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Une conversation qui va te donner envie de bouger ton corps et retrouver cette intuition que tu avais étant enfant. J’accueille Alexandre Borne, pour parler de la Méthode Naturelle de celui que beaucoup considèrent comme le père fondateur du Mouvement Naturel : Georges Hébert. Un épisode chargé d’histoire pour plonger dans le premier système de développement holistique par le mouvement : l’Hébertisme. Si tu es nouveau dans le monde du Mouvement, tu ne peux pas faire l’impasse sur ces connaissances, qui sont au cœur de beaucoup de systèmes d’entraînement au mouvement d’aujourd’hui. Un de mes épisodes préférés à dévorer entièrement !
George Hébert a écrit et rendu méthodique une pratique qui existait déjà.
Il a repris des travaux du 18e-19e siècle de médecins et d’entraîneurs comme Amoros et les a rendus accessibles en les reliant avec ses propres travaux de chronophotographie en collaboration avec Georges Demeny. Ces travaux servaient à observer les mouvements d’abord animaliers, puis humains pour les décortiquer (par exemple en photographiant les étapes du saut) et les comprendre.
Son but était de défendre la méthode naturelle face à la méthode codifiée et structurée de la gymnastique suédoise et de l’haltérophilie, recommandée alors par les médecins qui s’opposaient à son approche empirique.
A l’origine un officier de la marine, Hébert se rend compte que ses soldats sont moins en forme que les populations autochtones qui n’ont pourtant aucun entraînement physique.
C’est l’éruption de la montagne pelée en Martinique et la destruction de St Pierre en 1902 qui le pousse à découvrir l’hébertisme, alors qu’il voit les différentes réactions des gens, entre ceux qui sautent sur les toits pour sauver leurs enfants et ceux paralysés par la peur.
De là est venu l’adage “Être fort pour être utile”. Non seulement il faut être fort, mais il faut être fort mentalement. Cela fait écho aux propos de David Manise qui place la maîtrise de soi comme qualité fondatrice d’une société d’êtres forts.
Car il y a un vrai sens à la force et à l’entraînement : être fort, c’est être un être fort.
Cela correspondait bien à l’esprit de revanche de la France au 20e siècle, 30 ans après sa défaite contre la Prusse, qui désirait une nation forte. C’était l’époque du culturisme, des hommes forts dans les foires, la naissance de la savate et de la boxe française…
Il développe une méthode qui reproduit ce qu’on voit dans la nature d’abord dans l’armée, puis dans le civil. Il commence par entraîner les mousses, puis, devant ses bons résultats, les fusiliers marins, en les faisant monter à la corde, plonger en apnée et transporter de poids. Bientôt, une grande communauté se forme dans la marine et sa méthode devient généralement connue en 1913.
Coubertin s’allie alors à Hébert et introduit la méthode naturelle dans les écoles. Hébert a aussi la charge d’entraîner les athlètes pour les Jeux Olympiques de 1916, qui n’auront jamais lieu avec l’arrivée de la guerre.
Ses exploits en Belgique lui valent des médailles et la demande à ce qu’il entraîne toutes les armées.
Il invente en 1915 le parcours du combattant.
Puisqu’il n’y a plus d’instructeurs, tous tombés à la guerre, il crée un environnement exigeant, qui sert d’enseignement et stimule toutes les capacités motrices et mentales.
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la loi de l’hormèse, qui joue sur la capacité adaptative du corps et nous pousse à nous challenger, comme nous l’explique David Tan.
Le Mouvement Naturel contient plusieurs catégories.
Celle associée à l’hébertisme est un mouvement fonctionnel utile. C’est-à-dire un mouvement qui a une fonction qui conduit à faire une tâche concrète (porter et transporter un objet, grimper, se battre).
Il existe d’autres mouvements naturels, comme la danse, qui servent aussi une fonction sociale et de bien-être, mais surtout d’expression de soi.
Il y a trois notions générales derrière le mouvement naturel :
Ido Portal se trouve à la frontière du mouvement naturel : c’est utile, c’est instinctif mais c’est parfois de l’entraînement codifié, du “mouvement pour le mouvement”. Mais pour que le mouvement soit naturel, il faut qu’il ait une fonction, un objectif concret.
L’idée du départ du Crossfit, c’était de recréer une méthode naturelle. Or, on ne peut pas vendre du mouvement naturel.
Un système plus compliqué a été créé, avec des objectifs à atteindre et un moyen d’utiliser le matériel déjà présent dans les salles, comme les barres ou les haltères. Le problème, c’est que l’on dévie du naturel et du fonctionnel.
Ça pousse à recréer du chaos dans un environnement aseptisé pour recréer des mouvements imprédictibles : les exercices de bâtons d’Ido Portal, le fighting monkey…
Aussi, la dérive compétitive condamne la pratique, puisqu’Hébert est contre la compétition. Il fait de l’éducation physique pour éviter de se blesser, d’être bon en tout et prêt à tout.
S’entraîner dans une position optimale et faite pour nous protéger n’empêche pas de se blesser : la raison est parce qu’on répète un mouvement figé, qui nous sort du chaos et du naturel.
L’entraînement naturel, ce n’est pas de la répétition à outrance.
On n’a pas besoin de faire un mouvement avec une forme parfaite si on ne la fait pas souvent.
L’autre problème du Crossfit, c’est la tendance à se dépasser et à “se crever”. La méthode naturelle invite à s’entraîner très souvent, mais ne pas aller au-delà de ses limites, ou pas très souvent.
C’est Yvonne Hébert, la femme de George Hébert, qui l’influence après la première guerre mondiale pour mener la méthode naturelle vers le grand public, à savoir les enfants et les femmes.
Grâce à un autre mécène, ils ouvrent un établissement à Deauville, la Palestra, où les femmes et les enfants non seulement s’entraînent mais font aussi de la permaculture, mangent bio, dansent, font du théâtre et de l’expression corporelle…
Ce mode de vie est basé sur la philosophie naturiste, très en vogue au début du 20e siècle et qui privilégie une vie la plus naturelle possible (aujourd’hui, on n’a gardé que le nudisme).
Après cela, une diffusion massive s’est produite : 250 centres hébertistes ouvrent à l’époque.
Quand la France est tombée sous le régime de Vichy pendant la seconde guerre mondiale, et qu’Hébert a refusé de collaborer pour entraîner les français, la méthode naturelle a été reprise par le gouvernement sans lui, est devenue la méthode nationale, mais a été pervertie pour ressembler aux défilés nazis.
La méthode a été réhabilitée après la guerre mais elle disparaît dans les écoles au profit du “sport”, sous l’impulsion de Coubertin. Sa réticence à voir des femmes s’entraîner et l’essor du sport de compétition l’ont poussé à mettre des grands athlètes au gouvernement et à créer des viviers de sportifs dans les écoles pour les futures compétitions.
Le sport contre l’éducation physique retrace l’opposition qu’Hébert perçoit entre ces deux pratiques.
La notion de jeu et de diversité est arrivée dès qu’Hébert s’est intéressé aux enfants et aux femmes.
Pour lui, les principes pédagogiques sont plus importants que les catalogues de mouvement. C’est le mode d’entraînement qu’il faut surtout retenir.
Tous les principes de l’hébertisme sont inclusifs :
Cela me fait penser à la Ginastica Natural d’Alvaro Romano mais qui, selon Alexandre, a été trop “fitnetisée” pour être popularisée.
Je mentionne alors une autre branche, celle de la Bio Ginastica d’Orlando Cani, mentor d’Alvaro Romano, mais aussi d’Ido Portal, qui privilégie le côté instinctif de la pratique, la locomotion animale et le respect pour les principes fondateurs..
Se mettre au service de l’autre, c’est un des socles de l’hébertisme. Hébert ne voulait pas créer des brutes fortes physiquement, mais des gens bienfaisants.
A l’époque, la méthode était même appelée “Méthode naturelle, éducation physique, virile et morale”, qui souligne le sens social à mettre sur cette pratique.
C’est ce qu’Erwan Le Corre de MovNat a enlevé dans sa méthode : il se concentre sur l’aspect technique et pas sur l’aspect moral. Il veut juste enseigner aux gens à bouger et à se sentir bien dans leurs corps.
Mais pour Hébert, l’important était de rendre les gens utiles à la société, pour la faire progresser. C’est un avis que partage Bastien Intartaglia pour qui nous sommes tous connectés les uns aux autres : nous ne pouvons pas vivre isolés, alors autant contribuer, nous protéger les uns les autres et nous élever ensemble !
C’est cet aspect de la technique qui est moteur de son retour : ça intéresse les centres de réinsertion, les centres de loisirs pour enfants, etc…
L’idée initiale était de recréer une fédération hébertiste avec des centres partout en France. Mais certains clubs ont du mal à démarrer à cause des barrières liées au niveau de confort que les pratiquants sont habitués à avoir:
Mais de nombreuses structures recommencent à s’y intéresser : la Société Française de Sport Santé, des entreprises privées, des écoles, des associations pour la réinsertion des jeunes prisonniers, mais aussi les naturopathes qui voient beaucoup de liens entre leurs valeurs et celles de l’hébertisme.
Il n’y en a pas dans les écrits de George Hébert, qui n’a jamais souhaité s’approcher d’une quelconque idéologie, hormis son parti pris “Être fort pour être utile”. Il souhaitait seulement faire le bien.
Mais certains milieux spirituels résonnent avec l’hébertisme, comme les catholiques via les scouts. Ça résonne chez eux car l’hébertisme parle de respecter les humains dans leur entièreté, de se développer et de faire le bien grâce à ce développement.
Mais puisque la pratique respecte la nature humaine dans ce qu’elle a de meilleur, l’hébertisme peut résonner avec de nombreuses démarches spirituelles bienveillantes.
On se développe pour soi et pour les autres, mais pas contre les autres.
Dans les situations de jeu et de parcours, l’idée est de recréer des contextes : on invite des expéditions de chasse ou de sauvetage qui servent l’imaginaire primitif. Ces contextes justifient les actions que les pratiquants vont faire !
La pratique elle-même se fait en nature : ramper, être à quatre pattes n’a pas le même impact en forêt qu’au milieu d’une salle de sport. Il n’y a pas ce sentiment de ridicule en nature : on ne se met pas à quatre pattes pour se mettre à quatre pattes, on cherche à passer sous un tronc effondré. On est donc obligé de le faire !
Car il est là l’objectif : ce n’est pas faire du muscle ou être plus souple, mais être capable de faire des actions réelles !
Nous évoquons le cas des animal flow qui, pour éviter cette peur du ridicule face aux mouvements, a beaucoup travaillé l’esthétique de ses mouvements. Or, le ridicule se trouve aussi dans la réalisation : on peut se sentir bête de ne plus être capable de faire ces choses-là comparés à son formateur.
Les opinions des médecins passent par les filtres des codes du fitness qui proposent aujourd’hui des mouvements codifiés. Et ils sont codifiés pour éviter au pratiquant de se blesser, mais seulement parce qu’ils sont pratiqués à outrance !
Pour Alexandre, c’est le même principe que la médecine moderne qui crée des problèmes pour lesquels on va donner des médicaments qui ont des effets secondaires pour lesquels on va trouver d’autres solutions.
L’idée est de renouer avec son bon sens : le corps sait mieux ce qu’il lui faut.
Cette dernière notion me rappelle les propos de Micka Illouz sur ce qu’est être un véritable guerrier : un guerrier est certes fort, mais il rend service et rend hommage à la justice, il se bat pour ses idées, il vit avec dignité sans jamais se fourvoyer.
00:00 Introduction de l’invité par Nomadslim
03:24 Pourquoi les podcasts au long format (2 heures ou plus) sont-ils intéressants pour aller en profondeur sur une thématique ?
06:31 Qu’est-ce que l’Hébertisme et la Méthode Naturelle ?
18:30 Quel est l’historique de l’Hébertisme à partir de 1902 ?
30:17 Qu’est-ce que le Mouvement Naturel ? Que signifie-t-il exactement ?
42:18 Surentraînement : Pourquoi les blessures sont-elles plus fréquentes au Crossfit que dans les autres pratiques ?
45:57 Comment la Méthode Naturelle a-t-elle été connue du grand public ?
56:20 Comment amener plus de jeux et de la diversité dans les entraînements ?
01:10:07 Est-ce qu’il y a une dimension sociale dans l’Hébertisme ?
01:14:30 Quel a été l’impact de la pandémie sur la diffusion de la Méthode Naturelle ?
01:19:28 Quelle est la vision moyen et long terme pour l’Hébertisme en France ?
01:25:23 Est-ce qu’il y a une dimension spirituelle dans l’Hébertisme ?
01:30:13 Comment se reconnecter à son instinct primitif humain ?
01:39:40 Comment réagir face aux détracteurs et objections scientifiques des médecins ?
01:43:26 Pourquoi est-il fondamental de reprendre le contrôle de nos mouvements et de notre santé ?
01:50:25 Le livre qu’Alexandre recommande à tous
01:52:31 Le message d’Alexandre pour l’humanité
01:54:20 La routine matinale parfaite d’Alexandre
01:55:32 Comment connecter avec Alexandre et aller plus loin ?
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