Si on a un tel résultat, avec si peu d’efforts, c’est parfait !
“ Je vais prendre ça, je ne vais pas m’emmerder… Mon but, c’est de survivre, d’essayer de dépenser le moins d’énergie possible ! “
Mais là en fait, il faut que l’on réussisse à aller contre notre pente naturelle…
Il faut faire de la montée à 40%, sur une pente qui est inclinée à 70% !
Une pente sur laquelle on pourrait aller en mode :
“ On s’en fout, on lâche les freins, on y va à fond ! “
Or, je pense que si l’on veut survivre à ce monde moderne, en fait, il faut freiner à fond et faire demi-tour afin de prendre la pente en sens inverse !
SLIM : (rires)
C’est une belle image !
J’aime bien le parallèle que tu fais avec cette idée qui est que, plus tu perds tes repères avec la nature, plus tu perds ton rapport avec elle et plus ça te conduit à une perte de sens !
Merci de ton attention !
Et si tu souhaites rebondir ou simplement partager ton expérience, je t’attends avec grand plaisir dans la section des commentaires 😉
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