MOUVERS #143 – Violences Faites aux Femmes, Nutrition en Sport de Combat et Impact des Familles Monoparentales. Les Dangers de la Culture “Boss Bi**h” avec Cécile Giornelli (Fight Nutrition Academy)

Élever sa fille seule a-t-il eu sur Cécile des répercussions énergétiques au niveau des énergies féminines et masculines par rapport aux deux rôles qu’elle a dû endosser ?

Cécile élève seule sa fille depuis 5 ans et demi. Avec l’absence de son père, sa fille a perdu un grand pilier dans sa vie. Cécile a donc dû endosser les deux rôles : celui de l’autorité, qui était le rôle du père, et le rôle plus câlin et tendre. Ce changement de paradigme a été long à se mettre en place et lui a demandé de nombreux ajustements.

En faisant de la résonance vibratoire à une époque difficile, elle s’est rendue compte que sa part masculine, déjà bien présente avec les sports de combat, avait pris beaucoup de place dans sa manière d’être.

Le résultat de s’être vue imposer par la force des choses un changement d’énergie afin de donner un cadre et une discipline à son enfant !

Réaliser ça lui a permis de changer son style de parentalité et de permettre plus de douceur et de communication avec sa fille qui a été témoin des violences domestiques au sein de son foyer, afin qu’elles puissent toutes les deux avancer.

Etant moi-même l’enfant d’une maman célibataire, je t’invite à écouter cet épisode spécial que j’ai enregistré avec elle, où elle nous partage ses perles de sagesse, ses expériences de vie et bref un épisode qui fait grâce à ces mamans courageuses !

Pourquoi Cécile pense qu’on peut élever un enfant même lorsque l’on a des traumas et injonctions du passé qui pèse encore sur nous ?

Contrairement à moi qui ai vécu dans un foyer divisé, elle a pu grandir dans un foyer soudé. C’est ce qui a nourri son fantasme d’une vie familiale et des injonctions qui vont avec, comme “Quand on a un enfant, on ne divorce pas”.

Les aléas de ses relations l’ont poussé à accepter que la famille qu’elle fondait était différente. Cécile nous raconte son envie de protéger sa fille de tout ça, mais qu’il y avait en même temps des choses sur lesquelles elle n’avait aucun impact car chaque enfant est unique dans ses réactions aux évènements et grandi en fonction de son histoire.

Elle nous parle de trois femmes qui ont eu un fort impact sur elle par leurs histoires de vie de famille très différentes, mais souvent compliquées, et qui s’en sont sorties : malgré les aléas, on peut s’en sortir et rester sain !

Témoignage de Cécile : La perception que l’on a de nos parents est-elle toujours vraie ?

Cécile nous expliquait que par son éducation, elle avait développé un fantasme d’une vie familiale et la croyance qu’on ne pouvait pas divorcer quand on avait des enfants.

Elle nous raconte son premier mariage qui s’est terminé sur un divorce, et à quel point elle était terrifiée de l’avouer à ses parents. Pourtant, il n’y a eu aucun jugement de leur part, ils ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit à sa surprise !

Sa seconde relation a été marquée par le besoin de la faire fonctionner : c’est ce qui l’a poussée à accepter des choses qu’elle n’aurait pas dû accepter. Là encore, elle nous explique qu’elle pensait que revenir chez ses parents ne serait pas accepté, mais là aussi, ils l’ont accueillie et ont été d’une grande justesse dans leur accompagnement.

Cécile nous rappelle que nos relations avec nos parents peuvent changer à l’âge adulte : il est possible d’avoir des relations d’adultes à adultes. JB Bourgeois aborde ce sujet en nous expliquant que ses conversations avec ses parents ont changé et qu’il souhaite les enregistrer désormais pour garder le témoignage de ces échanges plein de sagesse.

Aujourd’hui, elle a toujours ce fantasme de construire un couple uni comme ses parents, mais elle souhaite d’abord se reconstruire et prendre du temps pour soi avant d’attirer quelqu’un.

Peut-on trouver une harmonie quand on est une femme entre la vie entrepreneuriale et la vie familiale ?

Nous parlons du film Énorme, avec Jonathan Cohen et Marina Foïs, qui parle d’un époux qui réussit à falsifier les pilules contraceptives de sa femme, une pianiste renommée, pour qu’elle tombe enceinte alors qu’elle n’en veut pas.

Pour Cécile, ce film permet d’aborder des questionnements intéressants :

• Doit-on choisir entre sa carrière et sa vie de famille ?
• Les femmes portent la vie, elles ont le pouvoir de choisir ou non d’avoir un enfant : mais quid du désir de paternité ?

Cécile a elle-même sacrifié beaucoup de choses pour le père de sa fille, et même son activité qui fonctionnait bien grâce à son compte Instagram, qu’elle a fini par arrêter sous la pression. “Les violences se font aussi par la précarité financière”.

Après l’arrivée du Covid et les déboires financiers qu’elle a eus, elle a pu jongler entre ses deux casquettes : à la fois en communiquant abondamment avec sa fille et en mobilisant son énergie masculine pour s’éduquer et entreprendre.

La collaboration dans un couple doit-elle obligatoirement être du 50/50 ?

Nous discutons des rôles dans un couple et critiquons cette injonction du 50/50. Cécile prend l’exemple du restaurant : diviser en deux ne lui paraît pas un beau geste. “Soit je t’invite maintenant et puis tu m’invites”

Et au sein même d’un couple, on a le même objectif, mais pas les mêmes rôles pour y parvenir.

Pour Cécile, chacun a son approche, notamment dans les gestions de crise, afin que chacun puisse puiser chez l’autre ce dont il a besoin. “Les femmes sont plus dans l’émotion, les hommes sont plus rationnels. Certains stéréotypes ne viennent pas de nulle part !”

Pourquoi est-ce difficile d’être un homme aujourd’hui, notamment dans le domaine de la drague ?

Nous abordons la difficulté que les hommes rencontrent dans le domaine de la drague et notamment dans le cas d’aborder une femme !

Cécile a un côté très à l’ancienne, qu’elle assume: pour elle, une femme doit savoir lancer des signaux, mais ce n’est pas à elle de faire le reste. C’est un travail à deux: si on veut que l’homme soit plus entreprenant, la femme a aussi des choses à faire. On ne peut pas demander des choses, sans participer et faire des choses en retour.

Nous abordons aussi le changement de la nature des signaux qui, à notre époque, étaient des signaux dans la vie réelle et qui se transforment aujourd’hui en signaux sur internet. C’est avec Arnaud Dupin que nous parlions de ce marché digital de la séduction, mais aussi avec Mike Holler sur le danger des fausses conceptions de la beauté qui sont véhiculées sur les réseaux.

En quoi les femmes ont-elles plus été liées à la mystique, au mystère, au beau, que les hommes ?

“Les sorcières ont échangé leurs baguettes magiques pour des marteaux [les outils de l’homme]”

Les femmes ont très tôt été les chamanes, les sorcières, les porteuses de vie… dans la période paléochrétienne, dans la transition du monde paien et du christianisme, les femmes étaient celles qui géraient le monde spirituel avant d’être remplacées par les hommes. Je parle du livre La clé de l’immortalité qui parle justement de ces traditions païennes transférées dans le monde chrétien à cette période là.

Incarner son plein potentiel féminin peut-il tirer les femmes vers le haut ?

Aujourd’hui, des valeurs de douceur, de gentillesse et de générosité sont vues comme des faiblesses. Mais elles constituent de la puissance féminine, elles peuvent nous tirer vers le haut : être intuitive et ambitieuse, c’est pas antinomique !

Gérer les deux permet même de trouver de vrais moyens pour jongler entre le boulot et la famille.

Comment Cécile a-t-elle vécu le retrait des réseaux sociaux ?

Cécile a plus subi que choisi le retrait des réseaux sociaux. Elle savait qu’elle se tirait une balle dans le pied, mais elle acceptait beaucoup de choses dans sa sphère privée : sa valeur “famille” était plus haute que sa valeur “travail”. Elle ne l’a pas vécu si mal que cela cependant car arrêter les réseaux lui a permis de sortir du cycle de la comparaison avec les autres, qui minait son estime d’elle-même.

Elle en est sortie pendant deux ans avant d’y revenir : les réseaux sociaux sont importants pour avoir de la visibilité dans ce qu’elle fait, notamment ses formations sur la nutrition dans les sports de combat.

En quoi son contenu a changé depuis son retour sur Instagram ?

Elle est revenue sur Instagram d’abord sans se montrer, pour être discrète et par peur de trop se dévoiler par rapport à son ex compagnon.

Or, elle a compris que les gens ne veulent pas que du contenu : ils veulent de l’humain avant tout, connaître leurs avis, leurs opinions, bref suivre quelqu’un en particuliers.

Elle s’est “rebrandé” en passant de la préparation physique à de la nutrition exclusivement. Son contenu a aussi changé : elle délègue beaucoup pour mettre de la valeur pure sur les informations partagées et la transmission avec ses clients.

Pourquoi Slim a-t-il quitté les réseaux sociaux ?

J’en parle plus en détail dans cet article, mais il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à partir :

• Le lien entre le fond et la forme : je voulais éduquer les gens, mais ils étaient plus intéressés par la forme de mes contenus que par leur fond.
• Ma liste d’email était plus efficace pour vendre : j’ai suivi le principe du 80/20
• J’avais envie de fournir un contenu dense et très précis, qui invite à sortir de l’esthétique pure. Ce n’était pas possible de le faire dans un format court : d’où la création du podcast et du blog !

L’importance de l’esthétisme sur les réseaux sociaux : pourquoi l’assumer ?

Alors qu’elle était hésitante, on a conseillé à Cécile de prendre son pouvoir de femme et de profiter de ce que ça pouvait apporter à son compte. Même si elle n’a pas envie de jouer dessus, c’est une femme, il n’y a pas de débat, les gens le savent. Pourquoi ne pas attirer les gens avec la forme et les faire rester avec le fond finalement ?

Peut-on concilier contenus longs et réseaux sociaux ?

Parce que j’ai envie d’attirer des gens comme moi, j’ai cherché à sortir du contenu court au profit des contenus longs à la fois sur Youtube ou sur le podcast.

Cécile a une autre approche : sa niche attire les préparateurs, coaches, diététiciens, bref des personnes avec une appétence pour les contenus longs. Mais s’ils ne savent pas que ça existe, il faut d’abord le leur faire découvrir : le contenu court permet donc de les attirer !

Elle ne montre cependant pas tout dans son contenu gratuit, seulement suffisamment pour donner une prise de conscience.

L’une des spécificités de son enseignement est le cutting, c’est-à-dire la perte de poids et le gain de poids rapides avant et après une pesée. C’est une pratique dangereuse pour la santé, elle n’a pas envie que ça arrive dans les mains de tout le monde, notamment quand on sait que 20% des athlètes de combat ont des troubles alimentaires !

Elle ne transmet ces informations là que dans ses formations : ses clients ont non seulement une conscience professionnelle qui leur permet de ne rien divulguer, mais aussi le fait qu’ils aient payé leur donne envie de moins partager.

Cécile aborde-t-elle la nutrition de manière holistique ?

Cécile ne traite qu’avec des sujets sains, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas malades (pas de diabète, etc). Elle souhaite rester intègre : avant d’être des athlètes, ils sont humains avant tout.

Elle pose donc des questions sur divers sujets : les cycles circadiens, le travail, la qualité du sommeil, avant d’aborder la nutrition, car il y a des bases à maîtriser avant de se concentrer sur l’alimentation.

Elle explique aussi le fonctionnement du corps pour autonomiser ses clients en leur faisant comprendre les impacts biologiques et hormonaux de leurs comportements sur leurs performances.

Est-ce que Cécile a une approche qui suit les cycles des athlètes féminines ?

Chaque cycle est différent donc Cécile s’adapte à chaque personne : certaines vont avoir un cycle plus douloureux, d’autres plus long, d’autres vont avoir un entraînement spécifique…

Il y a un travail à faire en synergie avec le coach et le préparateur physique.

Mais certains concepts sont à prendre en compte:

• 80% des blessures ont lieu juste avant les règles.
• Cette période prémenstruelle mène souvent à une hypersensibilité et à une recherche de comfort food…

Encore une fois, cela dépend des femmes, mais dans tous les cas une approche empathique est à privilégier.

• Aussi, pendant cette période, il y a un pic de forme de quelques heures : c’est intéressant de passer la séance là !

Pour en savoir plus sur le lien entre cycle menstruel et entraînement, Jeanne Puljer nous détaille les quatre phases du cycle féminin et comment aborder la préparation physique selon son cycle.

Pourquoi les règles sont un sujet important dans l’univers du sport ?

Les règles sont un sujet tabou pour les femmes comme pour les hommes. Ce n’est pourtant pas sale, c’est naturel ! Et c’est important à aborder en termes de santé holistique, au même titre que les selles ou l’urine.

Cécile nous partage des questions phares à aborder : comment les athlètes gèrent leurs règles pendant la compétition, si elles prennent un contraceptif, etc.

Elosaurus, une autre mouveuse, nous parle également de l’impact des hormones et des règles sur les femmes athlètes : c’est un critère indispensable à prendre en compte dans son entraînement et sa préparation physique !

Pourquoi une athlète féminine a-t-elle plus de difficultés à perdre du poids qu’un athlète masculin ?

Une femme d’un point de vue métabolique a plus de masse grasse que les hommes, car elles lui servent pour porter les bébés !

Elle a donc plus de difficulté à perdre de poids qu’un homme : perdre 1kg pour une femme demande autant d’efforts que de perdre 2kg pour un homme !

S’ajoute aussi le risque de perdre trop de masse grasse qui peut provoquer des aménorrhées, soit la perte des règles.

Les femmes sont très rigoureuses avec la perte de poids, mais leurs cycles peuvent se mettre en travers de leurs chemins : pour peu qu’elles tentent d’en perdre la même semaine que leurs règles, cela risque de ne pas fonctionner à cause de la rétention d’eau !

Will Janssens nous explique longuement la manière de maintenir un bon équilibre hormonal en parallèle avec sa pratique physique quand on est une femme, mais aussi les propriétés des oestrogènes et de la progestérone d’un point de vue physiologique pour permettre de comprendre leur impact !

L’importance de communiquer ouvertement pour mieux comprendre nos fonctionnements biologiques respectifs

Nous avons besoin de communiquer pour une collaboration harmonieuse. Dans le cas des règles, beaucoup l’associent de manière condescendante avec le côté hystérique des femmes : et pourtant, c’est juste naturel !

Communiquer permet aussi, pendant l’entraînement, de mieux comprendre nos besoins : si on s’habitue à ralentir l’entraînement pendant les règles, que se passe-t-il si un combat tombe pendant cette période ? Faut-il s’habituer à s’entraîner dur pendant les règles pour que ce soit plus facile en combat ?

Pour Cécile, la clé est l’écoute et l’empathie car ces décisions sont propres à chacun.

Que pense Cécile des tendances des diètes aujourd’hui (primal, carnivore, jeûne… etc) ?

Pour Cécile, on complexifie inutilement la nutrition.

Un enfant avant trois ans est très intuitif par rapport à son alimentation. Avant d’être conditionné, il pleure quand il a faim et arrête de manger quand il n’a plus faim.

Nous avons besoin de nous reconnecter avec nos sensations et de nous réapproprier cette intuition et la sensation de vraie faim !

L’homme est de base omnivore car il est capable de manger de tout, notamment en termes de nourriture la moins transformée possible.

A la base de son alimentation se retrouvent trois macronutriments que Cécile associent avec des éléments automobiles :

• les protéines : c’est la carrosserie de la voiture, le dur, le solide
• les glucides : c’est l’essence prioritaire
• les lipides : c’est l’essence secondaire, qui entretient les bons rouages

Dans la diète keto, on perturbe les voies métaboliques car on passe les lipides en voie prioritaire.

Par ailleurs, quand on fait des régimes trop drastiques, on va “phagocyter sa propre carrosserie”, ce qui entraîne une perte de masse musculaire.

Cécile mentionne le jeûne intermittent, qu’elle juge naturel : pourquoi mettre des protocoles sur des démarches intuitives ? C’est quand même une démarche utile dans la nutrition sportive car le timing d’ingestion a de l’intérêt selon son temps et type d’entraînements (sparring, technique, etc)

Pourquoi la diète keto n’est pas adaptée pour les sports de combat selon Cécile ?

La diète keto est intéressante pour les sports fonciers car elle change le métabolisme : le sprinteur peut puiser dans ses réserves adipeuses et le marathonien tient sur la longueur, il n’y a aucune explosivité dans sa pratique.

Ce n’est pas le cas d’un combattant MMA qui fait maximum 5×5 minutes. Son effort n’est jamais long : il a besoin d’énergie et d’explosivité, mais aussi d’avoir un cerveau lucide et stratégique lorsqu’il est en mode combat. Et pour cela, le cerveau a besoin que ses réserves de glucose soient au maximum !

Retour de Slim sur ses expériences alimentaires

Je parle de mon habitude de me choisir un type d’alimentation par rapport au type de sport que je pratique et reviens sur mon exploration du régime carnivore pendant ma période d’entraînements de force.

Quand Cécile me demande l’impact que ces changements ont eu sur mon système digestif, je lui réponds qu’ils m’ont au moins appris à lire les signaux de son corps et de découvrir qu’une diète adaptée à ma génétique était plus intéressante pour moi !

Pourquoi suivre une diète adaptée à sa génétique ?

Cécile nous mentionne le cas d’athlètes guadeloupéens et martiniquais qu’elle a suivis qui se sont révélés beaucoup plus performants avec une alimentation à dominante de légumes racines, comme ils en avaient l’habitude plutôt que du régime alimentaire à base de blé.

Aussi, d’un point de vue anthropologique, les morphotypes sont différents selon les populations et les cultures.

Par exemple, la masse grasse est plus importante chez les maghrébins par rapport aux africains subsahariens, notamment par leur régime alimentaire.

Car il faut se rappeler que la génétique a moins de poids que l’épigénétique dans notre évolution, soit nos habitudes de vie et celles de nos parents !

Si tu veux en savoir plus, David Tan nous parle en détail de l’impact majeur de l’épigénétique sur notre longévité et notre forme en général.

Quant à David Siegl, il utilise également l’approche anthropologique comme moyen de déterminer la meilleure manière de s’alimenter.

Mais en termes d’alimentation, l’hyperpersonnalisation de nos régimes alimentaires est nécessaire : on peut essayer de suivre le régime alimentaire de nos ancêtres, mais cela ne signifie pas qu’il nous conviendra à 100% !