MOUVERS #123 – Boxe Française (Savate), Bullying à l’École, et Self-Défense Féminine. Le meilleur combat, c’est celui que tu n’as pas eu à faire avec Yacine Bouaissa

Nouvelle conversation cosmique avec Yacine Bouaissa, champion du monde de Boxe Française, et éternel étudiant de L’ART martial. À la fois versé dans les philosophies et les spiritualités asiatiques, que dans les films d’animations Japonais, les jeux vidéos de sciences fictions, que les légendaire films de Bruce Lee, Yacine a un parcours de vie qui l’a confronté au combat depuis l’enfance et qui l’a amené à développer des réflexions profondes autour de la défense personnelle, la violence, l’empathie, la discipline, le courage. On revient ensemble sur tout cela au cours d’un épisode qui pousse l’introspection, la MAÎTRISE de soi et l’expression de son moi le plus AUTHENTIQUE.

Publié le 20 Juillet 2023

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Chapitres

00:00 Introduction
02:43 Sponsors
05:45 Comment Yacine Bouaïssa voit la préparation physique ?
10:55 Est-il plus facile de commencer une activité physique plus jeune ? N’y a-t-il pas un risque de se lasser ?
14:12 Entretenir sa forme régulièrement : est-ce si facile ? Comment trouver la motivation de le faire ?
28:20 Perd-on les principes de créativité et de prise de risque dans les sports de combat aujourd’hui ?
35:06 Le monde de la Boxe Française vs les autres disciplines
42:39 Peut-on réellement transférer nos compétences en mouvement dans n’importe quelle discipline ?
51:38 Quel est l’avis de Yacine Bouaïssa sur la transférabilité de la boxe en self défense ?
58:15 La self défense et la sécurité des femmes
01:06:20 Quelle est la responsabilité du cinéma qui diffuse une vision déformée des combats, de la violence et de la résilience du corps ?
01:11:30 Les débuts de Yacine Bouaïssa dans les arts martiaux
01:15:23 Y a-t-il un intérêt à enseigner les arts martiaux aux enfants ?
01:22:14 Quels seraient les avantages de développer une société guerrière ?
01:35:33 Comment l’approche philosophique est-elle arrivée dans la pratique martiale de Yacine ?
01:51:02 Y a-t-il toujours une dimension hiérarchique dans nos relations ?
02:02:10 Est-ce que se victimiser permet de s’en sortir dans la société d’aujourd’hui ?
02:07:58 Yacine Bouaïssa croit-il en une fin du monde apocalyptique ?
02:14:09 Quels sont les dangers de l’IA et de la technologie pour notre avenir ?
02:24:55 La technologie et nos enfants
02:27:27 L’impact des médias et des réseaux sociaux qu’on consomme avec une liberté maximale
02:33:20 Fin de l’échange, passage aux questions
02:33:38 Le livre recommandé de Yacine Bouaïssa
02:36:15 Le message à l’humanité de Yacine Bouaïssa
02:36:56 L’objet de moins de 100€ qui a changé la vie de Yacine Bouaïssa
02:37:27 La routine matinale parfaite de Yacine Bouaïssa
02:38:27 Le lieu et l’époque que Yacine Bouaïssa aimerait visiter
02:42:16 Conclusion

L'invité : Yacine Bouaissa

MOUVERS Podcast #122 avec Yacine Bouaissa Portrait | MOUVERS

Nouvelle conversation cosmique avec Yacine Bouaissa, autour de la pratique et de la philosophie des Arts Martiaux. Champion du monde de Boxe Française, Yacine nous amène à nous questionner plus profondément sur le combat, la confrontation avec soi-même, la relation à l’autre, à la violence, à l’intégrité physique, mais aussi à nos représentation de la vertu, du courage, de la justice, avec humour, bienveillance, et pas mal de référence de films d’arts martiaux des années 80, 90 et des films d’animation pour les passionnés de culture pop.

Notes, Liens, et Resources dans cet épisode

Comment Yacine Bouaïssa voit la préparation physique ?

Pour débuter cet épisode, nous abordons directement le sujet de la préparation physique qu’on voit, on doit l’avouer, comme « la partie la moins intéressante du combat ».

Nous parlons de divers types de préparation physique : les entrainements à la salle, mais aussi en nature, comme les parcours de santé dans les bois et la grimpe pour travailler le mouvement naturel.

Est-il plus facile de commencer une activité physique plus jeune ?

L’esprit se bâtit avec l’activité physique, on voit les choses de manières différentes selon l’âge où on a commencé.

Cela demande plus de patience et d’adaptation d’arriver tard dans une discipline, même si la motivation est là. Un enfant vit son évolution différemment et, peut-être, plus facilement, mais le souci, c’est qu’une fois adolescent ou jeune adulte, il peut avoir le sentiment d’avoir fait le tour de sa discipline et se lasser.

Je demande alors à Yacine s’il pense faire de la boxe toute sa vie. Selon lui, tant qu’il sera mobile, il ne se voit pas arrêter. De là apparaît la nécessité de garder la motivation de rester en forme. Mais c’est peut-être ce qui le sauvera : quand il boxe régulièrement, il se sent bien dans son corps

Entretenir sa forme régulièrement : est-ce si facile ? Comment trouver la motivation de le faire ?

Ceux qui ne font pas du sport de manière intensive ont la croyance que les athlètes ont une discipline de fer et qu’ils s’entretiennent tout le temps. C’est une fausse croyance !

Et même si la compétition rythme la vie d’un athlète et l’oblige à repousser ses limites, s’il y a trop de travail et pas dans les bonnes conditions, le corps encaisse et peut se blesser. Mehdi Jouadi nous parle de cette mentalité de “combattre à tout prix” et de prendre le risque d’abîmer son corps dans le monde du combat.

Mais se reconstruire après un accident est un challenge et, cette fois, c’est Agathe Philbe qui nous parle de son long cheminement après son accident.

Pour toutes ces raisons, prendre soin de son corps est indispensable. Pour Yacine, c’est trop facile de se trouver des excuses. Tout le monde peut faire une session efficace en utilisant la méthode TABATA en 15 minutes. « Tout le monde a 15 minutes ».

La motivation reste toutefois la clé.

  • On peut se motiver pour sa propre santé, afin d’anticiper la vieillesse ou prendre soin de son corps.
  • L’égo peut aider : pouvoir se plaire quand on se regarde dans la glace, être satisfait de voir le résultat de son travail… mais il faut faire attention aux abus car « tout se paye » : le plaisir, le travail, la santé…
  • Les objectifs sont également un outil puissant de motivation. Yacine nous invite à nous questionner : Qu’est-ce que je veux accomplir ? Ca peut aller de monter sur un ring, à faire un coup de pied que personne n’a vu, en passant par faire preuve de créativité ou de démontrer que tout est possible.

Yacine a également des sources d’inspiration qui le poussent vers l’avant, comme Claude N’Djeinti, un champion de savate, Sébastien Farina, Ramon Dekkers, Samart Payakaroon en Muay Thai.

Perd-on les principes de créativité/la prise de risque dans les sports de combat aujourd’hui ?

Au cours des MMA UFC, Yacine déplore la pression des paris, des sponsors et de l’argent qui circule. Pour lui, ça ôte le côté artistique et artisanal de sa discipline. On ne se demande plus comment innover, quel est son style ou comment aller à l’encontre d’une approche traditionnelle. C’est là qu’on aborde les entrainements de Muay Thai avec Lerdsila qui mélange tout dans son art : ses objectifs sont tournés soit pour le public, soit pour la postérité.

Yacine admet que les capacités de création sont plus ténues qu’avant. Par le passé, peu de choses étaient connues, il était plus facile de créer. Aujourd’hui, tout devient plus accessible et tout se codifie (tant dans la préparation physique que dans le combat). On se tourne vers ce qui se vend et on se retrouve avec des boxes qui se ressemble. Les coachs ne veulent pas de prises de risque pour des questions de rendement derrière, parce que c’est compliqué et parce qu’il faut des qualités physiques particulières pour les faire.

Bien sûr, innover, faire les choses avec sincérité et kiffer le moment existent encore. Mais puisqu’il y a beaucoup plus de combattants, car tout se diversifie, on ne peut pas demander à tout le monde de faire des trucs extraordinaires.

Mais est-ce que ça n’enlève pas une partie de la beauté de la pratique ? Ils sont nombreux les mouvers, comme Staiv Gentis, Davy Gallon ou encore Raphaël Berkane à inviter à mêler les disciplines et à explorer leur créativité pour vraiment en tirer la substantifique moelle et pour y garder du plaisir.

Le monde de la Boxe Française vs les autres disciplines

Internationalement, la boxe française est plutôt connue sous le nom de savate. Elle faisait partie des disciplines disputées pendant le World Combat Games, l’équivalent des Jeux Olympiques pour les sports de combat, dont la première édition s’est déroulée en Chine en 2010. La discipline est aussi présente lors de tournois à Tokyo ou à Helsinki.

Elle est très reconnaissable par rapport à d’autres boxes, notamment dans son obligation de précision : les mouvements sont déliés, le combat est compréhensible contrairement à la boxe Thai. Aussi, c’est une boxe qui se fait en chaussures, contrairement à la plupart des autres qui se font pieds nus.

Malgré tout, elle souffre probablement d’un problème de médiatisation, malgré des débuts prometteurs. Il nous mentionne le film de 1978 Le jeu de la mort, avec Danielo Santo et Bruce Lee. C’est Danielo Santo qui a formé Salem Assli qui a diffusé la boxe française dans le monde. Quant à Bruce Lee, il utilise dans son taekwondo des chassés et autres mouvements de la savate.

Peut-on réellement transférer nos compétences en mouvement dans n’importe quelle discipline ?

La boxe française se base sur une technique précise et efficace, mais favorise le combat à distance.

Yacine nous mentionne le combat entre Morad Sari, boxeur thai et premier champion occidental de Lumpini, et François Pennacchio. Même si la technique de chacun est maîtrisée, il suffit que Morad Sari se rapproche pour empêcher son adversaire de boxer. Si un boxeur n’a jamais été exposé au contact, au clinch, il ne pourra pas se défendre.

Sur ce point, nous soulignons l’arrogance de certains pratiquants de la Movement Culture qui tombent dans le piège du mouvement. La mobilité n’est pas transférable partout. Dans certaines disciplines, on a besoin d’apprendre certains schémas moteurs pour s’en sortir.

Quel est l’avis de Yacine Bouaïssa sur la transférabilité de la boxe en self défense ?

Au départ, la savate est pratiquée dans les rues, surtout dans les ruelles coupe gorge, pour se défendre. On s’aide de sa canne lestée de métal, utilisée pour marcher, qui devient un véritable outil de défense.

Dans sa forme traditionnelle, il est possible de se défendre avec la boxe française, même si sa technique possède de nombreuses contraintes. Mais il existe des disciplines associées, comme la savate défense, refondée par Eric Quequet. Il a récupéré des anciennes techniques comme les frappes génitales, la mise et le contrôle au sol et l’usage du bâton qu’il a associées avec les principes traditionnels de la savate.

Car c’est la limite de la self défense seule : elle s’arrête dès le moment où on se fait frapper car on peut se retrouver submergé. C’est pourquoi il est important de connaître et pratiquer la savate traditionnelle pour être habitué à se faire frapper et être entraîné à esquiver : c’est ainsi qu’on peut continuer à fonctionner dans le feu de l’action. Micka Illouz nous parlait justement de cette réalité de la violence du combat : il faut connaître la violence et la douleur de se faire frapper pour être capable de combattre véritablement.

Mêler d’autres disciplines, comme la boxe anglais ou le krav-maga peut aussi aider pour avoir une préparation plus approfondie.

La self défense et la sécurité des femmes

Puisque nous parlons de self-défense, je ne peux pas m’empêcher de me questionner sur l’éventuel danger qu’il y aurait à penser qu’avec quelques entraînements dans la semaine, on développe une vraie capacité à se défendre. C’est en tout cas le message qu’offrent les ateliers de self-défense à destination des femmes.

Pour Yacine, leur donner des techniques de self-défense, c’est les mettre éventuellement en danger. On peut avoir un plan en tête, mais une fois dans la bagarre, on peut se retrouver bloqué. Que faire si c’est nous qui sommes à l’origine de la provocation ?

L’idée, c’est de penser “tactique” plus que “physique”. En boxe, on développe le physique mais pas en self-défense. ll est préférable de faire des saisies simples.

Mais au-delà de ça, la première chose à entraîner, c’est le mental. Développer sa détermination, sa capacité d’analyse et son sang-froid. C’est comme ça qu’on sera capable de trouver des solutions en cas de pépins. Par exemple, éviter de chercher la bagarre si l’autre a un couteau en face : valorisons notre vie.

Aussi, il souligne l’importance de l’attitude et du comportement. Changer son attitude posturale, montrer de la confiance en soi, quitte à bluffer, permet d’éviter qu’on nous prenne pour une cible. « Le meilleur combat, c’est celui que t’as pas à faire, c’est celui que t’as gagné parce que t’as pas eu besoin de combattre. »

C’est avec Guillaume Morel que nous parlons de manière plus approfondie sur la self-défense, la gestion des agressions et des conflits.

Les débuts de Yacine Bouaissa dans les arts martiaux

Yacine nous raconte son parcours, qui commence dans la cours de l’école, avec du harcèlement et du vol de goûter, et puis chez lui, à regarder Bruce Lee à la TV et réaliser qu’on peut se défendre. Se défendre contre les bullies a été sa première étape et son premier “combat” gagné a été une révélation pour lui. « La vérité est dans l’instant présent et ce que tu peux faire pour t’adapter à une situation quand tu es en danger »

C’est pour cette raison que même si le cinéma n’est pas toujours très réaliste, il donne au moins envie d’essayer et c’est suffisant. Yacine a donc commencé son cheminement dans les arts martiaux, puis est passé à la savate défense car, face à un danger, ça fonctionnait.

Y a-t-il un intérêt à enseigner les arts martiaux aux enfants ?

Des systèmes existent dans ce sens-là, notamment avec la lutte ou le Kurae no Ken. Mais ce n’est pas assez : pour Yacine, ça devrait être une institution pour tous les élèves à l’école. Les maternelles pourraient faire du Baby Judo, les primaires de la lutte, et les plus grands de la savate. Il y verrait en tout cas trois intérêts majeurs :

  • Intérêt physique : chacun aurait une meilleure proprioception. Ces activités permettraient de reprendre contact avec son propre corps et garantir une hygiène de vie par le sport.
  • Un intérêt méta : ces arts permettraient de développer la discipline, un peu à l’image du code du Bushido qui prône des valeurs de loyauté, d’honneur, de respect, d’humilité, de courage et de sincérité.
  • Un intérêt civique : il y aurait une meilleure collaboration entre les personnes. S’ils savaient se défendre, les gens aideraient plus volontiers en cas d’agression. Le mythe de l’agresseur invulnérable disparaîtrait : le groupe fait la force et si l’agresseur sait qu’autour tout le monde a un bagage, agirait-il de la même manière ?

Quels seraient les avantages de développer une société guerrière ?

Pour nous, une société guerrière rendrait la population plus unie et plus cohérente. Cela passerait par plusieurs points :

  • La transmission de valeurs de partage et de cohésion afin de s’élever les uns les autres : « Je dois t’aider pour que tu progresses et que je progresse à mon tour ».
  • Des liens sociaux plus sains entre garçons et filles. La promotion des pratiques martiales, avec des entrainements mixtes, permettrait de donner confiance aux enfants et à chacun de s’élever et de progresser.
  • L’esprit d’équipe. Nous parlons du manga Ken le survivant et racontons ce passage où il voit l’âme de tous les personnes qu’il a affrontées car elles vivent en lui. Cela témoigne d’une preuve de respect pour ceux qui ont été combattus, qu’ils soient rivaux ou amis. “Mes meilleurs adversaires sont ceux qui m’ont battu et grâce à qui j’ai fini par gagner”.
  • La créativité. De nombreuses disciplines, comme l’Amazon Training, la Boxe Dance ou la Savate Forme apportent une dimension artistique belle et sans violence dans les arts martiaux.

La thématique d’un monde guerrier est largement abordée dans le podcast, sous différents angles. Dans l’épisode 119, David Manise nous partageait deux outils à maîtriser pour créer une société d’êtres forts. Quant à l’épisode 111, avec Micka Illouz, nous abordons plutôt le problème à l’envers, en alertant sur les dangers de la disparition de cet archétype du guerrier dans notre monde.

Comment l’approche philosophique est-elle arrivée dans la pratique martiale de Yacine ?

Au départ, elle était inexistante : seul l’instinct de survie lui a ouvert les portes de ce monde là. Il était persécuté, il fallait qu’il s’en sorte. A l’adolescence, une transition s’est faite en lui : s’il trouvait des solutions dans les réponses violentes, elles lui procuraient quand même de la peine.

C’est ensuite qu’il a découvert les vieux maîtres via le code du Bushidô et l’importance de désamorcer ces situations de violence. Il nous livre une parole de son père peu violent mais respecté : « N’échange jamais les paroles pour du sang, et pense aux conséquences ». Cela l’a invité à développer une autorité dans le calme. Mais si on partage souvent que, quand on commence un combat, on a déjà perdu, il faut faire attention avec la non-riposte parce que l’humiliation est compliquée.

Car le pacifisme ne fonctionne pas toujours. L’autre attaque quand il voit une faiblesse et peut être prêt à tout pour avoir ce qu’il veut. Mais une bagarre n’est pas censée durer longtemps. Alors peut-être que, comme nous en avions parlé précédemment, l’idée est de ne pas montrer de faiblesses apparentes dans son attitude pour donner l’impression que celle-ci prendra du temps et qu’on est suffisamment en maîtrise de nous-mêmes pour lui donner du doute sur ses chances de réussite.

Y a-t-il toujours une dimension hiérarchique dans nos relations ?

En quelque sorte, oui. Nous parlons du fait, qu’instinctivement, quand on rentre dans une pièce et qu’on observe les autres autour, nous nous faisons une idée rapide des autres : si on aime ce qu’ils dégagent ou non, si on semble plus fort/moins fort.

Par ailleurs, même si elle est cachée, la capacité à violenter autrui est très présente dans notre société : le harcèlement moral, sexuel, les agressions… tout cela entraîne un rapport de domination / soumission car on développe une peur de la violence.

Pour Yacine, le plus gros problème, c’est l’ignorance. “Il faut aller vers la connaissance et aller vers ce qui est difficile pour comprendre l’autre”. Si on cherche tous à se comprendre, on se rendra compte qu’on est assez semblables finalement. Et on n’a pas envie de faire du mal à quelqu’un qui nous ressemble.

Est-ce que se victimiser permet de s’en sortir dans la société d’aujourd’hui ?

La victimisation, c’est comme un boulet dans la chaîne de sa propre vie. On peut rajouter des maillons pour renforcer cette chaîne abîmée de trainer ce boulet, mais le but, c’est d’avancer. Nous parlons de ces personnes qui cherchent à démontrer qu’ils ont un vécu pire que les autres : mais en quoi avancent-ils ?

C’est important de développer sa résilience : tout le monde vit des choses difficiles. L’important, c’est d’avancer et de se construire une vie au-delà de ça.

Mais aujourd’hui, une victime considère qu’elle a tous les droits. Est-ce que c’est parce que nous sommes dans un pays “trop civilisé” ? Dans d’autres lieux du monde, on n’aiderait pas quelqu’un qui ne s’aide pas : on l’exploiterait.

C’est aussi avec Arnaud Dupin que nous parlions du danger de ces “gens fragiles” qui empêche la société de s’élever totalement.

Pour Yacine, comme pour Arnaud, il faut développer une coopération : le seul moyen durable d’avancer vers un futur serein, c‘est tous ensemble.

Yacine Bouaissa croit-il en une fin du monde apocalyptique ?

Yacine déplore le manque de sens de ce que l’on fait aujourd’hui. Si on continue ainsi, on s’y risque. Pour lui, en cas de conflits, il faut les désamorcer. La diplomatie doit faire son travail. Provoquer des guerres, armer des populations pour accélérer un processus, n’est pas la clé.

Il parle d’intégration à tout va, via le mouvement woke. Pour lui, forcer l’intégration crée la réaction inverse et crée du racisme, de l’homophobie ou de la misogynie.

Pour lui, il faut s’apaiser et apprendre à discuter les problèmes sans faire des attaques personnelles. Mais c’est difficile aujourd’hui.

Il veut croire qu’une guerre atomique n’arrivera pas, mais on ne peut jamais être sûr entre quelles mains les armes atomiques tomberont. Il suffit d’une personne pour provoquer toutes les autres. Qu’elle soit “folle” ou même poussée dans ses retranchements à cause des humiliations.

Quels sont les dangers de l’IA et de la technologie pour notre avenir ?

Pour Yacine, l’IA finira par être autonome. Et si, en tant que forme de vie, elle finit par avoir conscience qu’elle existe, il faudra qu’on la traite comme une égale. Cela entrainerait des questionnements nouveaux : aurait-on moralement le droit de l’éteindre ? En quoi lui serions-nous utiles ? Pourrait-elle nous imposer la paix devant notre incapacité à nous gérer ?

Ces questions nous rappellent la franchise Mass Effect, issu d’un manga cyberpunk, où des humains partent à la conquête de l’espace grâce à une technologie extraterrestre.

Nous poursuivons sur la théorie du transhumanisme qui, selon Yacine, ne fera que diviser davantage l’humanité, entre ceux qui pourront se payer la technologie et les autres qui ne le pourront pas. Mais que se passera-t-il si on commence à dérégler l’être humain ? Cela aura forcément une répercution encore inconnue au niveau du cerveau : notre équilibre sera perturbé.

C’est avec Loïc Diat que nous explorons longuement cette problématique, en nous questionnant sur la nécessité de s’adapter ou de résister et sur les compétences à apprendre pour survivre dans ce futur incertain.

Comment peut-on agir pour le bien-être de nos enfants dans un monde de plus en plus technologique ?

Pour Yacine, il est important de les laisser évoluer dans ce monde, tout en y mettant des limites. Il nous parle de la chaîne Youtube de son fils, dans laquelle il ne montre jamais son visage. La vidéo lui permet de développer une partie artistique en lui, mais ça ne signifie pas qu’il ne fait que ça : il se dépense aussi au niveau physique avec du sport. Du côté de sa fille, c’est la même chose : elle a des passions à côté, comme la danse et le cinéma.

C’est le point central pour Yacine : il faut avoir des activités à côté pour nous inciter à rester dans la réalité concrète.

La thématique de la gestion des technologies dans la vie de nos enfants, mais aussi dans les nôtres, est centrale dans le podcast. Avec Mike Holler, nous abordions le sujet en expliquant nos démarches de faire des “digital detox” et d’être totalement en présence dans notre vie réelle, hors des réseaux sociaux. De son côté, Alex Tsuk invite lui aussi à trouver cet équilibre entre vie physique et vie digitale, tout en suivant sa joie et son plaisir : on a le droit de s’autoriser une parenthèse Netflix de temps en temps avec ses enfants.

L’impact des médias et des réseaux sociaux qu’on consomme avec une liberté maximale

Nous abordons enfin la différence de consommation des réseaux sociaux selon les pays, et notamment TikTok. TikTok est une application chinoise qui est aussi utilisée en Chine mais avec des limites plus étendues : les utilisateurs n’y ont pas un accès illimité et ils ne peuvent y voir que du contenu joyeux et positif.

En Occident, où de telles limitations n’existent pas, on voit cependant les dérives : les capacités cognitives des utilisateurs compulsifs sont impactées. Notre évolution ne nous a pas préparé à avoir autant de stimuli et de réponses hormonales : nos voies dopaminergiques sont surutilisées, nous subissons des dommages structurels et devenons moins intelligents.

Pouvoir avoir accès à des tas d’informations sombres est un problème. Il parle du film Bowling for Colombine de Michael Moore, qui questionne sur les raisons pour lesquelles il y a autant de tueries aux Etats-Unis. En cherchant, ils se rendent compte qu’il ne s’agit ni de l’histoire violente du pays, ni de la présence d’armes, mais surtout des médias.

Ce sont les médias qui nous manipulent et nous mettent en situation de stress par rapport à une minorité qui ferait du mal. Ils instrumentalisent une vision négative tournée vers des catastrophes : cela développe la peur, et notamment la peur de la mort, ce qui fait perdre aux gens tout leur bon sens.

Le livre recommandé par Yacine Bouaissa

Retrouve tous les livres recommandées par les invités du Podcast dans la BIBLIOTHÈQUE des Mouvers

“Aime ton prochain comme toi-même.“
~ Yacine Bouaïssa ~

La Routine Matinale Parfaite de Yacine Bouaissa
  • Me lever
  • M’étirer 5 à 10 minutes pour prendre conscience de mon corps et voir ce qui va et ce qui ne va pas
  • Prendre mon petit déjeuner paléo, avec un smoothie mangue-coco, des oeufs brouillés et du thé matcha
Un objet de moins de 100€ que Yacine Bouaissa s'est procuré récemment pour améliorer sa vie
  • Une paire de gants pour la moto en hiver
Si Yacine Bouaissa pouvait se téléporter dans un pays ou dans un lieu, ce serait...
  • Le Japon des années 80, à l’époque des premiers mangas qui l’ont marqué et de la city pop.

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