Permettre à un invité du podcast déjà interviewé précédemment de revenir en préparant des sujets en amont serait-il intéressant pour le podcast ?
J’avais déjà invité JB Bourgeois sur le podcast dans un épisode où nous avions parlé d’organisation pour exceller dans plusieurs domaines, de mindset, d’exposition au froid.
Qu’un invité puisse revenir sur le podcast m’invite à me questionner sur ce que je pourrais préparer pour lui faire vivre une expérience différente et sur la possibilité que l’invité lui-même puisse préparer quelque chose.
Pour JB Bourgeois, son évolution a été grande en deux ans : il a suivi des formations et appris des connaissances dont il serait prêt à parler plus en détail.
Pour lui, il serait pertinent de partir d’un premier épisode plus général pour aller de plus en plus vers le détail et la profondeur dans les suivants. C’est ce que nous voulons faire en axant cet épisode sur le monde de la médecine en particulier.
L’intention serait de créer une continuité, une aventure, dont les épisodes seraient un témoignage de l’évolution de nos cheminements de pensées.
Bilan des deux dernières années de JB Bourgeois
En partant du précédent épisode où il se trouvait sur l’Île de la Réunion, en sortie de blessure, il nous raconte son retour en France et la réalisation qu’il a eue après six mois d’arrêt de travail sur la richesse d’avoir du temps pour soi pour mener une vie plus remplie, plus épanouissante, et pas seulement régie par le travail.
Avec Nicolas Mercadier dans l’épisode Spécial France, nous parlions de ce que voulait cette nouvelle génération qui exige d’avoir plus de temps pour eux-mêmes et moins pour travailler. Nous nous demandions s’il s’agissait d’une réelle prise de conscience pour améliorer sa qualité de vie, ou si c’était plutôt un caprice.
Pour JB, il s’agit des deux. Certes, il y a une prise de conscience chez certains qui aspirent à une vie plus simple, qui pensent sur le long-terme.
Mais il voit aussi une faille : il prend l’exemple de ce qu’il voit aux urgences, de la tendance des gens à s’y rendre sans qu’ils n’aient quoi que ce soit de grave, simplement parce qu’ils veulent tout, tout de suite.
Il déplore ce manque d’éducation sur la santé et la compare aussi à une sorte de fainéantise, un manque de volonté de faire un effort.
Cela lui semble relié au nivellement par le bas de la société, au fait que, souvent, les gens ont tendance à éviter d’en faire plus car en faire moins ou juste assez est suffisant.
On n’encourage plus les meilleurs, mais plutôt ceux qui bossent moins pour les booster. Mais ça n’incite pas à l’effort.
Se protéger du soleil : en faisons-nous trop ?
Il y a une incompréhension sur la question de l’exposition au soleil : nous avons développé trop de croyances sur ses dangers, dus à de mauvaises informations, une incitation à l’achat de crèmes solaires, ou même via des phénomènes sociétaux comme le skin whitening en Asie.
Mais l’exposition au soleil est avant tout une question de bon sens. Avant, on passait certes ses journées au soleil, mais jamais durant les moments d’exposition les plus forts.
Aujourd’hui, on ne sait plus vivre dans nos environnements : c’est aller bronzer sur la plage entre 12h et 15h qui est dangereux, pas le soleil en lui-même.
Où est la place de la médecine dans le monde de demain avec l’intelligence artificielle ?
Si l’IA rassemble toutes les données de tous les meilleurs diagnostics sur toutes les maladies : pourrait-elle remplacer les médecins en donnant de meilleurs diagnostics ?
Pour JB, même si elle est inquiétante, l’IA peut permettre de faire un tri en amont aux urgences et peut être une aide lors des fins de garde quand l’attention des médecins est plus faible.
En revanche, pour lui, elle ne pourra pas remplacer l’intuition humaine : parfois, des ressentis personnels face au patient permettent d’aller vérifier des doutes et de révéler des pathologies cachées. Ce que l’IA ne pourra jamais apprendre.
Quel est l’avis de JB Bourgeois sur l’intuition et les médecines alternatives dans le monde médical d’aujourd’hui ?
La médecine conventionnelle est très efficace, mais prendre systématiquement des médicaments a ses limites. Les causes aux maux qu’on peut ressentir peuvent être liées à notre état émotionnel, une mauvaise alimentation ou un manque d’activité physique.
JB nous invite à trouver un équilibre entre les différents outils à notre disposition selon nos besoins. Parfois, un traitement médical classique sera nécessaire, parfois il ne le sera pas.
JB ne dédaigne pas l’usage des plantes, de l’hypnose, de pratiques plus naturelles ou moins “scientifiques”, sans pour autant encourager les soins qui passeraient uniquement par ces biais.
Pour lui, il faut développer une sagesse, voire un protocole pour saisir ce dont nous avons besoin.
L’importance de se responsabiliser et de redevenir acteur de sa santé
JB en est certain : il faut redevenir acteur de sa santé.
Et pour cela, il faut être éduqué au domaine de la santé et se voir accorder le droit de choisir. C’est la responsabilité du médecin d’informer et d’expliquer au patient les différentes options qui lui sont offertes et de le laisser décider.
“Il faut cesser avec l’illusion de l’immortalité et accepter que les gens peuvent aussi choisir de ne pas vouloir être traité, de vouloir vivre comme ils sont, là.”
Nous abordons le sujet des états modifiés de conscience par les plantes pour accepter la mortalité de l’espèce humaine. JB trouve intéressant de s’y pencher : les médicaments utilisant les principes actifs de certaines plantes, pour lui, utiliser le médicament ou la plante revient parfois au même.
Le sujet de la fin de vie : comment veut-on finir sa vie et mourir ?
Parler d’informer son patient et de lui donner le choix nous mène évidemment à la question de la fin de vie. JB soulève une question complexe : à quel moment les gens sont-ils suffisamment responsables et lucides sur leurs choix de mourir ?
Selon lui, c’est un sujet sur lequel on devrait tous discuter. Il parle de l’importance de s’y préparer avec ses parents, ses proches, leur demander comment ils veulent passer leurs dernières années de vie, comment ils veulent mourir et être inhumés.
Le rapport à la mort est différent pour chacun et il est important d’en prendre connaissance afin d’être en mesure de respecter les vœux de nos proches quand le moment viendra.
S’occuper de ses parents et échanger sur des sujets profonds pour conserver et transmettre ces enseignements
Si en Asie ou en Afrique, les enfants s’occupent de leurs parents quand ils vieillissent, en Occident, on a tendance à traiter les personnes âgées comme des boulets qu’on met dans des Ehpad. L’individualisme qui nous pousse à vouloir vivre notre vie rend difficile l’acceptation d’avoir des parents qui vieillissent dont il faut s’occuper.
Mais les personnes âgées sont aussi une source de sagesse et d’enseignements. On invite chacun à se remettre à discuter avec nos anciens et à enregistrer ces conversations pour avoir des témoignages de réelles expériences de vie. J’ai eu l’opportunité de discuter de sujets profonds avec ma maman sur le podcast et cette conversation a permis de capturer un moment magique qui a changé notre relation.
Ces conversations profondes peuvent être l’occasion de créer des mémoires avec sa famille pour garder une trace. Nos expériences de vie sont différentes et chacun a sa vision des choses : les enregistrer permettrait d’avoir davantage d’enseignements à tirer.
Avec David Nicolas, nous avions également abordé le sujet de la mort et de l’importance d’organiser une transmission.
La parentalité est-elle une idée que nourrit JB Bourgeois ?
S’il la nourrit, JB rappelle l’importance de d’abord apprendre à être responsable de soi et de se libérer du temps. Car si l’on n’est pas capable d’avoir du temps disponible, nous ne l’aurons pas non plus pour notre temps.
Avoir un enfant est un grand engagement. Il faut avoir la volonté de transmettre et de donner du temps à quelqu’un d’autre que soi. Sommes-nous tous prêts à le faire ?
Respecter nos cycles changeants : retour à la nature vs émulation de la ville
JB nous parle de son retour en Savoie et du plaisir de revoir la nature. Le retour à la nature est comme un retour à soi.
“Nous sommes des êtres qui ont besoin d’être connectés à la nature.”
Pour contrebalancer, je parle de mon expérience à Tokyo. Car certes, l’être humain a besoin de nature, mais retourner de temps en temps à une expérience citadin forte peut être enrichissant.
L’idée encore est de ne pas rester coincé dans un extrême ou l’autre : nous sommes régis par des cycles et des envies d’explorer de nouvelles choses. Il ne peut y avoir que du bien à accepter le changement, d’aller explorer ce qui nous appelle : se ressourcer en nature ou de retrouver l’émulation de la ville.
Les entraînements de JB Bourgeois : méthode Spartan et minimalisme.
Inscrit à l’Ultra Spartan Race, un trail en montagne intense, JB sait qu’il va devoir adapter ses entraînements par rapport à son environnement. Pour lui, l’important est de s’entraîner avec les moyens du bord : aller courir en montagne et aller à la salle de sport quand il sera en ville.
Pour lui, le renforcement physique avec des poids est aussi intéressant que le renforcement fonctionnel du corps. La méthode Spartan valorise la course à pied, mais il parle aussi d’entraînements avec les anneaux ou les exercices de Get-Ups pour développer sa force.
Nous parlons alors de personnes qui l’inspirent, comme David Goggins, Nick Bear ou surtout Ross Edgley qui dédie son corps à la science en effectuant des performances qui repoussent les limites de son corps et prouve que tout est possible, car l’adaptabilité du corps humain est incroyable.
Y a-t-il un intérêt à s’intéresser à son morphotype ?
Nous avons tous un morphotype différent qu’il faut prendre en compte pendant ses entraînements. Mais pendant notre jeunesse, ce morphotype peut être influencé. Il parle de l’importance de laisser explorer aux enfants plusieurs disciplines physiques sans les inciter à se spécialiser trop jeunes. Cela leur permet de développer leurs capacités adaptatives.
Malgré tout, s’il faut prendre conscience de son morphotype dans notre choix d’une activité physique, ça ne doit pas nous limiter non plus. Nous n’aurons peut-être pas les meilleurs résultats, mais avec de l’entrainement, on pourra toujours réussir à être bon, même si nous ne ferons pas partie de l’élite.
Car le sport est un loisir avant tout. Tout le monde n’a pas la vocation d’en faire de manière professionnelle : il n’y a donc pas la nécessité d’être le meilleur. JB nous invite à se rediriger vers ce qu’il appelle le “sport santé” pour lutter contre la sédentarité, au lieu de se concentrer sur le “sport performance”.
Comment lutter contre la sédentarité ?
Nous faisons le point sur quelques définitions :
- L’inactivité, c’est le fait de ne pas faire de sport du tout.
- La sédentarité, c’est rester inactif trop d’heures d’affilée, même si on fait du sport à côté.
Selon une étude de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire, 95% des français sont exposés soit à l’inactivité, soit à la sédentarité, et 1/3 est exposé aux deux.
JB nous livre quelques principes simples pour améliorer sa santé et rompre la sédentarité:
- Faire 5 minutes d’exercices toutes les 60 à 90min.
- Faire 150 minutes d’activité aérobique ou 75 minutes d’activité intense par semaine
- Ou pour au moins être actif : 30 minutes d’activité physique par jour.
L’idée est d’aussi se donner des challenges : prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, se garer à 15 minutes à pied de son boulot… ce sont des principes simples qui peuvent nous maintenir en état de santé correct et qui peuvent augmenter nos chances de s’en sortir en cas d’urgence de santé. Sur ce sujet-là, nous parlons de l’importance de maîtriser les gestes de premiers secours qui peuvent sauver des vies.
C’est avec Clément Lamirel que nous parlons aussi des fléaux de la sédentarité et particulièrement de la position assise. Lui-même s’est mis à travailler debout pour calmer les maux de dos qu’il avait commencé à ressentir.
Quels sont les projets futurs de JB Bourgeois ?
Si aujourd’hui, JB est à la fois médecin urgentiste et médecin du sport, il aimerait à terme orienter son métier vers l’éducation, faire des séminaires sur la santé ou aux gestes qui sauvent. Le festival Limitless qu’il organise en septembre 2023 avec David Nicolas est un tremplin pour faire de ces séminaires une réalité.
Notre futur projet commun de lancer Mouvers Médical s’inscrit dans cette démarche. Il s’adresserait aux sportifs et leur offrirait les clés pour mieux raisonner en cas de blessure et se rendre acteur de sa santé.
A quel moment s’inquiéter d’une blessure et aller aux urgences, à quel moment être capable de se traiter soi-même et combien de temps attendre avant d’aller chez le médecin ?
Cela sert à mieux comprendre son système et à développer sa confiance en soi.
Ce projet fait écho avec le travail de Major Mouvement qui met à disposition son savoir pour permettre aux gens de commencer à se soigner tout seul avant d’aller chez un médecin si c’est nécessaire.
JB Bourgeois a-t-il expérimenté des pratiques particulières durant les deux dernières années ?
JB nous offre quelques hacks pour mieux vivre et être en bonne santé :
- Le froid : il est allé plus loin dans sa pratique et nous raconte avoir investi dans un système de congélation pour lui permettre de prendre des bains froids entre 0 et 3 degrés.
- Le retour à la nature pour recharger ses batteries et s’imprégner d’une énergie plus pure
- Le retour à une alimentation plus naturelle, moins transformée
Les relations : privilégier à la quantité des moments de qualité avec ses proches
Pour JB, il est important de savoir se donner de la distance pour mieux se retrouver ensuite. Lorsqu’il se trouve loin de sa copine, il privilégie le fait de se donner des rendez-vous de temps en temps, sous forme de longs créneaux pour s’appeler.
Il mise sur la qualité au lieu de la quantité.
Nous nous accordons là-dessus car nous préférons passer des moments plus rares, mais plus intenses avec nos proches, nos amis. Partager un vrai moment de vie, pas quelque chose de passager.
C’est Luc Bardeau aussi qui nous parlait de son besoin de s’octroyer des moments de solitude depuis qu’il est en couple et de l’importance de la communication pour garder une base saine et solide.
“Les individus ont besoin de se manquer pour mieux se retrouver. “
Nous abordons le cas des relations de codépendance et du danger de vivre à travers quelqu’un d’autre. Un couple est une équipe qui grandit ensemble et séparément, sans codépendance ou trop d’indépendance.
Il faut un équilibre entre être heureux en ayant du temps pour soi et pour évoluer, et partager des moments de qualité avec l’autre.
J’aborde mon niveau d’exigence dans mes relations et la nécessité pour moi d’apprendre de l’autre, d’avoir la possibilité de créer quelque chose avec l’autre. Nous nous rejoignons sur cet essentiel dans une relation que l’autre puisse nous apporter quelque chose pour nous aider à nous élever.